Le procès de l'ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, s'est poursuivi, hier, par les auditions des accusés. Interrogée à propos de l'attribution de marchés selon le mode du «gré à gré», des marchés inscrits dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture Islamique 2011», Khalida Toumi précise: «J'ai demandé par le biais d'une correspondance adressée le 23 juillet 2011 au Premier ministre (Ahmed Ouyahia), en sa qualité de président de la Commission nationale de haut niveau, une dérogation pour commencer les travaux, suite aux difficultés et blocages dus aux autorités locales(le wali de Tlemcen à cette époque qui n'etait autre que Abdelwahab Nouri). «À moins de trois mois de l'ouverture de la manifestation, on n'avait pas encore commencé en raison de problèmes d'ordre bureaucratique et le conflits avec les autorités locales»,a-t-elle rappelé. Concernant le retard accusé avant l'entame des travaux, elle a émis une hypothèse sur «l'absence de coordination entre l'Etat et ses démembrements au niveau local». Certains projets ont été attribués sur la base du grè à gré à des Eurl sans qu'il y'ait un cahier des charges, d'autres ont été signés après la clôture de la manifestation, quand d'autres ont été accordés sans le visa du contrôleur financier ni l'aval de la commission des marchés publics. Pour un nombre de marchés, la ministre a signé des «passer outre» des blocages du wali pour signer des ODS ou le début d'exécution des travaux. Le juge est revenu à la charge à plusieurs reprises, en interrogeant l'ex-ministre sur les ordres de service(ODS) de l'exécution des marchés qu'elles avait signés après la clôture de la manifestation. À ce propos, elle a d'abord indiqué avoir émis «une instruction» ordonnant de donner la priorité concernant l'octroi des projet de construction du «Centre d'études andalouses» et du centre culturel aux opérateurs de la wilaya de Tlemcen, sinon à ceux des neuf wilayas limitrophes, ou bien à ceux d'extrême est du pays, mais jamais à ceux de la wilaya de Tizi Ouzou, d'où je suis originaire...». Au sujet du marché d'un montant de 13 milliards de centimes attribué à l'entreprise «SNC filali et Cie artisanats et art», elle a indiqué qu' «elle ne savait pas qui a choisi cette entreprise». Le juge lui rappelle que le caractère ou le prétexte d' «urgence» ne tient pas dans ce cas de figure pour la simple raison qu'il ait été octroyé en 2013, soit après la clôture de ladite manifestation. Khalida Toumi répond que «toutes ses décisions ont été signées sur la base de l'article 43 alinéa 6 du Code des marchés publics, qui ne parle pas seulement de procédures en cas d'urgence impérieuse, mais concerne aussi des projets d'importance nationale». Une autre décision d'attribution de marché a été signée le 28 juin 2013 en faveur de l'entreprise de Chelali Djame. À ce sujet, Benblidi affirme avoir reçu des instructions de la part de la ministre qui était également présidente du comité exécutif. Ce marché a été octroyé, sans le visa du contrôleur financier ni l'aval de la commission des marchés publics. Khalida Toumi soutient a ce propos, qu' étant ministre, elle avait pour mission d'exécuter les procédures de réalisation du Centre d'études andalouses composé de plusieurs parties, dont une partie hébergement. Elle a nié avoir donné des instructions pour sélectionner telle ou telle autre entreprise. «En ma qualité d'ordonnateur financier, je signais des ordres de service suivant les instructions de la ministre de la Culture», affirme encore Benblidi, appuyant «le choix de l'opérateur ne s'est jamais fait sans l'accord de la ministre». En réponse à cette accusation, Khalida Toumi dira: «Non c'est totalement faux. En réalité, quand on désigne un commissaire aux comptes (Benblidi), on lui délègue des pouvoirs pas des signatures».