L'ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, croupit en prison depuis novembre 2019, sans voir, pour autant, son procès programmé. Accusée de "dilapidation volontaire de deniers publics", "attribution volontaire d'avantages injustifiés dans des marchés publics", "abus de fonction en accomplissant un acte en violation de la loi et des règlements", Khalida Toumi est poursuivie dans le cadre de trois manifestations culturelles organisées, alors qu'elle était ministre du secteur, à savoir "Alger, capitale de la culture arabe en 2007", "le Festival panafricain de 2009" et enfin, la manifestation "Tlemcen, capitale de la culture islamique de 2011". Pour ses avocats, les accusations portées contre Mme Toumi "ne constituent en rien des crimes", mais "des délits" pour lesquels, argumentent-ils, "la détention provisoire ne doit en aucun cas dépasser les 8 mois". Me Boudjemâa Ghechir, avocat de l'accusée, a informé que Mme Toumi "n'a jamais été auditionnée dans le fond concernant cette affaire". "Elle a été entendue une seule fois par un magistrat instructeur la nuit de sa mise en détention provisoire, mais depuis, rien", a ajouté Me Ghechir, considérant, en outre, que "le parquet général doit, comme le pôle financier du tribunal Sidi M'hamed, se pencher sur le dossier", puisque, a-t-il précisé, "les rapports d'expertise ont été déposés auprès du magistrat instructeur depuis des mois". L'avocat regrette, par ailleurs, que "Mme Toumi n'ait été notifiée que concernant la manifestation Alger, capitale de la culture arabe". Les autres rapports n'ont pas encore été notifiés à la concernée. Interrogé sur le fond de l'accusation portée contre l'ancienne ministre de la Culture, Me Ghechir se dit "étonné" et en même temps "outré" par les agissements de la justice. "On exige des magistrats et de la justice de faire la différence entre un ministre ordonnateur au niveau d'un département ministériel et la gestion d'un événement." Plus précis, l'avocat a ajouté que "les événements pour lesquels Khalida Toumi est poursuivie ont été gérés par des commissaires de festivals". "Le ministre n'est qu'un membre, avec d'autres départements, au sein d'un comité national", a encore souligné l'avocat, indiquant que le ministre, dans ce cas précis, "est chargé de désigner un commissaire du festival", ce dernier "est l'ordonnateur" ou, autrement dit, "le principal gestionnaire de l'événement". À rappeler que dans une lettre ouverte au président de la République datée du mois d'octobre dernier, les avocats de Khalida Toumi ont expliqué que "le cadre fonctionnel dans lequel se sont déroulés les faits incriminés et les prérogatives du ministre, le dossier est vide de toute accusation touchant aux détournements, à la corruption, à l'enrichissement illicite, à l'octroi d'avantages au profit de parents ou de proches. Les faits reprochés concernent la gestion d'événements ayant un aspect spécifique, se déroulant sous l'égide et le parrainage du président de la République et relevant d'une méthode particulière de gestion et de gouvernance". La défense de Mme Toumi a ajouté qu'il faut aussi avoir à l'esprit que les irrégularités ont été enregistrées au niveau des institutions chargées de l'exécution des activités, ces institutions étaient, certes, en relation avec le ministère de la Culture. Elles étaient, néanmoins, indépendantes et avaient leurs propres structures de contrôle. C'est d'ailleurs ce qui est précisé dans leurs statuts et règlements.