Dans sa déclaration à l'issue de l'audience accordée par le président Tebboune, le ministre tunisien des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l'étranger, Othman Jerandi, a salué jeudi la «tradition de concertation» entre les chefs d'Etat des deux pays frères, mettant l'accent sur une communication «directe et constante concernant les causes centrales» entre les deux parties. S'agissant de la coopération bilatérale, Jerandi a abordé la tenue prochainement de la Grande commission mixte, un évènement de nature à «conforter les relations fraternelles, de coopération et de complémentarité entre les deux pays». C'est ainsi qu'il a assuré avoir transmis au président Tebboune «les lectures du président Kaïs Saïed des différents développements survenus, y compris les grandes mutations et crises et leur impact sur notre réalité», d'où «la nécessité de s'entraider face à ces défis, en toute confiance». «Il est tout à fait clair qu'aucun pays ne saurait, tout seul, faire face à ces multiples problèmes, d'où l'importance de la concertation et de l'unification des positions, ce qui pourrait nous immuniser davantage afin d'aller de l'avant vers un avenir meilleur pour notre peuple et notre région», a encore observé le MAE tunisien qui a été reçu en présence de son homologue Ramtane Lamamra et du directeur de cabinet à la présidence de la République, Abdelaziz Khellaf. Annoncée par le président Kaïs Saïed, mercredi dernier, la dissolution de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) ne constitue pas une surprise. Quelques jours plus tôt, il avait critiqué la tentative d'organiser une réunion virtuelle pour contester les mesures du 25 juillet 2021 par lesquelles avait été gelé le Parlement et dissous le gouvernement Mechichi. Comme le parti de Rached Ghannouchi et ses alliés persistaient dans leur opposition au programme du président, celui-ci n'avait d'autre choix que l'annonce de la dissolution d'une ARP suspendue depuis des mois. Mais le chef de l'Etat ne s'est pas arrêté à cette seule décision. Le président du Parlement dissous Rached Ghannouchi a été convoqué par la justice pour «complot contre la sûreté de l'Etat», en raison d'une réunion virtuelle de l'ARP au cours de laquelle 116 députés ont voté l'annulation des mesures prises par le président Saïed, mesures qui bloquent, selon eux, le processus démocratique et instaurent un pouvoir autoritaire dans le pays. Ces députés, majoritairement des élus d'Ennahdha et des indépendants, ont appelé également à la tenue d'élections législatives et présidentielle anticipées. Saïed a réagi en qualifiant cette réunion de «tentative de coup d'Etat, qui a échoué». Après l'ouverture d'une enquête judiciaire, jeudi dernier, contre les élus qui y ont participé, plus de 30 députés ont été convoqués par la brigade antiterroriste. Selon Ghannouchi, «la décision est nulle et non avenue et elle est contraire à la Constitution. Elle s'inscrit dans la continuité des décisions prises depuis le 25 juillet que nous avons rejetées et considérées comme un coup d'Etat», a-t-il ajouté. Par ailleurs, les résultats de la consultation en ligne lancée par le président Saïed, entre le 15 janvier et le 20 mars 2022, lui ont été présentés, jeudi. Ils vont permettre d'élaborer les réformes politiques qui seront soumises, en juillet prochain, à un référendum sur une nouvelle Constitution, avant des élections législatives prévues en décembre. Traduit en clair, le plébiscite de l'instauration d'un régime présidentiel est acquis. 86,4% des personnes consultées ont approuvé ce type de régime que le président Saïed souhaite pour en finir avec les dysfonctionnements constatés et elles ont statué sur les aspects politiques, économiques, les problèmes sociaux, la transition numérique, la santé, la qualité de la vie, l'éducation et la culture.