«Minorés» dans le Cfcm, les musulmans algériens se cherchent une issue de secours. Le 24 juin prochain se tiendront à Paris les assises nationales de la fédération de l'institut musulman de la Grande Mosquée de Paris. Plus de 400 délégués, des personnalités françaises et le ministre des Affaires religieuses bouabdellah Ghlamallah devront prendre part à cette manifestation, dont l'objectif est de donner une envergure nationale à la fédération. Celle-ci est actuellement membre du Conseil français du culte musulman (Cfcm) au même titre que d'autres organisations telles que la fédération des associations des musulmans turcs, de la fédération Tabligh al dawa il Allah et surtout de l'Union des organisations islamiques de France (Uoif) suspectée de radicalisme. Le Cfcm regroupe également les conseils régionaux qui eux représentent les associations gestionnaires des lieux de culte. La place de la Mosquée de Paris s'est ainsi retrouvée, selon Zekri Abdellah ; «minorée» dans le Cfcm et n'arrive pas toujours à faire valoir sa vision des choses en termes de culte musulman en France et de gestion des lieux de culte. M.Zekri, qui est aussi président du conseil régional Sud-Ouest, affirme que «l'officialisation de la fédération à l'issue des assises renforcera sa présence sur le terrain et permettra aux Algériens de promouvoir l'Islam de paix, de tolérance et de dialogue avec les autres cultes. L'Islam de nos pères et de nos grands-parents en somme». Il semble que les Algériens se sentent non seulement à l'étroit au Cfcm mais aussi en décalage par rapport au discours qui y est tenu. M.Zekri, ne cache pas d'ailleurs ses réserves et nous déclare: «nous souhaitons remettre à plat les statuts du Cfcm pour que l'Algérie et la Grande Mosquée de Paris reprennent leur place». Depuis quelques jours en effet, le recteur de la mosquée, Dalil Boubekeur, tient réunion après réunion avec les présidents de région afin de préparer le rendez-vous du 24 juin. Pourquoi une fédération nationale? A cette question M.Zekri répond sans hésitation «parce que l'on veut nous imposer un Islam de France comme si notre religion différait selon le pays où l'on vit. On veut nous faire croire que notre Islam n'est pas tolérant, qu'il est porteur d'extrémisme et donc de violence. Malheureusement certains musulmans acceptent cette attitude des autorités françaises et abondent dans leur sens». Outre ce rejet de la notion d'Islam de France et de la mainmise de certaines associations sur la gestion du culte musulman dans l'Hexagone, la création d'une fédération nationale permettra aux Algériens de retrouver un espace laissé vacant depuis la disparition de l'Amicale des Algériens en France. Notre objectif, ajoute M.Zekri, est de nous impliquer davantage dans la mobilisation des jeunes, la préparation et la gestion du pèlerinage sur les Lieux saints et de suivre les questions liées à la commercialisation de la viande hallal. La Grande Mosquée de Paris veut en définitive retrouver son rayonnement d'antan dans la communauté algérienne et auprès de tous les musulmans de France en attendant les élections du Cfcm prévues en 2008.