Les partis politiques ainsi qu'une large partie de la population ne sont pas d'accord avec la thèse des archs. La problématique de l'insécurité en Kabylie s'insère de nouveau dans le contexte de l'actualité nationale, et ce, à la faveur de l'initiative «portes ouvertes sur la gendarmerie» qu'organise ce corps de sécurité au courant de cette semaine, à travers tout le pays. A Tizi-Ouzou, cette manifestation qui a élu domicile au Centre de formation professionnelle de Draâ El-Mizan a connu son coup de starter sous les auspices du wali, accompagné de tous les membres de l'exécutif. Il est vrai que l'objectif recherché par la gendarmerie, à travers la tenue des journées portes ouvertes, n'est autre que celui de se rapprocher davantage du citoyen, via une stratégie privilégiant le travail de proximité. Néanmoins, il semble que cette explication est reléguée au bas de l'échelle dans l'esprit de la population kabyle qui, dans son appréhension de l'évènement entrevoit des signes avant-coureurs d'un redéploiement du corps de la gendarmerie dans la région. En effet, la présence, voire la participation des autorités locales à l'inauguration de cet événement en Kabylie, n'est pas passée inaperçue, du côté de la population comme de celui des leaders du mouvement citoyen. De nouveau le débat sur le retour des gendarmes en Kabylie est relancé. Cette région est, donc, vouée aux gémonies depuis les évènements douloureux qu'elle a eu à subir au courant du printemps 2001 et qui se sont traduits par le retrait des éléments placés sous le commandement d'Ahmed Boustila, chef d'état-major de la Gendarmerie nationale. La sécurité en Kabylie fait défaut, et plusieurs voix émanant de la base citoyenne ne cessent de dénoncer cet état de fait aux allures d'un phénomène de plus en plus inquiétant. «La sécurité est une revendication citoyenne», notera sans ambages le wali de Tizi-Ouzou lors d'une rencontre qu'il a tenue avec les représentants de la presse locale. La seule alternative? Néanmoins, à l'instar des autres régions du pays qui sont, elles aussi, livrées aux méfaits de l'insécurité et à toute forme de banditisme, il se trouve que, pour ce qui est de la Kabylie, satisfaire une telle revendication, relevant du reste des prérogatives de l'Etat, est loin d'être une sinécure. De ce fait, les réclamations des citoyens vont-elles massivement dans le sens du redéploiement de la gendarmerie dans la région. Une solution vraisemblablement prise en considération par les pouvoirs publics comme étant la seule alternative à même de rétablir la sécurité dans la région. Cela malgré l'engagement de l'Etat de satisfaire tous les points contenus dans la plate-forme d'El-Kseur, le départ des gendarmes figure en bonne place. La petite phrase du wali pourrait renseigner sur une volonté des autorités centrales de garantir la sécurité quitte à enfreindre la parole donnée aux archs, comme elle signifierait une fin de non-recevoir à la revendication du mouvement citoyen. D'ailleurs, soutiennent les spécialistes, il est très difficile de remplacer des milliers d'hommes, quand bien même, la volonté de l'Etat est sincère quant au retrait des gendarmes. En tout état de cause, cette question constitue une véritable pomme de discorde entre les délégués des archs et les représentants de l'Etat et sur laquelle les deux parties ne sont guère disposées à céder un iota par rapport à leurs positions respectives, pour des considérations autant politiques que simplement objectives. «La justice d'abord» Le mouvement des archs est en effet «intransigeant» dans sa manière d'afficher son refus quant à un éventuel retour des gendarmes en Kabylie. Belaïd Abrika, porte-parole de ce mouvement notera en guise de réponse à l'affirmation du wali de Tizi Ouzou que «si la sécurité est une revendication citoyenne, le départ des gendarmes l'est aussi». Le corps de la Gendarmerie nationale est impliquée, de l'avis de Abrika, «dans les assassinats de plusieurs jeunes en Kabylie» dans les émeutes que cette région a vécus en 2001. Il n'est donc pas question, appuie le porte-parole des archs, de voir ce service de sécurité se redéployer de nouveau en Kabylie sans qu'il soit procédé au préalable à la «traduction des assassins devant la justice», a-t-il dit en précisant que c'est l'une des attentes exprimées par les citoyens et qui est, poursuit-il, l'une des conditions tributaires de l'assainissement de la situation en Kabylie. En revanche, de nombreux observateurs notent le souhait des citoyens quant à une amélioration «palpable» des conditions de sécurité en Kabylie, et cela sans tenir compte de la corporation qui se chargera de cette mission au demeurant, élémentaire. En effet, la région de Kabylie est en proie à une dégradation effrénée notamment, sur le plan sécuritaire. La population semble ne plus supporter une situation où des enlèvements, des faux barrages et des rackets se font au grand jour. Néanmoins, ce décor chaotique ne semble point infléchir les archs par rapport au retour des gendarmes dans la région. Bien au contraire, dans un communiqué rendu public la semaine écoulée, le mouvement citoyen dénonce «les voix serviles et maléfiques qui ne cessent, sur fond de grenouillage ambiant, d'appeler au retour de la gendarmerie en Kabylie et réitère encore une fois le mot d'ordre de mise en quarantaine de ce corps jusqu'à son départ définitif».