Au Mali, le divorce entre les forces d'intervention française et Bamako est consommé. Mardi dernier, l'armée française a officiellement remis aux forces armées maliennes (FAMa) les clés de la base de Gossi, dans le nord du pays, un moment-clé dans le processus de retrait de la force Barkhane tel qu'annoncé par le président Emmanuel Macron et réclamé par les autorités maliennes de transition voici quelques mois. «Le transfert de la base avancée de Gossi est effectif depuis la fin de matinée», a ainsi confirmé le porte-parole de l'état-major français dans la région stratégique du Sahel, tout en précisant que cette base comptait 300 soldats. Après un déménagement qui a requis quelque 400 containers, il est souligné que la base «a été restituée en l'état avec tous les dispositifs défensifs, tous les équipements (...) ainsi que des infrastructures de casernement. On n'a pas fait table rase», a même souligné le porte-parole. Au cours des sept dernières années, la France qui avait déjà initié des forces d'intervention telle que Epervier et Serval, au Sahel, a engagé la plus grosse opération extérieure au cours de laquelle ont été mobilisés quelque 5500 hommes sur le terrain en 2020. Mais devant les critiques de plus en plus nombreuses et de moins en moins voilées sur l'efficacité de cette présence, le président Macron avait anticipé au sommet de Pau la crise en assurant que Barkhane serait réduite à 3000 soldats d'ici 2023. Une décision qui n'aura pas suffi à contenter certains dirigeants de la région sahélienne, notamment ceux qui sont apparus au lendemain de putschs déclenchés à la suite de nombreuses manifestations contre les régimes en place et au cours desquelles les populations dénonçaient une lutte antiterroriste impuissante, voire stérile. C'est à la suite d'un contexte sécuritaire dégradé et d'une crise diplomatique aiguë que les nouveaux dirigeants de transition au Mali, au Burkina et, à un degré moindre, au Tchad ont com mencé à se poser des questions sur l'utilité effective de Barkhane dans la lutte contre le terrorisme, dès lors que celui-ci s'est considérablement aggravé, d'année en année, au point de mettre en péril les Etats de la région minés sur le double plan économique et sécuritaire. Un peu partout, le sentiment anti-français s'est répandu dans toute la région sahélienne, conduisant les autorités de transition à réclamer le respect de leur souveraineté. Après la fermeture des bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou, celle de Gossi confirme que le départ des 4600 soldats français présents au Sahel dont 2500 au Mali est bel et bien acté, en attendant la remise des bases de Ménaka et Gao.