L'Expression: Trente-huit jours après le déclenchement de la grève, la tutelle répond favorablement aux revendications des enseignants du supérieur. Quelles sont vos appréciations? Nacer M'hamed: Quand il y a une partie qui revendique et une partie qui doit répondre, c'est à la partie qui revendique de dire si elle est satisfaite ou non, ce n'est pas au ministre. Jusqu'à maintenant, le ministre de l'Enseignement supérieur ne nous a rien donné. Par contre, il a répondu négativement et explicitement à l'une de nos revendications, à savoir la démocratisation de la gestion de l'université. Il a dit clairement qu'il n'est pas question de faire élire les chefs de départements et les doyens dans la perspective de l'élection du président de l'université comme nous l'avons demandé. Il a exprimé des propositions qui permettent de donner le même statut aux enseignants que celui qu'on donne au simple citoyen. S'agissant de la question inhérente au logement, jusqu'à maintenant nos collègues, quand ils payaient le loyer, ne recevaient pas un reçu, parce qu'ils n'étaient pas en norme. Maintenant, le ministre a rétabli la situation, on paie donc comme tout le monde. C'est ça la réponse de la tutelle. Je vous rappelle que cette demande nous l'avons formulée depuis un peu moins de sept ans. On prend acte. Sinon, sur les autres points, il n'a pas encore répondu. Mais le ministre de tutelle a déclaré publiquement et à maintes fois qu'il y aura la revalorisation des salaires des enseignants du supérieur au courant du mois de juillet prochain... Eh bien, on attend donc le mois de juillet, et à ce moment-là on appréciera. Du moment que les revendications des enseignants seront satisfaites, pourquoi donc persister dans le mouvement de grève? On n'est pas tombé de la dernière pluie. Les engagements de la tutelle ont été faits par le Conseil des ministres mais non par le ministre. Je vous rappelle que ce genre de promesses on nous l'a fait auparavant. Déjà, en 1997, on nous a dit que «au nom de la pérennité de l'Etat, nous allons mettre en place le statut des enseignants à la fin 1997». Nous sommes en 2006, et cette revendication n'est pas encore réalisée. Deuxièmement, le président de la Cour suprême a sanctionné, le 1er mars 1999, un arrêt de la commission nationale d'arbitrage, dans lequel il a demandé au Cnes d'arrêter la grève de 1998 et au ministère de réaliser dans les plus brefs délais le statut des enseignants. Nous sommes en 2006, et on ne voit encore rien de concret. Nous avons eu vent des propos du ministre, on attend donc à ce qu'ils se concrétisent, et, à ce moment-là, on va apprécier et par voie de conséquence, nous prendrons les décisions nécessaires. Peut-on en déduire que le mouvement de grève déclenché depuis le 11 mai dernier ne prendra fin qu'après la concrétisation de vos revendications? Bien sûr. Notre mouvement de grève a des objectifs qui sont exclusivement d'ordre socioprofessionnel. Quand ces revendications seront satisfaites, nous prendrons la décision d'arrêter ou de poursuivre le mouvement de grève. Il n'est pas question que nous arrêtions le mouvement de débrayage tant que les poursuites judiciaires contre nos collègues ne sont pas encore levées. Il en est de même pour ce qui est de la levée des mesures administratives. Mais dans cette histoire, ce sont les étudiants qui sont pénalisés. Avez-vous pensé à eux? Pendant plus de trois mois nous avons discuté avec la tutelle, et ça n'a pas abouti. Je vous signale qu'on n'est pas parti à la grève directement. On a tout d'abord essayé de résoudre nos problèmes par la voie du dialogue, mais cela n'a pas marché. En décembre 2005, on a averti le ministre qu'il y aura une grève à la fin de l'année. Il n'a rien fait et nous avons été obligés d'appliquer nos décisions sur le terrain. Les étudiants ont fait tout leur enseignement, maintenant quant aux examens, ils auront lieu quand la grève prendra fin. Et les étudiants dans leur grande majorité comprennent ce point de vue et partagent nos préoccupations. Donc, la poursuite de la grève ne sera nullement faite au détriment des étudiants. Je le dis et le répète, le gros du travail qui devait être fait à l'égard des étudiants, à savoir l'enseignement, a été fait. Il ne reste que les examens qui ne seront faits qu'après la concrétisation de nos revendications.