Le dernier roman, Ô Maria, de l'écrivain algérien, résidant en France, Anouar Benmalek, suscite des remous dans le paysage médiatique, voire même dans les cercles religieux algériens. En effet, un grand quotidien arabophone de la presse nationale, accuse l'auteur de porter atteinte à l'Islam et à l'image du Prophète des musulmans. Cette campagne médiatique, on ne peut plus dangereuse, orchestrée contre Anouar Benmalek n'est pas sans inspirer les imams de certaines mosquées d'Alger. Ces derniers ne sont pas allés chercher leurs arguments ailleurs, qu'en se référant aux thèses développées par le journal en question. Toutefois, Anouar Benmalek n'est pas resté de glace face à de pareilles accusations qui, plus est, le visent en tant que personne avant de s'attaquer à lui en tant qu'écrivain. Dans un entretien accordé au journal en ligne, Middle-east online, l'auteur se défend avec acharnement tout en regrettant avec amertume que son roman soit «mal compris». «Il y a eu une grande incompréhension. Dans mon roman, je parle de l'époque où la confrontation entre chrétiens et musulmans faisait rage. C'était après la chute de Grenade en 1492. Dans mon roman, j'aborde des événements historiques qui ont réellement eu lieu, qui sont la déportation des musulmans de l'Andalousie, au début du XVIIe siècle», a déclaré Anouar Benmalek. Celui-ci continuera ainsi: «Tout ce qui est dit par les personnages du roman, tout autant que les atteintes aux religions, que ce soit chrétienne ou musulmane, ne reflètent pas l'opinion ni les idées de l'auteur mais l'avis des personnages qu'il faut bien mettre dans leur contexte historique.» Aussi, dans cet entretien, paru avant-hier sur le site de Middle-esat online, l'auteur se demande si l'écrivain est responsable de ce que disent ses personnages. «Dans ce cas de figure, si mon personnage est un criminel, donc on me passera d'office pour un criminel?» Anouar Benmalek a invité l'auteur de l'article à lire son roman, Ô Maria. Il convient de souligner, par ailleurs, que de pareilles attaques contre des écrivains algériens d'expression francophone ne datent pas d'aujourd'hui. L'on se souvient de l'avant-dernier roman de Yasmina Khadra, L'Attentat qui a fait l'objet de critiques acerbes provenant, exclusivement, des journaux arabophones, dont celui qui s'est attaqué à Anouar Benmalek ainsi que le journal londonien Al Hayat. Cela nous oblige-t-il à revenir sur la fissure qui se creuse davantage entre francophones et arabophones? Abstraction faite de ce «phénomène» révolu - car il en est bien un - il est strictement déconseillé d'oser critiquer une oeuvre qu'on n'a jamais lue. Et même au cas où on l'aurait lue, il faut bien considérer que critiquer n'est pas louer, ni blâmer. Comme il est louable de «garder ses émotions pour les choses qui le méritent».