Les cours de l'or noir s'en remettront-ils de leur débâcle? Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien a dévissé de près de 7 dollars pour terminer la semaine qui s'est achevée le 17 juin à 113,12 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juillet a, quant à lui, cédé plus de 8 dollars par rapport à la séance précédente pour finir à 109,56 dollars. Les deux pétroles de référence font donc une marche arrière significative après avoir culminé à leurs niveaux du printemps 2008. Si l'on prend en compte les sautes d'humeur du baril, le contexte géopolitique dans lequel il évolue: le conflit armé russo-ukrainien, notamment qui continue de lui servir de soupape de sécurité, il est tout à fait envisageable qu'il annule ses pertes. En cette fin de semaine, ce sont surtout les craintes de récession et des indicateurs décevants aux Etats-Unis, dans un contexte de resserrement des taux d'intérêt par les banques centrales, qui ont prévalu. Ce qui a conduit les prix du pétrole brut à enregistrer leur première baisse hebdomadaire depuis plus d'un mois. Le rythme de la production industrielle aux Etats-Unis a ralenti en mai, et ce, plus que prévu, indiquaient les données publiées, vendredi dernier, par la Banque centrale américaine (Fed), qui fait aussi apparaître une contraction de la production manufacturière. La Réserve fédérale américaine a augmenté le 15 juin ses taux de 0,75 point pour lutter contre l'inflation américaine qui atteint des niveaux record. Une mesure inédite depuis 1994. «Les banques centrales ont occupé le devant de la scène (...) après avoir annoncé des hausses de taux dans le cadre d'un effort continu pour freiner l'inflation galopante», a fait remarquer Ole S. Hansen, analyste chez Saxobank. De quoi «compromettre la reprise économique mondiale post-Covid», et ainsi miner la demande, a-t-il souligné. Les prix de l'or noir ont été par ailleurs défavorisés par la reprise de la production libyenne. Elle se maintient à environ 700 000 barils par jour malgré les heurts qui bousculent le pays en proie à une longue et grave crise politico-institutionnelle, indique le Financial Times. La production du pays était actuellement amputée de 1,1 million de barils par jour, avait déclaré, le 13 juin le ministre libyen du Pétrole et du Gaz, Mohamed Oun, à l'agence Bloomberg. Deux ports clés dans l'est du pays ont été forcés de fermer par des manifestations alors que de violents affrontements entre groupes armés ont éclaté dans la nuit du 10 au 11 juin dans la capitale libyenne Tripoli, sur fond de crise politique majeure. Les combats, d'une grande intensité, ont opposé deux influentes milices de l'Ouest, faisant un mort parmi les combattants et d'importants dégâts matériels, a indiqué une source du ministère libyen de l'Intérieur. «L'offre est étouffée par la réduction des exportations de pétrole libyen dans un contexte d'agitation politique (...), tandis que le pétrole russe est confronté à des interdictions de grande envergure», a résumé l'analyste Sophie Lund-Yates. Le Sahara Blend, pétrole algérien n'a pas été épargné lui aussi par cette baisse de régime après avoir frôlé les 130 dollars il est retombé à 118,42 dollars selon la cotation du site spécialisé «Oilprice». Un niveau qui représente plus de 73 dollars que celui qui a servi de calcul à la loi de finances du pays, confectionnée sur la base d'un baril à 45 dollars. Ce qui augure d'une situation financière relativement confortable pour l'Algérie. Les recettes engrangées par les exportations du secteur pétro-gazier devraient atteindre 58 milliards de dollars en 2022 (soit 54 milliards d'euros), selon les prévisions du Fonds monétaire international. Ce qui doit lui permettre d'enregistrer un excédent de sa balance commerciale et de renflouer ses réserves de change.