Les prix du pétrole ont clôturé la semaine dernière sur des niveaux qui rappellent ceux de l'année 2008, durant laquelle des records avaient été battus avec un baril de pétrole à plus de 147 dollars. Vendredi dernier, jour de fermeture des marchés, le pétrole brut américain a clôturé à 112,79 dollars le baril à New York, gagnant près de 2,5 dollars par rapport à la clôture de jeudi. A Londres, le brent de la mer du Nord a gagné près de 4 dollars en clôturant à 126,65 dollars le baril. Ces niveaux n'ont pas été atteints depuis les mois d'août et septembre 2008. En plus de la situation en Libye dont les exportations de pétrole sont à l'arrêt pratiquement, le recul du dollar par rapport à l'euro a favorisé la hausse des prix des matières premières dont le pétrole. Le relèvement du taux directeur de la Banque centrale européenne a fait grimper la valeur de l'euro par rapport au dollar à plus de 1,44 dollar pour un euro vendredi. C'est jeudi dernier que la Banque centrale européenne a procédé au relèvement de son taux directeur pour lutter contre l'inflation dans la zone de la monnaie européenne en le portant de 1 à 1,25%. Le pétrole avait franchi la barre des 120 dollars lundi 4 avril en séance à Londres, un niveau qu'il n'avait pas atteint depuis septembre 2008. La situation en Libye a beaucoup influé sur le marché, de même que la situation dans le monde arabe d'une manière générale. Une enquête de Reuters, effectuée la semaine passée, auprès de 32 traders, analystes et gestionnaires de fonds, avait établi que le baril de pétrole pourrait dépasser les 130 dollars d'ici la fin de l'année 2011. Des traders ont même estimé que la barre des 150 dollars pourrait être atteinte. Ces estimations se basent sur la persistance des troubles dans le monde arabe. Au début du mois d'avril et en 5 jours, le baril de pétrole a gagné 8 dollars. Pour l'ancien ministre saoudien du Pétrole, Zaki Yamani, le baril de pétrole pourrait atteindre les 200 à 300 dollars si les troubles gagnent l'Arabie Saoudite. La situation au Nigeria est une autre source d'inquiétude pour le marché. En effet, le report des élections législatives dans certaines régions du pays a fait rappeler pour l'histoire que des troubles pouvaient éclater dans certaines zones et entraîner aussi une perturbation de la production de pétrole du Nigeria. La production de pétrole du Nigeria est supérieure à celle de la Libye, 2,4 millions de barils par jour contre 1,6 million de barils par jour. De plus, la qualité du pétrole nigérian est aussi bonne que celle du pétrole libyen. Le manque de la production libyenne ajouté à une baisse de la production du Nigeria pourrait entraîner le pétrole vers de nouveaux sommets identiques à ceux de 2008, où il avait dépassé les 147 dollars le baril. Il sera très difficile de compenser ce manque, car la qualité du pétrole nigérian est assez rare. Pour l'instant, l'Organisation des pays exportateurs a exclu une réunion extraordinaire en estimant que la hausse des prix est due à des facteurs géopolitiques et que le marché est bien approvisionné.