La directive, donnée il y a quelque temps pour replacer le FLN sur la ligne de front des grands chelems électoraux, aura été celle qui consiste à multiplier les kasmate et, par voie de conséquence, le nombre de militants destinés à y activer. Depuis, c'est le branle-bas de combat. Grisés par les opportunités à exploiter avant les échéances électorales de cette année 2002, cadres et militants se sont évertués à faire vibrer la corde sensible de citoyens qui n'ont retenu du FLN que la valeur intrinsèque qu'il a héritée de son glorieux passé de lutte pour la libération du pays. Nombre de jeunes sont d'ailleurs d'accord pour que l'évocation se limite à ce seul aspect des choses. Pour quelle raison? Tout simplement parce que tout le monde ou presque, reconnaît aujourd'hui que le FLN de juin 1965, s'il a été réactivé au niveau du Conseil de la Révolution dont la composante humaine était pratiquement entièrement militaire, c'était dans le seul et unique but de faire accroire qu'entre l'ANP et le FLN aucune mésentente n'était possible. En réalité, le FLN ne jouait là que le rôle de faire-valoir, attendu qu'il n'a jamais eu, à l'exception du budget de fonctionnement que lui délivrait le Trésor public, de secteur socio-économique à gérer. Même l'appellation de «parti unique» ou de «parti d'avant-garde» qu'on lui avait collé à la peau ne pouvait se justifier que lorsqu'il lui revenait de mobiliser la population pour acclamer tel ou tel chef d'Etat en visite en Algérie. Pour dire vrai, le parti du FLN avait été vidé de sa substance révolutionnaire lorsque le régime né du 19 juin entreprit, sans état d'âme, de gouverner le pays sans tenir compte, comme le prescrit la démocratie la moins performante, de la voix des «masses populaires» par le biais du vote ou du référendum. Sous les ponts, entre-temps, beaucoup d'eau a coulé. Qu'en est-il aujourd'hui du FLN? Dans la course au repeuplement de l'Assemblée par des représentants issus du prochain suffrage universel, le parti, nous l'avons dit plus haut, est prêt à s'attaquer aux grands défis nationaux, mais, cette fois, en s'éloignant radicalement des sentiers battus. Certains jeunes nouvellement structurés expliquent le nouveau phénomène FLN, en se basant sur deux ou trois critères faciles à retenir et où la franchise et la sérénité joueraient un rôle de premier plan. Ce qu'il faut savoir, c'est que l'idéologie du FLN propre aux premières années de l'indépendance n'est plus en vigueur à l'exception du rôle récurrent qu'elle joue chez les caciques qui, parfois, en badernes apparemment bien conservées, continuent d'entretenir une ambiance tout à fait irréelle. Même en pleine lumière, le FLN nouvelle facture ne s'inscrit pas dans une ligne de combat révolutionnaire dont les militants ignoreraient les tenants et les aboutissants, mais sur un autre terrain: celui du pluralisme politique, une sorte d'olympisme où chaque formation joue pour elle seule. Mais alors pourquoi les jeunes, les cadres et les femmes, reviennent en masse pour repeupler les rangs d'un parti - le FLN - qu'on avait cru perdu pour toujours à la suite de la vague de ras-le-bol à laquelle le 5 Octobre 1988 avait donné lieu. Sans comprendre les raisons qui poussent encore certaines personnes à parler de «faillite» en fustigeant le FLN, il n'en demeure pas moins que les nouveaux militants dont le nombre grossit à vue d'oeil chaque jour depuis trois mois environ, ne tiennent compte que d'une seule chose: servir son pays en revenant aux principes qui ont guidé le FLN dans sa mobilisation des Algériens pendant la Guerre de Libération. Alors que les autres partis, religieux ou pas, n'évoquent pratiquement jamais la question... Une douzaine de wilayas du centre, de l'Est et de l'Ouest ont fait le plein ces derniers temps de nouveaux militants...