Depuis son départ de la chefferie du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du parti, est en mauvaise passe. La situation prévalant actuellement au Front est plus que problématique. Rien ne fonctionne en effet normalement au sein de cette formation majoritaire (gouvernement, Parlement et dans les Assemblées locales élues) depuis le départ de son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem de la tête du gouvernement. Pas d'activités en perspective, la session de l'instance exécutive (121 membres), tout comme celle du conseil national (525 membres) et du congrès extraordinaire ne figurent nullement à l'ordre du jour de l'agenda du parti. Ces rendez-vous organiques extrêmement importants pour le parti en ce sens qu'ils constituent des moments d'explication et de concertation privilégiés pour les militants à tous les niveaux de la responsabilité ne sont en effet nullement situés dans le temps. Un seul rendez-vous est clairement annoncé pour le moment : il s'agit de l'université d'été du parti prévue le 21 août prochain dans la wilaya de Blida. “Les gens sont dégoûtés, démobilisés, manquent d'entrain et ne savent pas où se dirigent les choses au sein du parti”, nous explique-t-on. M. Belkhadem, qui devait en effet se consacrer au FLN et à ses affaires internes depuis son départ de la tête du gouvernement, ne satisfait nullement à cet objectif. “Il décide seul, il fait semblant de se réunir avec les gens mais rien de concret ne sort de ses initiatives”, nous explique-t-on à ce sujet. C'est d'ailleurs l'impression avec laquelle sont sortis les animateurs de la fronde au sein du parti qui ont eu à le rencontrer dimanche dernier. “Nous avons rencontré le secrétaire général du FLN, mais sans pour autant sortir avec quelque chose de concret”, note un responsable de la cellule de crise du FLN ayant pris part à la rencontre en question. “Il nous a reçus et nous a promis de nous revoir mais sans qu'on sente qu'il y ait eu un semblant d'intérêt à notre égard”, explique notre source. D'ailleurs, une fois que les participants à la rencontre avec Belkhadem ont fait leur compte rendu à leurs pairs lors d'une rencontre tenue avant-hier à Mostaganem, il a été décidé de ne pas prendre pour argent comptant “les promesses du SG du FLN”. “Un engagement verbal et des promesses non suivies par des actes n'ont pas la force de nous convaincre. Si M. Belkhadem veut réellement nous prouver sa bonne foi, il faut qu'il nous le prouve à travers les actes en prenant des décisions par exemple en remettant en cause les nominations des mouhafadhs qui n'ont pas la popularité nécessaire et en revenant au renouvellement des kasmate telles que élues par la base militante en 2005”, notre le responsable de la cellule de crise du parti avant de préciser qu'“il y a eu de véritables élections des kasmate en 2005 de la base militante, c'est pour cela que nous voulons revenir à cette élection et aux responsables des kasmate qui avaient émergé à cette époque”. Quoi qu'il en soit, la contestation au sein du FLN est bel et bien reconnue par la direction du parti à commencer par son secrétaire général qui a eu cette rencontre de “concertation et d'explication” avec la dissidence. Au-delà de la contestation, le secrétaire général du parti, qui concentre le pouvoir entre ses mains et qui détient l'essentiel des leviers de la décision au sein de sa formation, a la possibilité d'intervenir sur l'ensemble des situations qui mettent à mal le bon fonctionnement du FLN. D'abord en accordant de l'importance aux membres du secrétariat du comité exécutif (groupe des sept) fatigués d'être convoqués in extremis pour des réunions qui ne débouchent pas sur grand-chose. Ensuite, en impliquant les militants du parti à tous les niveaux de responsabilité structurelle dans la gestion des problèmes en se départissant définitivement de la dichotomie opérée au sein du parti au lendemain de l'élection présidentielle d'avril 2004 (redresseurs-légalistes). Et enfin, en considérant que la contestation pourrait être à l'origine du dénouement de certaines situations de crise et de mécontentement. M. Belkhadem, en étant le premier responsable du parti, a toute latitude et le pouvoir d'intervenir sur les choses. La suite des évènements dépend de sa manière de gérer les choses. À suivre. NADIA MELLAL