Le cousin du roi du Maroc Mohammed VI, le prince Moulay Hicham, a affirmé qu'il milite «pour une refondation de la monarchie sur des bases démocratiques et populaires rénovées». Dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur Driss Jettou le 7 janvier dernier, celui qu'on qualifie de «prince rouge» a dénoncé des «tracasseries policières» qui ont ciblé sa propre personne et les membres de sa famille. Moulay Hicham, deuxième dans l'ordre de succession de la monarchie, s'est défendu d'avoir entretenu des relations «secrètes et assidues avec des officiers supérieurs de l'armée». Dans la missive qu'ont publié Le journal hebdomadaire et Demain Magazine, le prince a invoqué outre les Forces armées royales (FAR), le patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST) qu'il accuse d'une «grossière manipulation». Selon les termes de la lettre, le premier responsable de la DST a tenté d'impliquer le cousin du roi dans une «opération de déstabilisation de l'Etat». Il s'est insurgé aussi contre la tentative de le compromettre dans une affaire de fausse alerte à l'anthrax dont s'est rendu coupable le service de la surveillance du territoire. En voulant jeter une bouteille à la mer, le prince a évoqué les forces occultes et autres réseaux qui risquent d'occuper certains appareils de l'Etat. En s'adressant par allusion au roi, «le prince rouge» prévoit une situation du chaos dans laquelle «les pouvoirs seront livrés à eux-mêmes et pratiquement incontrôlables». Ce sont justement ces mêmes forces qui en veulent au prince pour ses prises de position réformatrices. C'est que depuis des années, écrit-il «je n'ai eu cesse de souligner la gravité de la crise politique, sociale et culturelle que traverse le royaume». Réitérant ses positions de toujours, Moulay Hicham a écrit dans le même courrier: «Mon action s'inscrit dans la démarche profondément réformatrice (...).» Commentant le contenu de la correspondance, la presse marocaine parue hier a estimé qu'il s'agissait d'une «zizanie». Selon cette source, l'écrit du prince n'est que la démonstration de «l'échec du projet politique de Moulay Hicham». Ce dernier, qui s'est exilé volontairement aux Etats-Unis, a, en effet, fait proposition d'un pacte au sein de la famille royale. Le pacte en question est assimilé par la presse marocaine à «une brèche» à travers laquelle le cousin du roi exercera «une fraction de pouvoir». En revanche, d'autres observateurs marocains ont un autre avis sur la question. «Présenter Moulay Hicham comme un prétendant au trône assoiffé de pouvoir, c'est jeter de l'huile sur le feu», a écrit Le journal hebdomadaire.