L'Afrique c'est là où bat le coeur de l'Algérie. Paradoxalement, c'est sur cette terre africaine dont elle est une partie essentielle, de par son statut de puissance économique continentale, du rang qu'elle occupe au sein de l'Union africaine, du rôle qu'elle a joué en faveur de la décolonisation du continent, du soutien qu'elle a apporté aux mouvements révolutionnaires, que ses échanges commerciaux sont pratiquement insignifiants. Les échanges entre l'Algérie et les pays africains ne dépasseraient en effet pas les 5% selon des chiffres officiels datant de 2020. Le niveau des échanges commerciaux avec les pays africains était de l'ordre de 3,7% en 2017, avant de passer à 4% en 2018 puis 4,5% en 2019, avait indiqué, en mai 2021 sur les ondes de la Chaine I, le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, Khaled Bouchelagham. Il y a décidément comme quelque chose qui cloche. Une aberration? Un paradoxe? Une anomalie? Pris au pied de la lettre cela y ressemblerait. Un correctif s'impose donc. Car les deux parties auraient tout à gagner en élevant leurs niveaux d'exportations et d'importations. Cela reviendrait certainement moins cher d'acheter et de vendre sur le continent que de payer en devises fortes des produits en provenance de l'étranger, de l'Union européenne notamment, avec laquelle de nombreux pays africains sont liés par des accords d'association largement en leur défaveur de surcroît. C'est le cas de l'Algérie. Entre 2005 et 2015 les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'UE n'ont pas atteint 14 milliards de dollars tandis qu'elle a importé, du continent européen, pour 220 milliards de dollars. L'Algérie, qui ambitionnait de se positionner sur le marché européen, a constaté à ses dépens que hormis son gaz et son pétrole, ses produits hors hydrocarbures n'ont pas pu s'y imposer. C'est incontestablement sur la terre d'Afrique que se jouera son statut de «tigre continental». Il faut savoir que le continent représente un marché de plus d'un milliard de consommateurs et pèse pas moins de 3 000 milliards de dollars. La création de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), entrée en vigueur au début de l'année 2020, représente donc, pour l'Algérie, un potentiel exceptionnel à l'effet de développer et intensifier son commerce avec l'Afrique. La barre des 7 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures à atteindre en 2022 sera, à cet effet, un excellent stimulateur. «Notre objectif est de rechercher de nouveaux marchés pour atteindre l'objectif fixé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, d'atteindre 7 milliards de dollars d'exportations nationales hors hydrocarbures. Notre première préoccupation est le continent africain dans lequel les produits nationaux ont une grande compétitivité et des opportunités prometteuses», avait déclaré, le 10 mai 2022, le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations. Kamel Rezig avait aussi affirmé que les produits algériens entreront «en force» dans les marchés de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) à compter du 1er juillet dernier. L'Algérie est en tous les cas déjà aux avants-postes et contribue concrètement à la mise en oeuvre de moyens de communication qui faciliteront les échanges commerciaux, de désenclaver certains marchés locaux prometteurs à travers la réalisation d'infrastructures routières d'envergure. La plus récente consiste en la réalisation d'une route reliant Tindouf (Algérie) à Zouerate (Mauritanie), sur une longueur de 775 km. Cette route, qui ouvrira des axes routiers internationaux importants, devra permettre aux opérateurs algériens une ouverture économique sur les marchés africains. Sans oublier bien sûr la mythique «Transsaharienne» longue d'environ 4 800 km qui relie Alger à Lagos au Nigeria en traversant six pays, (le Nigeria, le Tchad, le Mali, le Niger, la Tunisie et l'Algérie) avec pour objectif de désenclaver les zones déshéritées et de promouvoir les échanges entre le nord et le sud du Sahara. Et ce n'est pas que par voie terrestre que l'Algérie possède un potentiel avéré pour ouvrir les portes de l'Afrique. Il y a en ce sens le port d'El Hamdania à Cherchell. D'après sa fiche technique d'origine, il figurait parmi les plus importantes infrastructures maritimes de la région méditerranéenne et du continent africain. Un projet phare pour rayonner et densifier les échanges avec l'Afrique.