Dghine benali était un enfant de Tlemcen, de l'Algérie, fils de tous les héros. L'Association des Elèves de l'E.P.S., du Collège De Slane, du Lycée et de la Médersa de Tlemcen, en abrégé ECOLYMET, a récemment publié un recueil des Actes des Journées des 23 et 24 juin 2004 à Tlemcen en hommage au Colonel Lotfi, symbole d'une génération (1934-1960) (*), édité par l'Université Aboubekr Belkaïd de Tlemcen. Cette publication, d'une excellente facture, est évidemment intéressante pour plusieurs raisons. D'abord, l'hommage porte sur une des grandes figures de la jeunesse algérienne dans la lutte de libération nationale ; ensuite, le thème développé contribue à transcender, comme il se doit, le Cinquantenaire du déclenchement de la Guerre d'Algérie tout en célébrant avec une grande solennité la mémoire du héros national Dghine Benali, le Colonel Lotfi, par l'évocation de sa vie en ce soixante-dixième anniversaire de sa naissance. Enfin, on relève la qualité des intervenants (ses proches, ses parents, sa famille, ses professeurs, ses camarades de classe, ses camarades de lutte) et la richesse et la générosité des contenus qui sont autant de témoignages de premier ordre sur les activités de celui qui, ayant tout juste 21 ans en octobre 1955, «est chargé par la ZONE de constituer un commando ALN dans la ville de Tlemcen» et dont le nom de guerre est «Si Brahim». Ces activités, rapportées avec une juste passion, constituent une oeuvre fortement instructive pour nos jeunes d'aujourd'hui qui doivent savoir, une fois pour toutes, que l'indépendance de l'Algérie est l'aboutissement formidable d'une longue, d'une très longue lutte armée à laquelle le peuple algérien, de tous les âges de son histoire ancienne et contemporaine, a donné le caractère sacré et éternel. Comme celles d'autres révolutionnaires algériens, la vie de Dghine Benali, dont le sentiment nationaliste préexistait déjà dans son plus jeune âge, est exemplaire, ainsi que l'attestent aisément maints témoignages, ceux de ses proches collaborateurs vivants, ceux des documents disponibles dans les archives des institutions nationales, et même ceux qui apparaissent indirectement, malgré toute la haine coloniale qui y est flagrante, dans les rapports établis par les autorités militaires et policières de la terrible répression française. En lisant le recueil des Actes, le lecteur algérien est plongé, au-delà du brillant et indispensable hommage rendu au Colonel Lotfi, dans une partie décisive, page à page, de l'Histoire de son pays à travers le parcours de l'un de ses héros. Les conférenciers, ayant participé à cet hommage, ont des statuts différents que l'on peut découvrir dans la liste des auteurs en annexe. Leurs textes retracent une vie de révolutionnaire, apportant des précisions sur certains événements, osant des révélations précieuses sur des situations peu ou mal connues de la progression de la Révolution dans la réalisation de ses objectifs face à l'ennemi. On y apprend beaucoup sur l'état d'esprit et l'abnégation des combattants, sur les qualités intrinsèques et incontestables de Dghine Benali qui, ancien médersien, féru de littérature arabe et universelle et en admiration pour le grand écrivain égyptien Mustapha Lotfi el-Manfalouti, a fini par choisir le nom de LOTFI. Ce genre de témoignages aide ceux, militants, chercheurs, écrivains, historiens, enseignants, qui ont la volonté de «retrouver le chemin de l'Histoire» et de placer en tout temps, «L'Algérie avant tout». Rien n'est, peut-être, plus significatif de la fortitude avec laquelle le Colonel Lotfi a supporté les aléas dangereux de la guerre qui, certes, l'a éloigné de son épouse mais qui l'a mis au coeur de son peuple et de sa patrie. Dans une lettre datée «16.3.60», peu de jours donc avant de tomber avec quelques compagnons au Champ d'Honneur, le 27 mars 1960, il écrivait à sa «chère femme»: «Je t'ai toujours dit que je n'ai été et que je ne suis que par la Révolution et pour la Révolution.» ...