Jamais deux sans trois. Le président français Emmanuel Macron entamera, aujourd'hui, sa troisième visite en Algérie. Une première, en février 2017, en tant que candidat à la présidentielle française. Une seconde en décembre de la même année au début de son premier quinquennat. La visite d'aujourd'hui fait suite à l'invitation du président de la République Abdelmadjid Tebboune. Une visite pour «refonder» durablement une relation abîmée par des mois de brouille. Une visite de trois jours. C'est dire l'importance que représente la relation de la France avec l'Algérie. L'objectif, selon l'Elysée, est de « relancer les relations bilatérales». Emmanuel Macron devrait être accompagné d'une forte délégation comprenant, entre autres, Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Bruno Le Maire, de l'Economie et des Finances, et Gérald Darmanin de l'Intérieur, ainsi que Rima Abdul Malak, la ministre de la Culture ou encore Patricia Miralles, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire. Des départements qui laissent entrevoir les sujets à aborder. À côté de ces ministres, d'autres personnalités du monde des affaires et de la culture seraient du voyage, à l'instar de l'homme d'affaires Xavier Niel à la tête du groupe Iliad, de Catherine MacGregor, directrice générale du groupe énergétique Engie ou de l'historien Benjamin Stora. En somme, une visite tournée vers le futur. Une visite qui sera consacrée exclusivement, aujourd'hui, après une cérémonie d'hommage aux martyrs et un dépôt d'une gerbe de fleurs à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, à des entretiens politiques avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Plusieurs dossiers y seront abordés. De leur analyse sortira le fil conducteur à donner aux relations algéro-françaises. Des entretiens qui seront suivis par un dîner auquel prendraient part plusieurs invités algériens et les membres de la délégation française. Demain, Emmanuel Macron aura un «échange», à Alger, avec des jeunes portés sur l'entrepreneuriat et l'innovation, après s'être recueilli au cimetière de Saint-Eugène. «Le président de la République a fait le choix d'orienter cette visite vers l'avenir, les start-up, l'innovation, la jeunesse, des secteurs nouveaux», a souligné mardi l'Elysée. Une manière de poser un «socle» pour refonder la relation et parler d'avenir, et pas seulement de la question mémorielle, même si le président souhaite poursuivre le travail d'apaisement des mémoires, engagé en France avec le rapport Stora. Dans l'après-midi, Emmanuel Macron se rendra à Oran qui abrite l'usine d'automobile Renault, à l'arrêt, mais aussi le projet de construction d'une usine Peugeot. Samedi, troisième jour de sa visite, la délégation française devrait, entre autres, visiter la maison natale d'Yves Saint-Laurent. Le retour à Paris étant prévu en début d'après-midi. Quant aux enjeux de la visite, ils sont multiples. La réconciliation, la mémoire, mais aussi la défense et la sécurité seront des sujets au coeur de la visite d'Emmanuel Macron à Alger, sans pour autant faire l'impasse sur le volet économique. Au même titre que les approvisionnements en gaz ainsi que les questions minières et industrielles. Il sera également question des réductions drastiques des visas français pour les Algériens. Les deux capitales veulent «avancer» sur ce sujet, relève toutefois l'Elysée, en soulignant que depuis mars 2022, les autorités algériennes ont délivré «300 laissez-passer (pour des retours), contre 17 sur la même période en 2021 et 91 en 2020». Géopolitique oblige, la question de la sécurité dans la région du Sahel devrait aussi être au menu des discussions. Région où l'Algérie entretient d'excellentes relations avec plusieurs capitales.