Zidane a transformé le penalty d'une sélection française moins tranchante qu'auparavant. L'équipe de France sera, donc, au rendez-vous du 9 juillet à Berlin, celui de la finale de la Coupe du monde. Drôle de destin que celui d'une sélection qui avait obtenu sa qualification, à ce Mondial, au forceps et qui n'a assuré son passage au 2e tour de la phase finale qu'à la faveur d'un succès sur l'équipe du Togo, après avoir énormément souffert face à la Suisse et à la Corée du Sud devant lesquelles elle avait été heureuse d'arracher le match nul. Le football est un sport où le phénomène de résurrection est possible et l'on peut croire que cette équipe a dû y recourir pour se retrouver au stade ultime de la plus grande compétition sportive planétaire avec les Jeux olympiques. Pour y parvenir, elle avait, déjà, réalisé un double exploit en sortant coup sur coup l'Espagne et le Brésil. Elle se devait de confirmer ces deux bons résultats mercredi soir, à Munich, face à une équipe du Portugal qui, comme elle, n'était attendue par personne à ce stade de l'épreuve. Et elle l'a fait même si la manière a été moins convaincante que lors des deux sorties précédentes. Il se trouvera, d'ailleurs, toujours quelqu'un pour contester le mérite d'une telle qualification. Le fait est qu'il fallait bien un vainqueur et les événements ont souri à une équipe de France qui a eu besoin d'un penalty exécuté et réussi par Zineddine Zidane pour l'emporter. C'est qu'il fallait le transformer ce penalty et on peut imaginer l'énorme poids qui reposait sur les épaules du Franco-Algérien avant qu'il ne le tire. Un poids du même calibre que celui qui pesait sur lui lors de l'Euro 2000 lorsque, face à cette même équipe du Portugal, il avait dû tirer le penalty de la qualification à la finale de l'épreuve durant les prolongations. Du reste, l'histoire semble se répéter pour lui et pour l'équipe de France puisque, six années après, ils tombent en finale du Mondial sur le même adversaire que celui qu'ils avaient affronté lors de l'Euro 2000, à savoir l'Italie. De là à affirmer que le sort de la finale de demain sera identique à celui du match de 2000 (victoire des Français), il y a un pas que nous ne franchirons pas. Pour revenir à Zidane, nous n'irons pas jusqu'à dire qu'il a survolé cette demi-finale. Il a été moins tranchant que face au Brésil mais on ne peut demander à un tel joueur d'être toujours au top. Il reste que sa retraite annoncée est constamment retardée et, pour la finale de dimanche, on peut s'attendre à un grand show de sa part. Un grand joueur, comme lui, ne pouvait, pour son dernier match officiel que s'offrir la finale de la Coupe du monde. «Très sincèrement, cela me fait beaucoup de peine d'apprendre qu'un joueur de sa trempe puisse quitter la scène», nous a dit, à son sujet, le milieu défensif Costinha, juste après le match de mercredi soir. «Le football a besoin de joueurs comme lui pour faire sa promotion et je vous avoue que de le voir jouer près de vous sur un terrain est un vrai régal pour les yeux». Revenant sur le match, Costinha indiquera «qu'un rêve vient de se briser. A force d'avancer dans le tournoi, on a fini par croire en la finale. Malheureusement, il y a eu ce penalty contre nous qui a tout changé. Pourtant, on a tout fait pour, au moins égaliser mais on est tombé sur une grande défense de l'équipe de France. Maintenant il va falloir se reprendre et préparer le match de samedi contre l'Allemagne. Il nous faut cette 3e place». Costinha ne se trompait pas en mettant en avant la défense de l'équipe de France. C'est elle qui a permis au match d'avoir le résultat qui a été le sien en brisant dans l'oeuf toutes les velléités offensives des Portugais. «Nous savions que nos adversaires avaient dans leur effectif quelques talents capables de nous créer des problèmes. Nous les avons attendus derrière pour mieux les prendre en contre» a, pour sa part, souligné le coach de l'équipe de France Raymond Domenech qui a ajouté: «Nous avons, volontairement, laissé l'entre-jeu aux Portugais de manière à les amener à se découvrir». Mais les Lusitaniens ne l'ont pas fait. Mieux même, ils ont pressé sur leur but les Français lors d'une dernière demi-heure extrêmement pénible pour ces derniers.«Nous les avons bien bloqués», a expliqué le défenseur français William Gallas. «Face à d'habiles techniciens comme les Portugais, il faut rester vigilant et ne leur laisser aucune ouverture. Une fois le score ouvert, nous avions prévu qu'ils allaient se mettre à attaquer à outrance mais derrière mes camarades et moi avons su tenir la maison». Cela pour expliquer la difficulté qu'a éprouvée une équipe de France face à un onze portugais qui n'a pas semblé se ressentir de la fatigue née de sa participation à une prolongation lors de son quart de finale contre l'Angleterre. «Nous étions sur nos gardes car les Portugais n'étaient pas arrivés en demi-finale par hasard», a de son côté, indiqué Frank Ribery. «Je pense que nous avons parfaitement rempli notre rôle et que notre victoire ne se discute pas. Maintenant se dresse devant nous l'Italie. On va avoir quelques jours pour préparer cette finale que mes camarades et moi sommes déterminés à gagne». En somme, un rendez-vous qu'il va falloir suivre de près sachant que les Français vont avoir affaire à une sélection italienne qui a réussi à mater l'ogre allemand chez lui. Pour son ultime match officiel, Zineddine Zidane devra assurer et jouer, de nouveau, le rôle que l'on attend de lui, celui de chef d'orchestre d'une équipe qui revient vraiment de loin.