La construction de l'UMA ne doit pas se faire au détriment du peuple sahraoui. Le blocage du processus de décolonisation au Sahara occidental, par le Maroc et ses alliés, ne contribue, non seulement pas à l'édification de l'Union du Grand Maghreb, mais surtout met la région dans l'insécurité et sous la menace permanente de guerre. C'est ce qu'a déclaré, jeudi, le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, lors de la cérémonie d'ouverture de l'université d'été du Front Polisario à Alger. L'équation est simple, d'après le deuxième homme du Polisario qui conditionne la construction de l'UMA par le règlement inconditionnel de la question sahraouie. Interrogé par L'Expression sur le risque d'aller vers une autre phase d'incertitude, le responsable sahraoui n'a pas pu dissimuler ses craintes et affirme qu'il «n'existe pas suffisamment de pressions censées contraindre le Maroc à respecter la légalité internationale». Cela explique-t-il une machine diplomatique sahraouie en perte de vitesse? Le Premier ministre sahraoui n'approuve pas cette approche, mais pense plutôt que, sur le terrain politique, le royaume chérifien joue la carte du pourrissement. Il tente, ajoute notre interlocuteur, par tous les moyens d'envenimer le conflit et les rapports entre la Rasd et l'Union africaine. «Nous invitons la communauté internationale à exercer davantage de pressions sur les forces occupantes afin de permettre aux observateurs, ONG et aux médias d'accéder aux territoires occupés». Cela permettra de déjouer les calculs du Makhzen et ses alliés. Abdelkader Taleb Omar est allé jusqu'à dire que «la stabilité et la sécurité dans la région passent impérativement par la fin de l'occupation des territoires sahraouis». Une façon indirecte de conditionner la construction de l'UMA par le règlement de la question sahraouie. «Le conflit du Sahara occidental est considéré par les lois internationales comme une question de décolonisation et sa solution réside dans l'exercice du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». En guise de précision, notre interlocuteur explique que la solution à la crise dépend uniquement de l'application des résolutions onusiennes. Il fait allusion à la palinodie de Kofi Annan et le double langage de l'Union européenne. De son côté, l'ancien chef de gouvernement, Réda Malek, considère, lors d'une conférence, que l'indépendance du peuple sahraoui est un «droit inaliénable». Il a, sur sa lancée, relayé le Premier ministre sahraoui quant à son avis sur l'édification de l'UMA, estimant que «la construction du Maghreb ne doit pas se faire au détriment du peuple du Sahara occidental». La réactivation des activités de l'UMA après plusieurs années de blocage, est, pour l'Algérie, la condition sine qua non à toute intégration régionale. Le raffermissement des liens entre les pays formant cet ensemble régional ne peut se faire que grâce au renforcement des liens bilatéraux. A comprendre par là, qu'aucune intégration n'est possible si des dossiers engageant le devenir de ce sous-ensemble ne sont pas pris en considération.