Retour sur une réunion «éclair». Très peu d'experts ont vu le coup venir. Le verdict a été expéditif. En quelques minutes, les 13 pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs 10 alliés hors cartel, dont la Russie, ont décidé de baisser leur production pétrolière globale au mois d'octobre prochain, de 100000 barils/jour. Une première depuis la mise en oeuvre d'un plan d'augmentation graduelle qu'ils ont conçu lors de leur 16ème Sommet ministériel qui s'est déroulé le 1er avril 2021. L'Opep et ses partenaires avaient décidé de mettre 350000 barils par jour supplémentaires sur le marché, en mai et juin, 441000 à partir du 1er juillet puis 400000 par jour en août et en septembre avant de passer à 432000 barils/jour en juin 2022, puis 648000 barils/jour en juillet et août puis à peine 100000 par jour, en septembre. Avant la décision «éclair» de l'Opep+, plutôt inattendue, de la part de nombreux spécialistes de l'Opep+, l'on s'accordait plutôt à une augmentation de la production minimale du même type que celle décidée le mois dernier (100000 b/j). Les spéculations allaient bon train. «Il n'est pas entièrement sûr que l'Opep+ convienne d'une nouvelle hausse des quotas de 100000 barils par jour», comme en septembre, déclarait Caroline Bain, de Capital Economics. «À la lumière de la récente baisse des prix du pétrole (...), nous n'excluons pas une production inchangée...», ajouta-t-elle. La question d'un déclin de la production du groupe, qui serait la première depuis les coupes drastiques opérées pour faire face à l'effondrement de la demande lors de l'éclosion de la pandémie de Covid-19, se posera plutôt lors de la réunion suivante, en octobre, estimait, pour sa part, Matthew Holland, d'Energy Aspects. L'Arabie saoudite avait pourtant annoncé la couleur. Le chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a dénoncé les informations tronquées destinées à faire baisser les cours de l'or noir. Ce constat établi, le message a été très clair. «L'Opep+ avait les moyens de réduire à tout moment sa production afin de faire face aux défis d'un marché pétrolier tombé dans un cercle vicieux de faible liquidité et de volatilité extrême», a prévenu le ministre saoudien de l'Energie, Abdelaziz ben Salmane, dans une interview accordée à Bloomberg, répercutée par l'agence de presse saoudienne SPA. Un ton déterminé répercuté par l'Algérie qui a affiché sa solidarité aux déclarations dudit ministre. L'Algérie se tient prête, avec l'ensemble de ses partenaires de l'Opep+, à prendre les mesures nécessaires afin de maintenir la stabilité et l'équilibre du marché pétrolier international, avait indiqué, le 24 août, le ministre de l'Energie et des Mines. Amena Bakr, du cabinet Energy Intelligence, qui s'est même risquée à ne pas surinterpréter les propos du ministre saoudien de l'Energie, qui n'a fait que «souligner que la volatilité est mauvaise pour le marché», selon elle. Mal lui en a pris. Les «23» ont joint l'acte à la parole. Seule Bloomberg tapait en plein dans le mille. L'Opep + discuterait d'une réduction de la production de 100000 barils par jour, lors de sa réunion de lundi (avant-hier, Ndlr), avait rapporté l'agence américaine. Les représentants des 13 membres de l'Opep et leurs 10 alliés ont convenu de «revenir aux quotas du mois d'août», soit une baisse de 100000 barils, comparé à septembre, a annoncé lundi, l'Alliance, qui s'est tenue en visioconférence, soulignant qu'elle laissait la porte ouverte à de nouvelles discussions, avant la prochaine rencontre du 5 octobre.