L'Organisation des pays exportateurs de pétrole semble avoir retenu les leçons du passé. Elle ne mettra, vraisemblablement, pas plus de pétrole sur le marché, que ce qui a été décidé par l'Accord de l'Opep+, même si les prix continuent à progresser. C'est ce qu'a laissé entendre le ministre saoudien de l'Energie. «La crise est, en quelque sorte, contenue mais elle n'est pas encore terminée, nous devons faire attention à ne pas prendre les choses pour acquises», a indiqué Abdelaziz Ben Salmane, interviewé par Bloomberg, en marge du forum «Saudi Green Initiative» qui s'est tenu le 23 octobre. Le prince saoudien a mis en exergue la virulence de l'épidémie de la Covid-19 dans certaines parties du monde, citant en exemple un des poids lourds de l'Opep+ et du marché mondial de l'or noir, la Russie. Moscou a décidé de fermer à partir de jeudi, pour une durée de 11 jours tous les services non essentiels (restaurants, salons de beauté, magasins de vêtements ou de meubles, salles de sport, etc.), dans l'espoir de lui faire barrage. Le marché est «encore trop fragile» a surenchéri le ministre du Pétrole du Nigeria, Timipre Sylva, interrogé lui aussi par l'agence américaine. Des propos qui disent clairement que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses 10 partenaires, dont la Russie, n'ouvriront pas davantage leurs vannes. C'est, en tous les cas, ainsi que les experts les ont interprétés. «En d'autres termes, il ne faut pas s'attendre à une nouvelle augmentation de l'offre, au-delà du niveau prévu de la part de l'Opep+, dans un avenir proche», note Carsten Fritsch, du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. Les prix du pétrole se sont sentis pousser des ailes. Vers 4h00, le baril de Brent a atteint 86,43 dollars, une première depuis octobre 2018, tandis que celui du WTI coté à New York, s'appréciait de 0,66% à 84,31 dollars. Le ministre saoudien de l'Energie ayant indiqué, (samedi dernier, Ndlr) que l'Opep+ resterait prudente quant à l'augmentation de sa production du brut et le WTI se sont inscrits en hausse dès le début des échanges asiatiques», a fait remarquer Jeffrey Halley, analyste de Oanda. Il faut rappeler que l'Opep+, emmenée par ses deux poids lourds mondiaux, l'Arabie saoudite et la Russie, a opté pour la poursuite de sa stratégie. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés avaient décidé, au mois d'avril 2020, de réduire leur production de près de 10 millions de barils par jour, pour stopper le plongeon des prix. Les «23» ont ensuite procédé à une coupe de 7,7 millions de b/j à partir du 1er août de la même année, jusqu'à fin décembre 2020, avant de mettre 350000 barils par jour supplémentaires sur le marché, en mai et juin, 441000 barils à partir du 1er juillet puis 400000 barils par jour en août, septembre, octobre et novembre. Un rythme qui devrait se poursuivre jusqu'en septembre 2022, ce qui a permis au baril de Brent de passer de 16 dollars, le 20 avril 2020, à plus de 85 dollars actuellement, soit un gain de près de 70 dollars en l'espace de 18 mois. Pour l'Algérie, ce sont 40 dollars de plus que le prix du baril, qui a servi de calcul à sa loi de finances. C'est aussi l'assurance de voir son déficit commercial significativement réduit, ses réserves de change préservées et ses revenus pétroliers augmentés. «Pour l'année 2021, nous tablons sur une recette de 30 à 33 milliards de dollars, en fonction de l'évolution du marché pétrolier», avait affirmé, le 31 août dernier, le P-DG de Sonatrach, Toufik Hakkar. Une cible que l'Algérie doit atteindre et raisonnablement en espérer un peu plus.