«Personne n'éduque autrui, personne ne s'éduque seul, les hommes s'éduquent ensemble, par l'intermédiaire du monde.» Paulo Freire Dans leur destruction incompréhensible, dans leur pan de culture qui vole en éclats chaque année, sauront se «reconnaître, afin de ne pas vouloir connaître que leur existence est celle de Mohamed Ghenaï, de Bob Taïri, de Krimo Ketani, de Mohamed Bouraâda, Kamel Bouarab et à leur tête Feu Riad Boufedji. C'est se condamner que de continuer à vivre sous l'éteignoir». Guide-accompagnateur. ambassadeur des tour-opérateurs qui l'avaient missionné. Il savait parallèlement défendre les intérêts de son employeur. ATA, ensuite Onat, ainsi que ceux des voyageurs qui lui sont confiés. Bras levé en signe de ralliement, il vérifie en permanence que les voyageurs le suivent docilement. Le métier est exotique, selon la destination. Plus la contrée est sauvage ou vide de monde et plus le guide devient indispensable et reste pro. Il s'occupait de toutes les questions matérielles liées au voyage. Il nous avait appris à prendre le groupe en charge à son départ, a l'hôtel de la Baie- Tipaza, base incontestable des arrivées ou départs ou l'accueillir à l'aéroport d'Alger. Dans le détail, ses attributions étaient variées. Lorsque le guide-accompagnateur «chaperonne» un groupe de touristes, il s'assure que chacun a bien rempli les formalités nécessaires (visas, change, vaccins...) et participe aux procédures d'embarquement ou de désembarquement aérien. Organisation et charisme Une fois sur place, le guide-accompagnateur facilite les formalités d'entrée dans le pays, décompte les bagages pour vérifier qu'ils sont bien tous arrivés. Pendant le séjour, il nous apprenait à nous occuper à réserver les différentes prestations (transferts, chambres d'hôtels, excursions...), et vérifie la qualité des repas. Majeur souci des hôteliers amateurs versant dans la triche sur les quantités comme sur la qualité. Riad était partout. Son assistance n'etait pas seulement technique. Il veillait à l'ambiance qui règne dans le groupe et faire en sorte que chaque voyageur se sente à l'aise et s'amuse...Il avait fait de nous les techniciens des circuits sahariens et nous avait inventes Animateurs... Riad Boufedji... Quelle aventure! Un être inoubliable dans une vie qui ferait l'objet d'un récit à lui seul. Telle une randonnée dans l'incomparable Tadrart au Tassili du Hoggar, l'idée de sa réalisation anime les marcheurs que nous étions et le défi suscite chez lui une grande excitation à chaque matin. Au moment de boucler nos bagages et ramasser nos couvertures, de quitter le campement et ses racines, l'enthousiasme fait alors place au questionnement. Vers quelle direction nous diriger? Combien d'eau devons-nous porter pour la journée? Déroutant. Mais l'idée de réaliser ce rêve d'une traversée saharienne le met en route. Sans encore connaître le dénivelé ou la réelle ardeur du parcours, il se lance, et on le suivait. Accompagné de ses deux meilleurs compagnons Touareg de route, on partait, nos gourdes d'eau à la main. Au gré du jour, le chemin se révèle sableux, semé d'incertitudes et de doutes, rendant la marche essoufflante, parfois. Energisante, maintes fois exaltante lorsqu'arrive enfin le campement de midi. Repas froid! Cette fois, ce sont les guides, par leur présence, leur expertise et leur grand dévouement qui, à l'oreille de Riad, soufflent «lâche pas», «courage», «vous êtes tous capables». Sans eux, la marche aurait-elle abouti? Si ce n'est aussi passionnante et aussi riche qu'elle l'avait été! Ce sont aussi, et sans relâche, la compagnie du groupe, Suisses souvent, Français, Italiens des fois, leurs nombreuses attentions, leur sensibilité, font que la marche se calme, on s'arrête à d'autres moments pour souffler. Mais c'est lui Riad qui, par son amour, son amitié, sa grande patience, sa reconnaissance et sa compréhension encourage les marcheurs à franchir les lieux des visites. Peintures et gravures rupestres accrochées aux murs des grottes. Quand la nuit s'échappe et que le jour arrive, dès l'aube d'un jour d'hiver, nous n'étions plus au désert, mais dans un musée à ciel ouvert. De ces marches avec Riad et les Touareg à qui je tiens à adresser ma sincère reconnaissance. Mes remerciements sincères remplis d'une profonde gratitude vont à M. Boufedji de qui je tiens mon amour du désert. Son apprentissage ainsi qu'a tous les guides dont il fait des historiens a l'échelle nationale, son soutien fut inestimable, tout au long des parcours commercialisés ou non par l'Onat. Rigueur et précision Riad m' avait épaté par son implication sans relâche, sa rigueur dans le travail et son souci du travail précis, où chaque mot est pesé, considéré, estimé de tous les étrangers qui avaient visite l'Algérie. J'ai l'immense honneur d'avoir cheminé à ses côtés et me souviendrai longtemps des échanges et des innombrables heures passées à travailler en collaboration. Sa générosité dépasse souvent l'agenda. Son oreille attentive a été précieuse pour la marche. Tous les T.O l'ont soutenue avec une écoute exceptionnelle. Sa présence, ressentie malgré dans les longues marches en Trekking ou en Meharée, fut précieuse à des moments charnières, lorsque le courage manquait parfois. Je le remercie pour la pertinence de ses commentaires, son recul sur les choses, son enthousiasme et son dynamisme contagieux. Son ouverture, sa confiance et sa façon de tisser des liens dans la toile du monde de la recherche culturelle sur les peintures rupestre nous ont valu de belles rencontres et des expériences exceptionnelles ici et à l'étranger. À ces Touareg avertis et exceptionnels un merci très particulier! Au-delà d'être des experts dans leur domaine de l'accompagnement, ils ont été nos mentors, des guides incarnant parfaitement l'objet de nos découvertes! Merci vivement encore une fois de m'avoir permis de participer à ces recherches, accompagnateur débutant, d'avoir accepté d'y prendre part et d'avoir offert de votre temps précieux. À votre implication et votre disponibilité essentielles à devenir ce que nous sommes aujourd' hui. Les amis du désert. Merci à Mokhtar Zonga pour la disponibilité et l'immense valeur de ses conseils. Sans lui, ces chameaux et ces voitures, rien n'aurait vu le jour... À Riad Boufedji encore une fois, grâce à qui nous avons, nous les guides nationaux algériens, beaucoup appris durant nos 20 ans d'accompagnement. Un merci tout spécial à mes fidèles amis magiciens du M'zab et de l'Adrar qui continuent de faire vivre «rêver»! À nos amis belges, français, italiens et suisses pour leurs messages et leur présence. Leur amitié fut précieuse comme l'idée de les retrouver pour échanger ou festoyer! Mon profond respect va aujourd'hui aux enfants de M.Boufedji dont il a fait des jeunes cultives et brillants. Il reste, cependant, difficile d'associer des mots de remerciements aux différents ministres du tourismes et autres responsables. Il faut dire qu'ils ont prêché par un manque de présence, d'attention, de générosité et même de reconnaissance envers cet homme exceptionnel. Avec leur façon bien à eux de regarder le monde et d'ignorer la vie de ceux ambassadeurs qui ont fait la fierté de l'Algérie. La vie de Riad Boufedji est quelque chose d'extraordinaire. Ayant eu pour métier l'étude de l'Antiquité Arabo-Musulmane et sur l'antiquité Romaine, à travers ces circuits et la rencontre d'hommes de sagesse et de valeur, Riad Boufedji, n'ai cessé de mûrir en lui un autre moyen de faire rencontrer les hommes sur mon chemin professionnel. Avec la destruction du tourisme autant par l'organisation terroriste que part les amateurs qui sont venus gérer le secteur lui-même, tout un pan de notre culture et de nouveaux sujets sont venus prendre forme dans une émission nommée ««Koulchi-Moumeken. Riad et tous les autres... La RTA, lui avait ouvert les portes et mis a sa disposition son savoir-faire dans une société démembré par les années de guerres 54-62 et qui avait décimé et séparée bien des familles. Riad a recomposé le puzzle sur les personnes perdus et a retrouvé des centaines de personnes pour les remettre ensembles. Il a mis fin à la tristesse et à la solitude d'êtres qui se sont crus définitivement engloutis. C'est là mon témoignage: un témoignage au service de l'Histoire et de la mémoire, dédié à Riad Boufedji d'abords et aux autres compagnons guides nationaux perdus dans l'âge ou le temps. Encore une fois, je pèse mes mots. Vous nous avez permis de ne plus être là, ni d'avoir, pas même un souvenir par un cadre accroche a vos murs...ni de recevoir ni de découvrir l'arme la plus puissante pour Demain: l'Education! Celle de vos futurs guides quand guides vous en aurez... M.R.Boufedji ou M.Ghenaï ou M.Krimo Ketani ou l'irremplaçable Bob Taïri et j'en passe sur ceux qui sont D.C.D en mission dans les vieux bus tacots de l'Onat et dans lesquelles nous avions accompli, pourtant, des miracles. À ces jeunes touristes venus découvrir notre pays et qu'on avait ramassés en morceaux entre Bou Saâda et Djelfa déchiquetés par un camionneur endormi. À Laurent et sa compagne Sophie, à Ahmed le guide. Pour les échanges et leurs mots d'encouragement. Il est un dénominateur commun qui, jamais ne réparera le futur. «Pour le meilleur ou pour le pire», Monsieur le ministre! *Expert en tourisme