En une année, plus de 200 personnes ont été renvoyées en Algérie par les autorités britanniques. Le contentieux des extraditions en suspens entre Alger et Londres a été traité dans la plus stricte discrétion entre le président Bouteflika et le Premier ministre Tony Blair. Les quatre accords de coopération judiciaire signés hier, à Londres, au premier jour d´une visite officielle de M.Bouteflika ne concernent pas l´extradition de 15 Algériens soupçonnés de terrorisme par Londres. Mais les discussions sur ce dossier se poursuivent. «Elles continuent» a précisé hier, un porte-parole du ministère britannique de l´Intérieur. "Ce sont des cas qu´il faut étudier cas par cas", a indiqué de son côté, le porte-parole de l´ambassade algérienne à Londres, Rabah Toubal. Ce dernier a expliqué en mars dernier que l´Algérie refuse la demande de Londres qu´un magistrat étranger puisse par la suite vérifier la situation des expulsés. Pourtant, les accords signés hier, portent sur l´extradition, sur une coopération judiciaire en matière commerciale et pénale, et sur la "circulation et la réadmission des personnes". Il s´agit d´accords "classiques, déjà passés avec beaucoup d´autres pays", a encore souligné M.Toubal. Jusque-là, seuls deux Algériens soupçonnés de terrorisme, identifiés comme "V" et "I", ont été renvoyés mi-juin en Algérie, sur une base volontaire, après avoir renoncé aux appels possibles. Selon un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères, les deux suspects ont été remis à leurs familles, après avoir été interrogés pendant cinq jours par les autorités algériennes. La même source précise que depuis un an, plus de 200 personnes ont été renvoyées "sans problème" en Algérie, pour des affaires de criminalité ou d´immigration. L'un des faits marquants de la visite officielle de M.Bouteflika à Londres a été l'audience que lui a accordée la Reine Elizabeth II, avant un déjeuner de travail avec le Premier ministre Tony Blair. M.Bouteflika a souhaité que l´Algérie puisse profiter du savoir-faire des enseignants britanniques et de celui de nombreuses potentialités algériennes, estimées à 1600, installées depuis quelques années à Londres. L´Algérie est complètement ouverte à l´égard des langues étrangères, comme elle est ouverte à la langue française, elle l´est également pour la langue anglaise", a-t-il souligné au cours d´un point de presse animé conjointement avec Tony Blair, à l´issue de leurs entretiens. M.Bouteflika a exprimé la volonté de l´Algérie d´avoir des "relations stratégiques" avec le Royaume-Uni et de donner "une nouvelle impulsion" à la coopération bilatérale. Il a aussi abordé avec M.Blair, les opportunités à même de développer la coopération hors hydrocarbures entre les deux pays. Aussi, le président a exprimé le voeu que les relations culturelles entre l´Algérie et le Royaume-Uni connaissent "un nouvel essor", notamment par le biais du British Council. Des sources diplomatiques londoniennes affirment que cette visite est attendue depuis trois ans. Le déplacement devait s'effectuer dans le cadre d'une visite d'Etat pour se transformer finalement en visite officielle. Mais ce n'est que partie remise, puisque le principe d'une visite d'Etat serait retenu par les deux parties pour l'année 2008. D'autre part, la déclaration finale qui sanctionnera la visite de Bouteflika contiendra une invitation au Premier ministre britannique Tony Blair à venir visiter l'Algérie.