La Corée du Nord a une nouvelle fois tiré, hier, un missile balistique, au moment où un porte-avions américain se trouve en Corée du Sud pour des exercices, et à quelques jours d'une visite à Séoul de la vice-présidente américaine Kamala Harris. La Corée du Nord se livre depuis plusieurs mois à une série record d'essais d'armes, alors que les négociations avec la communauté internationale sur son programme nucléaire et de missiles sont au point mort. Pyongyang a notamment lancé en mai son premier missile balistique intercontinental (ICBM) depuis 2017, et a adopté début septembre une nouvelle doctrine proclamant que le pays ne renoncera jamais à l'arme atomique. Les militaires sud-coréens «ont détecté un missile à courte portée lancé par la Corée du Nord à 06h53 (21h53 GMT samedi) depuis les environs de Taechon, dans la province de Pyongan du Nord, en direction de la mer de l'Est» (mer du Japon), a indiqué l'état-major dans un communiqué. Le projectile a parcouru environ 600 km à une altitude maximale de 60 km et à la vitesse de Mach 5 (environ 6 000 km/h), a précisé l'état-major. Les gardes-côtes japonais ont pour leur part publié une mise en garde aux navires se trouvant dans la zone où le missile a chuté. Selon le ministre japonais de la Défense, Yasukazu Hamada, le projectile a terminé sa course hors de la zone économique exclusive (ZEE) du Japon. «Le Japon continuera à travailler au renforcement de ses capacités de défense en étudiant plusieurs options, y compris l'acquisition de capacités de riposte», a déclaré Hamada aux journalistes. Les lancements répétés par Pyongyang sont «absolument impardonnables et la remarquable amélioration de sa technologie de missiles est quelque chose que nous ne pouvons ignorer», a-t-il ajouté. Vendredi, le porte-avions américain à propulsion nucléaire USS Ronald Reagan et sa flottille d'accompagnement sont arrivés dans le grand port de Busan, dans le sud de la Corée du Sud. Il doit participer ces prochains jours à des exercices conjoints avec l'armée sud-coréenne au large de la côte orientale du pays. Cette présence répond à la volonté de Séoul et Washington d'accroître la présence américaine dans la région. Le président conservateur sud-coréen Yoon Suk-yeol, qui a pris ses fonctions en mai, a promis de renforcer la coopération militaire avec les Etats-Unis, après l'échec rencontré par son prédécesseur dans ses tentatives de rapprochement diplomatiques avec le Nord. Yoon doit par ailleurs recevoir jeudi à Séoul la vice-présidente américaine Kamala Harris. Ce dernier essai s'insère entre l'arrivée de l'USS Ronald Reagan cette semaine et la visite de la vice-présidente Harris à Séoul la semaine prochaine», a expliqué Soo Kim, analyste à la RAND Corporation. «C'est une façon pour la Corée du Nord de montrer sa défiance envers l'alliance, et de faire parler d'elle à un moment opportun», a-t-il estimé. Washington est le principal allié de Séoul en matière de sécurité, et compte environ 28 500 soldats en Corée du Sud. Les deux pays effectuent depuis longtemps des exercices conjoints. Ils insistent sur leur caractère purement défensif, mais la Corée du Nord les considère comme des répétitions générales pour une future invasion de son territoire. «Pyongyang pourrait faire une démonstration de force pendant que le porte-avions américain est en Corée du Sud», a pronostiqué Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul. Mais selon lui, «les essais de la Corée du Nord s'inscrivent surtout dans une campagne à long terme de progression de ses capacités militaires offensives». Samedi, la présidence sud-coréenne avait averti que la Corée du Nord se préparait à tester un missile balistique lancé depuis un sous-marin (SLBM), une arme qu'elle avait déjà essayée en mai. Les responsables sud-coréens et américains préviennent en outre depuis des mois que le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un se prépare à effectuer un nouvel essai nucléaire. Le régime nord-coréen a testé des bombes atomiques à six reprises depuis 2006. Le dernier essai en date, et le plus puissant, est survenu en 2017, d'une puissance estimée à 250 kilotonnes. Pyongyang a évoqué une bombe à hydrogène. «La Corée du Nord pourrait retarder son septième essai nucléaire par respect pour la prochaine conférence politique de la Chine, que Xi Jinping prépare minutieusement «fin octobre», a estimé Easley. «Mais il y a des limites à l'autodiscipline de Pyongyang», a-t-il ajouté.