Les banques subissent, davantage, un acharnement sans relâche de la part de hauts responsables. Encore une fois, les banques sont pointées du doigt pour entraves et non-accompagnement des projets de développement. En dépit de tous les correctifs apportés au système financier, les banques subissent davantage un acharnement sans relâche de la part de hauts responsables. Après de précédentes accusations pour non-accompagnement des projets de création d'emplois, pour défaut de financement des investissements, et d'autres flèches décochées récemment par Nouredine Moussa pour abstention bancaire à soutenir les projets de tourisme, cette fois-ci c'est au tour de Barkat de s'en prendre, encore une fois, aux banques. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, a tiré, hier au forum d'El Moudjahid, à boulets rouges sur les banques et le système douanier. Le ministre a clamé ouvertement sa frustration: «L'agriculture souffre à la fois d'un manque d'accompagnement institutionnel et constitutionnel». Saïd Barkat fait allusion sans le moindre doute, à l'absence d'un soutien financier aux projets agricoles et d'une réglementation censée protéger la production nationale. Il a renchéri illico pour dire que «si les banques accompagnent les investisseurs, 500.000 exploitations agricoles sont en mesure de devenir rentables et bancables». Ce n'est pas la première fois que des propos d'une telle virulence sont tenus contre les banques au moment même où la réforme financière ne cesse d'être chantée à tous les niveaux. L'invité d'El Moudjahid est allé jusqu'à qualifier les banques de «rouages qu'il faut débloquer». Un fait dénoncé récemment par le président de la République dans son allocution prononcée à l'occasion de la célébration de la fête de l'indépendance. «Les chiffres des importations sont toujours en hausse alors que les exportations hors hydrocarbures restent figées et incapables de s'imposer dans un marché concurrentiel, ni de surmonter des contraintes bureaucratiques de structures administratives incompétentes et largement dépassées par les mutations internes et externes en cours», a-t-il déclaré. Ce système financier, objet d'une vive polémique, s'érige en barricade contre la relance de la machine économique nationale. A travers les attaques proférées par Barkat à l'encontre des douanes et des banques, c'est le ministère des Finances qui est pointé du doigt. Par ailleurs, dans un pays où seuls le tourisme et l'agriculture sont en mesure d'épauler les hydrocarbures, l'on impose une taxe sur les exportations agricoles et l'on prêche l'abattement tarifaire à l'adresse des importateurs. A ce stade de la polémique, Saïd Barkat ouvre le feu contre le système douanier qui, selon lui, est à l'origine d'autres entraves. «Depuis 40 ans, nous ne savons pas encore comment exporter». Pis encore, les lenteurs administratives causent d'énormes préjudices aux produits agricoles destinés à l'exportation, à en croire le ministre. Une situation qui explique l'accumulation, voire le pourrissement des produits dans l'enceinte portuaire. Saïd Barkat a relevé, dans la foulée, l'absence d'une réglementation censée mettre un terme à l'anarchie et protéger ainsi le produit agricole. Devant les résultats qui font sourire, le conférencier n'a pas manqué de relever que la cagnotte dont bénéficie son secteur est parmi les moins importantes. Effleurant justement la question liée au rendement de son secteur, le ministre a mis en exergue un taux de croissance moyen à hauteur de 8% et un excédent en fruits et légumes évalué à 20%. Ce n'est pas tout, la valeur ajoutée est estimée à 511 milliards de dinars, tandis que la promotion agricole représente un chiffre de l'ordre de 624 milliards de dinars, soit, 8,4 milliards de dollars. Pour un secteur qui table sur la sécurité alimentaire et sanitaire au lieu d'utiliser le vieux slogan d'autosatisfaction, Saïd Barkat s'est dit en mesure de couvrir les besoins en lait d'ici 2007. Ces besoins sont à hauteur de 3 milliards de litres par an, absorbant une cagnotte d'importation de l'ordre de 500 millions de dollars. 1,6 million d'emploi ont été créés en cinq ans et 36.000 exploitations ont bénéficié de soutien dans le cadre du Plan national de développement agricole (Pnda), soutient le ministre. L'agriculture n'est décidément pas le seul secteur qui souffre des lenteurs et des hésitations des institutions financières. Les propos de Saïd Barkat relancent la problématique de l'accompagnement bancaire qui freine, parmi d'autres obstacles, l'investissement privé et l'essor des secteurs névralgiques de l'économie nationale. A ce sujet, il est utile de signaler que les exportations hors hydrocarbures demeurent marginales avec seulement 2% du volume global des exportations, soit une valeur de 341 millions de dollars. C'est là d'ailleurs une réalité avérée depuis les premières années de l'indépendance, qui est loin de refléter les potentialités économiques nationales. Un constat amer qui fait que sans les recettes du pétrole et du gaz, l'Algérie serait un pays pauvre du fait que ses compétences dans les autres domaines sont limitées, voire même inexistantes.