L'institution financière devra s'abstenir à l'avenir de prendre de nouveaux clients ne cadrant pas avec la nouvelle nomenclature. Le ministre des Finances, M.Mourad Medelci, a pris une décision «salutaire» pour la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr). Le grand argentier du pays a décidé d'autoriser la banque de maintenir dans son portefeuille la clientèle existante déjà, même si cette dernière ne cadre pas avec la nouvelle nomenclature, c'est-à-dire les clients ayant des projets dans le secteur non agricole et qui sont au nombre de 5000. L'annonce a été faite, hier, par le P-DG de la Badr, Boualem Djebbar, lors d'une conférence de presse organisée en marge de la conférence nationale des cadres de la banque. «L'objectif est de permettre à notre banque de mener à bien l'opération de recentrage de ses activités sans toucher à son équilibre et afin d'éviter à la banque les effets indirects de ce recentrage et dans le but de fixer notre réseau ainsi que la clientèle de la Badr qui ne cadre pas avec la nouvelle nomenclature sur la démarche à suivre», a déclaré M.Djebbar. Toutefois, ajoute-t-il, la Badr doit s'abstenir à l'avenir de prendre de nouveaux clients ne cadrant pas avec cette nomenclature. M.Djebbar précise, par contre, que les clients qui ne cadrent pas mais qui sollicitent les services de la banque que ce soit des services ordinaires (virement de fonds, domiciliation bancaire ...) ou des opérations de commerce extérieur doivent être pris en charge sans toutefois pouvoir bénéficier d'un quelconque financement de leurs projets. Ainsi, la spécialisation de la Badr dans l'agriculture a apparemment eu un impact «négatif» sur le rendement de cette banque. Chose qui a amené, aujourd'hui, le gouvernement à «rectifier», pour reprendre l'expression de M.Djebbar, sa position par rapport à cette décision. Quant au bilan d'activité de la banque, le montant des engagements de la Badr s'élève, selon son P-DG, à 419 milliards de dinars. Le secteur privé non agricole représente, selon la même source, 66% des engagements de la Badr alors que le secteur public et privé agricole représente 53% de ces engagements. Les chiffres avancés par le premier responsable de la Badr font ressortir aussi que plus de 85% du portefeuille de la banque se trouvent dans cette nomenclature, 10% des ressources et 13% des produits proviennent des activités qui ne cadrent pas avec les nouvelles orientations. Le nombre de clients qui ne cadrent pas avec les activités de la Badr représente, note le conférencier, 0,7% seulement, alors que la part des clients engagés ne cadrant pas représente à peine 2,5% du nombre de clients engagés. «Il est clair que le choix de la Badr pour le financement des secteurs de l'agriculture, de la pêche et de leurs activités connexes n'a pas été fait de manière arbitraire», précise M.Djebbar. «Au contraire, poursuit-il, c'est parce que notre banque a une meilleure maîtrise du domaine et que c'est là sa vocation de base». L'orientation du ministère donnée à la Badr en matière de recentrage de son activité a, rappelle le conférencier, donné naissance à une nomenclature comprenant plus de 300 filières d'activité. Il s'agit, entre autres, de l'agriculture, l'industrie agroalimentaire, l'industrie des boissons, de l'emballage et de la chaîne du froid, la pêche, etc. Par ailleurs, le premier responsable de la Badr explique que son institution financière continuera ses efforts pour rallier de nouveaux clients cadrant avec la nouvelle nomenclature. Aussi, la banque qui dispose d'un réseau de 291 agences à travers le territoire national, détient la place de leader dans le financement des projets de l'emploi des jeunes avec 40% du total des financements. En matière de crédit, le personnel en charge de cette mission est interpellé plus que jamais afin de veiller à la bonne évaluation du risque et à ce que la décision se base d'abord sur la rentabilité du projet afin d'examiner les garanties proposées par le promoteur. «Les crédits octroyés ne doivent pas revêtir la forme de prêt sur gage, à l'exception de l'avance d'exploitation garantie (AEG) qui, elle, est conçue dans ce sens», a-t-il souligné. Concernant la suspension du financement des projets agricoles par la Badr, son P-DG a avancé que «ce problème sera réglé dans les tout prochains jours. Une réunion aura d'ailleurs lieu entre les ministères des Finances et de l'Agriculture pour justement y trouver une solution».