Pendant que la planète entière avait les yeux tournés vers l'Allemagne, on en était chez nous à se quereller pour des histoires de LNF. Comme d'habitude l'intersaison en Algérie nous offre ses spéculations d'un marché des transferts qui semble amuser pas mal de gens. Elle nous convie, également, à écouter les jérémiades des uns et des autres sur de prétendus problèmes liés au manque de financement. Elle nous livre aussi des feuilletons tous aussi grotesques les uns que les autres à propos de crise dans certains clubs. Elle nous a, cette fois-ci, servi une autre histoire sur les relations entre la FAF et le MJS à propos de l'assemblée générale élective de la LNF... Nous venons de passer un mois en Allemagne pour couvrir la Coupe du monde de football. Cela nous a permis de côtoyer quelques grands noms de la presse sportive mondiale mais aussi de célèbres entraîneurs, des dirigeants émérites et bien entendu les stars du football international, celles qui font le spectacle, c'est-à-dire les joueurs. Pendant un mois, bien que pris dans le tourbillon d'une mirifique mise en scène, nous sommes restés en contact avec la réalité du pays soit par le biais du téléphone soit par celui d'internet. Le fait est incontestable: comme elles nous paraissaient ridicules les petites histoires du football algérien. Ridicules et manifestement petites comme ce scénario par lequel le MJS demandait à la FAF de surseoir à la tenue de l'AG de la LNF. Et puis une fois que celle-ci a eu lieu, ce même MJS qui décide de geler les activités de la LNF, décision qui n'a pas été suivie d'application sur le terrain puisque la FAF n'a pas daigné la respecter. Inévitablement, on a parlé de bras de fer entre les deux institutions mais dans l'affaire qu'est-ce que cela ramène de positif au football algérien? Rien. En d'autres termes, cette discipline n'a pas vu le moindre rayon de soleil venir éclairer son monde si obscurci par des années d'errements. Plongés dans l'univers magnifique de la Coupe du monde, nous apprenions que nos petits dirigeants de clubs se battaient pour enrôler de médiocres joueurs, à coups de centaines de millions de centimes puisés dans le trésor public puisque ces clubs vivent, à 99%, de l'argent que leur procure l'Etat, soit directement, soit indirectement. Nous apprenions, aussi, que, pour ne pas faillir à sa tradition, le Mouloudia d'Alger, l'un de nos clubs les plus illustres, se donnait en spectacle avec un président qui exprime son désir de partir mais qui fait tout pour rester en place, des supporters qui se déplacent jusqu'au siège du club et menacent de pseudo-opposants. Et ça se dit «grand club qui veut verser dans le professionnalisme». Pendant que la fête se déroulait en Allemagne avec de vrais footballeurs, on en était chez nous à alimenter les chroniques avec de faux footballeurs. Oui de faux footballeurs à l'exemple de celui qui va faire une Omra au moment où son club est en compétition ou celui qui se marie en pleine saison sportive. Et avec cela, ça se dit professionnel. Parallèlement à ces évènements, comme on l'a vu, le MJS menace la FAF mais ne va pas jusqu'au bout. Au fait, pourquoi une telle réserve alors qu'il était si prompt à suspendre celles du tennis, de l'escrime et de l'haltérophilie? Oui, pourquoi la FAF bénéficie-t-elle d'une certaine clémence alors qu'elle se met en travers d'une institution de la République? Que le MJS prenne ses responsabilités et mette hors circuit cette FAF pour prendre en mains les destinées du football algérien. On verra bien ce qu'il en sortira. Comme on verra ce qu'il pourrait advenir de cette équipe de jeunes montée par le MJS qui lui donne le statut de sélection nationale alors qu'un tel label appartient à la FAF. Du reste, le ministère ne s'est pas arrêté là puisqu'il a , de nouveau, procédé à une autre prospection, via les DJS, pour monter une autre sélection de jeunes. La loi algérienne sur le sport indique qu'il ne peut être institué plus d'une fédération par discipline sportive. Apparemment, en football, il y en a deux, celle dont le siège est à Dely Ibrahim et celle qui se trouverait au MJS du fait que l'on a, de plus en plus, l'impression que ce dernier s'érige en ministère du football. Au moment, donc, où la planète tout entière avait les yeux tournés vers l'Allemagne pour assister à un spectacle de choix et de qualité, en Algérie on se contentait de se quereller pour des histoires de LNF pendant que d'autres cercles concoctaient de piteux plans consistant à mettre en place un nouveau système de compétition constitué d'une division 1 à 4 groupes régionaux. Au lieu de lire que du changement il va y avoir, que des grandes manoeuvres sont en chantier pour donner à ce football endormi le remède qui lui convient, on apprenait que ces cercles profitaient de la querelle MJS-FAF pour tenter de mettre en place un système qui ne cherche qu'à défendre des intérêts clubards au détriment de celui du football. Ce sont ces mêmes cercles qui nous ont créé des championnats «Taiwan» dans les années 90, comme les avait qualifiés un de nos confrères. Des championnats où le titre de champion d'Algérie se gagnait en coulisses plutôt que sur le terrain. Ces cercles sont toujours là et veulent placer leur mot au risque de mettre, pour de bon, sous terre le football algérien. Pendant ce temps, les clubs veulent, a-t-on lu, se faire entendre alors qu'ils savent que si aide il doit y avoir à leur égard elle ne peut émaner que de l'Etat. Ces clubs-là se sont extasiés pour avoir reçu un petit lopin de terre d'à peine un hectare sur lequel, et ils sont les premiers à le savoir, ils ne pourront jamais ériger un centre de formation, ni une base d'entraînement. On aurait tellement aimé que ces clubs nous mijotent un plan de redressement de la discipline et nous en fassent connaître les grandes lignes. Il y a, à peine, quelques années, un expert algérien en marketing sportif et en droit du commerce, avait déclaré à ces mêmes présidents de clubs, réunis par le MJS, que ce n'était pas avec eux que le football algérien pourra aller vers le professionnalisme. Alors qu'ils se lamentent pour n'avoir pas reçu assez d'argent dont on sait qu'il est consacré, en majorité, pour payer des joueurs sans talent, les centres de formation sont quasi-inexistants et nos sélections nationales en pâtissent. Parmi lesquelles l'équipe nationale A, la vitrine du pays et de son football qui n'a, bien sûr, pas eu droit à la fête en Allemagne. Comme le mauvais élève, elle est restée au piquet. Et au rythme où évoluent les choses ce n'est pas demain qu'elle reprendra sa place dans la classe des «grands» ou même dans celle des «moyens».