La Ligue des Etats arabes a été créée le 22 mars 1945, quelques jours avant la capitulation de l'Allemagne nazie le 8 mai 1945. Les peuples colonisés qui ont servi de chair à canon n'en verront pas la contrepartie. Ce fut le déclic qui mènera vers la liberté. C'est le cas de l'Algérie qui était en effervescence et rêvait déjà d'indépendance. Une revendication qui couvait au sein de l'Organisation régionale dont l'objectif était l'affirmation de l'unité de la «nation» arabe en gestation et l'indépendance de chacun de ses membres. Ses premiers jalons furent posés en 1944 lorsqu'un projet de fédération des Etats arabes a été soumis par l'Egypte. La conférence d'Alexandrie tenue du 25 septembre au 7 octobre 1944 accouchera du Protocole d'Alexandrie, qui esquissera les contours de la future Ligue arabe. Elle signera son acte de naissance le 22 mars 1945 moins de deux mois avant les massacres du 8 mai 1945 en Algérie qui ont fait 45.000 morts alors que la question palestinienne sera ancrée en son coeur. Le protocole sanctionnant la conférence d'Alexandrie, à laquelle prendront part sept pays arabes (Egypte, Irak, Arabie Saoudite, Transjordanie, Liban, Syrie et Yémen du Nord), sera à l'origine de la création de la Ligue arabe et contiendra, en effet, une «résolution spéciale» concernant la Palestine. Que dit-elle? «La Palestine constitue une partie importante du monde arabe et que les droits des Arabes en Palestine ne peuvent être touchés sans porter atteinte à la paix et à la stabilité dans le monde arabe.» soulignent les rédacteurs du document. On était encore loin des implantations sauvages des colonies juives et des expropriations massives des populations palestiniennes par l'entité sioniste encore en quête d'un Etat. Un Etat de fait contre lequel la Ligue arabe s'est avérée impuissante, minée elle-même dès ses premiers balbutiements par des positions diamétralement opposées. À titre d'exemple la coalition égypto-saoudienne favorable aux questions d'indépendance se heurtait à l'axe jordano-irakien plus coopératif avec l'Empire britannique encore maître de nombreux mandats et protectorats (Soudan, Palestine, Emirats...). Des divisions qui allaient s'exacerber dans le cadre des luttes anticolonialiste et de la guerre froide. Deux blocs se dégageront. Il y aura le bloc progressiste celui proche de l'ex-Urss (Egypte, Syrie, Algérie, Libye...) qui apportera, notamment, un soutien inconditionnel aux mouvements révolutionnaires en quête d'indépendance en Afrique, et celui qui s'alignera sur les Etats-Unis (Arabie saoudite, Maroc, Emirats...) dont les positions étaient taxées d'impérialistes. Un clivage qui s'atténuait significativement toutefois lorsqu'il était question de la cause palestinienne. Les deux guerres menées par les pays arabes en 1967 et en 1973 en sont l'illustration. 1973 sera aussi l'année du premier choc pétrolier et verra une conférence des rois et chefs d'Etat arabes qui se tiendra à Alger. Parmi les décisions «chocs» de ce sommet, la rupture des relations diplomatiques, consulaires, culturelles et économiques (avec un embargo pétrolier) avec les Etats colonialistes, ségrégationnistes. Le Portugal, la Rhodésie et l'Afrique du Sud, en subiront les conséquences alors que le soutien aux mouvements de libération, sera accru. Une particularité de la Ligue arabe qui dès ses débuts dirigera son action contre le colonialisme européen dans la région, français et britannique notamment. Elle considérera l'entité sioniste comme exogène au monde arabe et soulignera par conséquent l'illégitimité de son existence. La signature des accords de Camp David par l'Egypte avec l'Etat hébreu finira par diviser les rangs arabes. Elle verra l'exclusion de l'Egypte de la Ligue en 1979 et le siège de l'organisation sera déplacé du Caire à Tunis. Le bannissement d'un de ses membres les plus puissants durera plus d'une décennie. L'Egypte ne sera réintégrée au sein de la Ligue qui retrouvera son siège au Caire que le 10 septembre 1990. Depuis, elle a vécu au rythme de la guerre du Golfe, de la guerre en Syrie, au Yémen et des normalisations des relations de certains de ses membres avec l'entité sioniste. Ce qui n'a fait que lézarder un peu plus ses rangs. Les réunifier est l'objectif assigné au 31ème Sommet de la Ligue arabe qu'abritera Alger ce 1er novembre...