L'eau, c'est la vie, l'avenir et peut-être une source de conflit, au futur. Les officiels sont-ils assez avertis sur l'importance de préserver cette richesse pour les générations futures? A-t-on assez fait pour protéger cette source? Le monde est-il en danger? Telles sont les principales questions ayant poussé Laurent Charlet, professeur de bio-nano-géochimie de l'eau à l'Institut des sciences de la terre (IST) - université de Grenoble- Alpes, a organisé une conférence enrichissante sur l'eau, à Constantine, sous le thème «Eau, ville, énergie: un enjeu de civilisation». Il était l'hôte de l'Institut français de la même ville, jeudi dernier. Il a animé sa conférence devant une importante assistance composée, notamment, de spécialistes et de cadres universitaires, en présence de la directrice de l'IF, Charlotte Aillet. Durant plus d'une heure, ce spécialiste, qui maîtrise parfaitement le sujet, a abordé plusieurs volets concernant, entre autres, son traitement et son recyclage, des techniques à utiliser, des mécanismes à mettre en oeuvre. On retient, comme souligné dans en résumé, que «l'eau est au coeur du développement des civilisations et toute notre intelligence doit être mise à contribution afin de traiter sa pollution, son recyclage et par là même, éviter la fin de cette civilisation». Autrement dit, sans eau, c'est la fin de la civilisation. Dans son intervention, il a également avancé que «l'eau est au centre d'enjeux énergétiques» à titre d'exemple l'utilisation de l'eau dans «l'exploitation du gaz de schiste, du nucléaire et de l'agriculture». Concernant le dernier point, il explique que «les importations de blé sont de l'eau virtuelle». Ce liquide vital est également utilisé dans l'industrie (les gigafactories et leur gigasoif), proposant, à ce titre, une meilleure utilisation de cette richesse en créant «la ville imperméable» qui doit redevenir «ville-éponge». Une technique pratiquée par les Chinois, lors des grandes constructions et qui devait, selon lui, être utilisée en Algérie. Le conférencier a ajouté que «dans un contexte de stress hydrique, qui affecte non plus seulement la diagonale de la soif, de Tanger à Pékin, mais désormais une grande partie de l'Europe, il faut utiliser l'énergie solaire». Celle-ci, a-t-il fait remarquer «est très abondante en Algérie». Pour ce spécialiste, il est, à l'évidence, indispensable de «décontaminer l'eau produite par ces différents acteurs par les moyens de filtration sur des minéraux ou des matériaux biosourcés» et par des mécanismes technologiques, «la stocker en souterrain». Un concept, note le conférencier, «développé, depuis des millénaires, dans les oasis». En outre, il préconisera l'opération du « recyclage à 80-100%, comme cela est mis en oeuvre dans les grandes villes soumises au stress hydrique maximum que sont Oman ou Los Angeles». À ce propos, il dira que la ville de Los Angeles de l'Etat de la Californie ressemble, de par son climat, au sud de l'Algérie d'où le concept ou la possibilité d'appliquer les mêmes techniques.