Ainsi le tarif de la ligne Blida-Alger grimpe de 38 à 45 DA et celui de Boufarik-Alger passe de 25 à 30 DA ce qui nous donne une augmentation de 20%. Le prix kilométrique passe de 0,50 à 0,80 centime. Les transporteurs argumentent cette hausse par le fait qu'ils sont livrés à la concurrence et pour bien justifier cet argument, une lettre affichée dans tout bus, signée du directeur chargé de la réglementation au niveau du ministère des Transports explique à l'Union nationale des transporteurs suite à une demande d'augmentation des tarifs, que «le secteur du transport urbain n'a pas été fixé à ce jour selon ses dispositifs et par conséquence l'article 95-06 du 25 janvier 1995 relatif à la concurrence n'est plus pris en considération , ainsi tous les prix de ce secteur sont désormais libres». Par cette réponse du représentant du ministère, les transporteurs mettent dos au mur les usagers du transport public et les contraignent à payer plus, sans pour autant améliorer la prestation de service, l'excès de vitesse, la surcharge, le non- respect des arrêts et autres anomalies qui sont la pratique au quotidien des transporteurs. «Nous ne sommes pas dupes pour avaler cette mascarade, il ne s'agit que d'une arnaque bien cococtée», explique Hamid, la quarantaine qui fait la navette entre Blida et Alger depuis plus de 15 ans. «Concurrence dite-vous? quelle concurrence? C'est de l'anarchie totale, le syndicat des transporteurs, bien sûr, profite de la conjoncture et surtout de la faiblesse des autorités et à leur tête le ministère des Transports pour dicter sa loi», a-t-il ajouté. En effet, depuis cette augmentation des tarifs du transport, on enregistre plusieurs prises de bec entre citoyens qui refusent de payer cette augmentation et les receveurs du bus. Souvent ça tourne mal entre les protagonistes et des scènes choquantes et désolantes se produisent, qui nécessitent parfois l'intervention de la Sûreté nationale. «Le transport me coûte cher très cher, il représente le tiers de mon salaire. Où va-t-on comme ça?», s'interroge un père de famille, habitant Blida et qui fait la navette chaque jour à Alger pour aller travailler. Malgré le nombre de transporteurs de la ligne Blida-Alger et Boufarik-Alger qui compte plus de 120 bus, le citoyen souffre toujours du manque du transport surtout en fin de journée. Après 18h, c'est le désert à la gare de Tafourah ; étudiants et travailleurs se bousculent pour arracher une place dans un taxi collectif. «Après certaines heures de l'après-midi, les transporteurs ne rentrent plus à Alger, ils stationnent à Bir Mourad Raïs (la Côte) car la majorité ne paie pas le droit d'accès à la gare routière de Tafourah, ils préfèrent attendre les clients à Bir Mourad Raïs (la Côte) mais le prix est toujours le même, ils font la loi», nous explique un usager du transport public qui accuse les autorités de fermer les yeux sur le comportement des transporteurs. «Ils ne reculent devant rien et ne respectent personne, leur intérêt prime», intervient une jeune étudiante qui était obligée de prendre un taxi à Bir Mourad Raïs pour pouvoir prendre le bus pour Blida. Devant cet constat amer que vit le citoyen qui emprunte le transport public chaque jour, il est urgent que les autorités, jusqu'ici absentes, réagissent avec fermeté pour faire face au diktat des transporteurs qui gagnent chaque jour du terrain.