S'il est suspendu ce ne sera qu'une sanction symbolique puisqu'il est déjà en retraite. C'est aujourd'hui à 10h30 locales (9h30 en Algérie) que Zineddine Zidane sera entendu par les membres de la commission de discipline de la Fifa au sujet de l'incident de la finale de la Coupe du monde qui avait vu le joueur franco-algérien se faire exclure du terrain après avoir asséné un coup de tête dans la poitrine du joueur italien Marco Materazzi. Pour la circonstance, Zidane se déplacera à Zurich, où se trouve le siège de la Fifa et il sera accompagné par le président de la Fédération française de football, M.Jean-Pierre Escalette et par le directeur général adjoint de cette même fédération en tant que chargé des affaires juridiques, M.Jean Lapeyre. L'audience du capitaine de l'équipe de France auprès de la commission de la Fifa intervient après celle de Materazzi qui a été entendu le vendredi 14 juillet à Zurich. Aucune information n'a filtré sur la teneur de cette audience même si la fédération italienne était autorisée à en parler. En somme, c'est jusqu'ici le black-out total sur cette affaire et elle continue à alimenter les spéculations aujourd'hui après l'audience de Zidane qui se déroulera à huis clos. D'autant que la confrontation entre les deux joueurs a été annulée. La commission de discipline de la Fifa, composée de 19 membres et présidée par le Suisse Marcel Mathier, se contentera d'écouter la version de Zidane puis elle se réunira dans l'après-midi pour statuer sur le cas des deux joueurs. Cependant, elle se réserve le droit de procéder à de nouvelles auditions, voire à une confrontation entre les deux hommes si elle estime «avoir besoin de plus d'informations», souligne la Fifa. Son travail consistera a établir des recoupements entre les différentes versions que ses membres ont entendues. Elle sera, surtout, tenue de cibler la vérité sur ce qui s'est passé le 9 juillet sur la pelouse du stade de Berlin. Notamment pourquoi Zidane, dont le geste est condamnable, a-t-il été amené à frapper Materazzi et à prendre le risque d'une exclusion en finale de Coupe du monde qui plus est à quelques minutes de la fin de celle-ci et de son départ en retraite? Le Franco-Algérien l'a dit dans une interview accordée aux chaînes de télévision Canal+ et TF 1: «Materazzi a tenu des propos très graves se rapportant à ma mère et à ma soeur. J'aurais préféré recevoir un coup dans la gueule que de les entendre. C'est pour cela que je demande à l'opinion publique de m'excuser pour ce que j'ai fait. Mais je tiens à affirmer que je n'éprouve pas de regret pour mon acte car si j'avais des regrets cela voudrait dire qu'il avait raison de me dire des mots blessants. Il est vrai que mon geste est condamnable, mais il convient de se demander pourquoi j'ai été amené à le faire. C'est-à-dire que s'il y a eu réaction de ma part c'est que parce qu'il y a eu provocation de la part de Materazzi. Il ne faut, donc, pas se focaliser sur celui qui réagit. Celui qui provoque est le plus blâmable car sans provocation il n'y a pas réaction». Durant l'interview en question, il n'a pas été question de propos à caractère raciste. Toutefois, lorsque l'interviewer lui indique que si ce que lui a dit Materazzi était en rapport avec les révélations de la presse britannique qui a tenu compte du rapport d'un expert en lecture labiale selon lequel Materazzi aurait déclaré à Zidane qu'il «n'était que le fils d'une sale pute terroriste», le joueur n'a pas démenti et s'est contenté d'un «ben, oui». C'est autour de ces révélations que la commission de la Fifa aura le plus à plancher et si l'infraction de nature raciste est prouvée, le défenseur le l'Inter Milan, qui se défend d'avoir tenu de tels propos, risque un minimum de cinq matches de suspension, une interdiction de stade et une amende d'au moins 10.000 francs suisses (6600 euros). En ce qui concerne Zidane, la sanction qu'il encourt est une suspension de deux matches et une amende minimale de 5000 francs suisses (3300 euros). Sanction symbolique puisque le joueur est parti en retraite depuis la finale du Mondial. Il pourrait, en plus, se voir privé du titre de meilleur joueur de la Coupe du monde de 2006, comme l'a laissé entendre le président de la Fifa, M.Joseph Blatter. Cette affaire vient, par ailleurs, de voir le défenseur de l'équipe de France, Lilian Thuram, prendre la défense de son capitaine et ouvrir la voie à une polémique puisque Materazzi ne s'est pas empêché de lui répondre. Dans une interview accordée à l'hebdomadaire culturel français Les Incorruptibles, Thuram a déclaré: «Un joueur comme Materazzi, c'est une maladie, ça ne devrait pas exister. Cela fait longtemps que je pense ça. Materazzi donne une image négative du football et il n'a pas besoin de ce type d'attitude parce que c'est plutôt un très bon joueur (...). Le football, c'est un jeu et on respecte les règles du jeu. Cela sert à quoi de gagner si on a triché? A rien.» Thuram regrette, en revanche, le geste de Zidane qui a provoqué son exclusion à la 110e minute de la rencontre perdue par la France face à l'Italie. «Il s'est trompé et il le sait, affirme-t-il. Je ne pense pas que son geste ait eu une incidence sur le résultat du match, pour être clair. Mais bon, Zidane sait qu'il s'est fait piéger.» «Materazzi a insulté sa famille, ajoute Thuram. Je comprends que Zidane ait réagi. Mais pas sur le terrain, pas sur le terrain...». En réaction à cette déclaration, Materazzi a estimé que «Thuram aurait mieux fait de souligner que ce n'est pas la première fois que Zidane commet certaines erreurs, plutôt que de chercher un alibi à tout prix, en m'accusant avec les habituels lieux communs» et a ajouté: «Dans le passé, j'ai aussi été le premier à faire des erreurs et cela ne sert à rien de défendre quelqu'un juste pour le principe».