Le sommet de l'Opep+ se tiendra le 2 février par visioconférence. Le marché ne semble pas perturbé outre mesure par ce rendez-vous mensuel. Les cours de l'or noir poursuivent leur marche en avant. Hier vers 11h15, heure algérienne, le prix du baril de la mer du Nord pour livraison en mars, dont c'est le dernier jour de cotation, s'affichait à 90,73 dollars. Soit une progression de 0,78% par rapport à la précédente séance. À New York, le baril de West Texas Intermediate pour livraison le même mois, était en hausse de 0,58% à 87,32 dollars. Les bruits de bottes en Ukraine, la guerre au Yémen qui a exacerbé les hostilités au Moyen- Orient associés à une offre jugée de plus en plus insuffisante, contribuent à cette remarquable hausse des prix. Ceux du Brent de la mer du Nord ont augmenté de quelque 13 dollars, depuis le début de l'année 2022, se hissant ainsi à leur niveau d'octobre 2014. «Une demande robuste, associée à des tensions géopolitiques et à une mentalité de l'Opep visant à alimenter l'offre au goutte-à-goutte, ont tous soutenu une tendance à la hausse», résume Victoria Scholar, analyste pour Interactive investor. Le cartel «devrait s'en tenir à l'augmentation de production prévue» du volume total de production, à savoir de 400000 barils/jour, pronostique Neil Wilson, analyste chez Markets.com. «Nous n'excluons pas complètement une hausse plus importante, compte tenu des prix élevés du pétrole», jugent, au contraire, les analystes de Capital Economics. Les paris sont ouverts. Il faut rappeler que l'Opep et ses alliés, dont la Russie avaient décidé, au mois d'avril 2020, de réduire leur production de près de 10 millions de barils/jour, pour stopper le plongeon des prix, avant de procéder à une coupe de 7,7 millions de b/j à partir du 1er août de la même année, jusqu'à fin décembre 2020. Ils ont mis ensuite 350000 barils/jour supplémentaires sur le marché, en mai et juin, 441000 barils à partir du 1er juillet puis 400000 barils/jour, chaque mois depuis août 2021, jusqu'en février 2022. Un rythme qui devait se poursuivre jusqu'en septembre 2022. Une stratégie qui s'est appuyée sur le succès de l'accord d'Alger, conclu le 28 septembre 2016, lors de la 170e réunion extraordinaire de la Conférence de l'Opep qui s'est tenue dans la capitale algérienne. Ce qui a ouvert la voie à la Déclaration de coopération (DoC) historique, entre les pays membres de l'Organisation et les principaux pays producteurs de pétrole non membres de l'Opep, à travailler ensemble dans l'intérêt d'une stabilité durable du marché du pétrole. Ce qui est le cas actuellement. Il serait donc étonnant que l'Opep+ joue avec le feu en décidant d'une offre plus conséquente que prévue. D'autant plus que les Américains dont le niveau actuel des prix du pétrole ne convient pas, ont menacé de recourir à leurs réserves stratégiques pour les faire baisser. L'administration américaine dispose de moyens pour faire face à la hausse des prix de l'énergie, avait déclaré, le 6 novembre 2021, Joe Biden. Une sortie médiatique suite à la décision de l'Opep et de ses partenaires, dont la Russie, de ne relever leur production que de 400000 barils/jour pour le mois de décembre de l'an dernier. Une augmentation jugée insuffisante par le locataire de la Maison-Blanche pour satisfaire la demande. Je ne m'attends pas à ce que l'Opep réponde (à la demande), que la Russie et/ou l'Arabie saoudite réponde. Ils vont pomper un peu plus de pétrole. Est-ce qu'ils pompent suffisamment de pétrole est une autre histoire, avait déclaré Joe Biden qui avait indiqué que son administration discuterait du dossier: «Nous pouvons obtenir plus d'énergie dans les oléoducs au sens figuré comme propre», avait-il révélé, alors que le baril se situait juste au-dessus des 80 dollars. Il ne serait donc pas étonnant de voir les Américains se braquer de nouveau. Une donne qui ne préoccupe pas outre mesure, pour le moment le baril qui file droit vers les 100 dollars...