L'acharnement contre les cibles civiles et infrastructurelles exprime un certain désarroi. Le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow, a déclaré, hier, que les USA ne faisaient pas de planification militaire avec les Israéliens, mais n'acceptent pas le statut actuel du Hezbollah qui se met en position d'affaiblir le gouvernement du Liban et menace de déstabiliser la région. Un argument qui cautionne, sans le dire, les exactions commises par l'armée d'Israël mettant à genoux un pays qui a mis plus de vingt ans pour se reconstruire après l'invasion de 1982 par ce même agresseur. En détruisant les infrastructures du Liban, Ehud Olmert, le nouveau leader de l'Etat sioniste, vise plusieurs objectifs militaires. La destruction des capacités militaires de la résistance libanaise représentée par le Hezbollah, est l'objectif principal de l'agression sauvage qui se poursuit depuis maintenant dix jours. La reconstruction de l'armée régulière libanaise sur des bases unionistes et son organisation autour de la défense du territoire, laissent le champ libre à la résistance au Sud-Liban d'activer dans cette région sensible, ce qui semble être un consensus sur le partage des rôles dans ce pays surveillé de près par l'ennemi de toujours, et irrite au plus haut point l'état-major de Tsahal. Le Hezbollah, qui a pour bras armé la résistance islamique, mobilise autour de lui quelque 40.000 guerriers entraînés et prêts à la confrontation. Son arsenal militaire est basé essentiellement sur sa force de frappe mobile de lance-missiles et une expérience avérée dans les combats au sol. Mêlant les techniques de la guérilla à sa capacité de technologie de pointe en matière d'armement en missiles de courte portée, le Hezbollah est arrivé à tenir tête à l'une des armées les plus puissantes au monde et disposant d'un réseau de renseignements ultramoderne avec des satellites d'espionnage et des collaborateurs dans le camp ennemi qui a fait ses preuves dans la série d'assassinats de leaders politiques et militaires en Palestine. Une stratégie qui s'est avérée impuissante face à l'organisation et la discipline dans les rangs du parti de Nasrallah. Les attaques dites «chirurgicales», terme inventé pour camoufler les massacres perpétrés, n'ont eu aucun effet sur le déroulement des opérations militaires. Israël donne l'impression de mener la guerre à un ennemi invisible mais omniprésent dans ses répliques et attaques en profondeur du territoire israélien, contraignant deux millions de ses citoyens à se terrer dans les abris et fuyant les zones exposées aux tirs de missiles. La capacité de nuisance du Hezbollah s'est, aussi, vérifiée sur le front maritime qui a enregistré la destruction d'une corvette israélienne, obligeant sa flotte de guerre à s'éloigner des eaux territoriales libanaises et se taire malgré elle. Ces éléments prouvent que la confrontation est loin d'être une simple parade de l'armée sioniste dans la région. L'acharnement contre les cibles civiles et infrastructurelles exprime un certain désarroi d'une puissance militaire agressive devant un mouvement de résistance imprévisible. Se forgeant un capital de nuisance qui, s'il ne menace pas Israël dans son intégrité territoriale, met fin à une certaine idée d'invincibilité qui s'est dessinée dans l'esprit du monde arabe vaincu dans plusieurs guerres. Mieux encore, il contraint Israël à réfléchir à deux fois avant de pénétrer sur le territoire libanais. Brouillant ainsi les cartes du jeu auquel s'adonne l'armée israélienne et ses parrains.