Les Etats-Unis d'Amérique ont exprimé hier leur inquiétude quant au nombre grandissant de victimes civiles des bombardements israéliens contre le Liban. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a en effet déclaré, en marge de son entretien au département d'Etat avec le patriarche maronite libanais Nasrallah Sfeir, qu'elle est « inquiète pour les Libanais ». Mme Rice estime que son pays travaillait « très dur à tenter de minimiser l'impact du conflit actuel sur le peuple libanais ». A travers cette déclaration, intervenant au bout du huitième jour de l'agression sans précédent israélienne sur le Liban et qui s'est soldée par la mort de 310 personnes dont 280 civils, les Etats-Unis tentent d'apaiser l'opinion internationale qui les accuse d'avoir cautionné le génocide israélien au Liban. Sinon pourquoi l'administration Bush, qui juge que les missiles israéliens tuent plus de civils innocents que de « terroristes du Hezbollah » pour reprendre son qualificatif, s'oppose toujours à un cessez-le-feu tant demandé par les Libanais et la communauté internationale ? Le président George W. Bush a affirmé antérieurement qu'Israël est en état de légitime défense et qu'il a « le droit de se défendre ». Ainsi, il est clair que le gouvernement Olmert a eu le quitus américain pour détruire le Liban, se servant, bien sûr, du fallacieux prétexte que ces attaques visent le Hezbollah qui a dû enlever trois soldats hébreux. D'ailleurs, un haut responsable américain, cité par le New York Times, dans sa livraison d'hier, a confirmé que l'administration américaine a donné son accord préalable à cette agression qui semble s'inscrire dans le temps. En effet, le New York Times a révélé dans son édition d'hier que Washington aurait donné son feu vert pour la poursuite des bombardements pendant une autre semaine. Y aura-t-il de cessez-le-feu par la suite ? Difficile de le dire. Le Washington Post a rapporté hier les propos d'un autre responsable américain critiquant sous le couvert de l'anonymat la « stratégie militaire israélienne » qui, à ses yeux, ne permettra aucunement d'obtenir la libération des trois soldats israéliens enlevés par le Hezbollah. Selon ce responsable anonyme, les Etats-Unis se montrent « impatients » et non pas prêts « à jouer avec la vie d'innocents » et ils auraient même signifié aux Israéliens que leur bénédiction prendra fin. Quand ? Peut-être dans une semaine, peut-être dans quinze jours, peut-être plus. Selon la stratégie et les objectifs tracés par les laboratoires du Bush junior. Mme Rice, elle, ne compte pas se rendre ces jours-ci dans la région. Elle trouve que le moment n'est pas encore opportun. « Elle est en train de décider quel sera le meilleur moment pour y aller », a déclaré hier le porte-parole du département d'Etat, McCormac. Mme Rice veut donc faire sa tournée « quand ce sera le plus efficace ». Selon toute vraisemblance, Mme Rice se déplacera le jour où la Maison-Blanche décidera du cessez-le-feu, ce qui n'interviendrait pas avant que les objectifs de cette agression ne soient atteints. En attendant, les Etats-Unis, qui considèrent le Hezbollah et le Hamas comme « organisations terroristes », font la fine bouche sur les massacres à huis clos opérés par l'armée israélienne à Ghaza et au Liban. Cautionnant ouvertement les forfaits de son « protégé » Israël, le président Bush n'a pas hésité à faire porter le chapeau à l'Iran et à la Syrie qui, selon sa théorie, ont « inspiré » les attaques du Hezbollah contre Israël. Il accuse aussi Damas de vouloir rétablir son emprise sur le Liban. « Cela peut être fait internationalement en disant clairement à la Syrie qu'elle doit cesser de soutenir le Hezbollah. La Syrie essaye de revenir au Liban, selon moi », a-t-il indiqué lundi. Le président américain est allé jusqu'à présenter son allié Israël comme victime des attaques « terroristes » du Hezbollah en disant que « la cause fondamentale de cette instabilité actuelle est le terrorisme et les attaques terroristes contre un pays démocratique ». Pour lui, une partie de « ces attaques terroristes » est inspirée par des pays comme la Syrie et l'Iran. Bush trouve même que le seul moyen de surpasser cette crise est que « le monde doit s'occuper du Hezbollah, de la Syrie et continuer d'œuvrer pour l'isolement de l'Iran ». Mais à travers ses propos, il vise beaucoup plus la Syrie. « Un cessez-le-feu qui maintiendrait intacte une infrastructure terroriste serait inacceptable », a-t-il dit. Il a à maintes reprises dénoncé les attaques « gratuites » du Hezbollah contre Israël sans, par contre, condamner les bombardements israéliens ayant ciblé des civils. Ainsi, pour lui, la racine du problème est le Hezbollah qui doit remettre définitivement les armes. « La Syrie doit faire en sorte que le Hezbollah cesse de semer la merde et ce sera fini », a-t-il déclaré encore une fois lundi. Le peuple libanais reste ainsi l'otage des calculs américains.