Le monde entier regarde, stupéfié, la démesure israélienne au Liban et dans les territoires palestiniens occupés, sans pour autant réagir à hauteur de l'événement. La perception de la situation au Proche-Orient est parfaitement traduite par les réactions de la «communauté internationale» d'une manière générale, américaine plus particulièrement qui accable les peuples agressés tout en se gardant de rappeler l'Etat hébreu à ses devoirs. Il en est ainsi du président Bush qui n'ose demander à Israël, qui commet au Liban et dans la bande de Ghaza de véritables crimes de guerre, ce qu'il exige en revanche des Palestiniens et du Hezbollah libanais. Le président américain, qui se trouvait en Russie pour prendre part au sommet du G8 qui s'est ouvert hier à Saint-Pétersbourg, a souhaité que l'Etat hébreu «épargne les populations civiles» (les civils Libanais sont les seules victimes des raids israéliens avec plus de 70 morts et des centaines de blessés) mais se refuse de «faire pression» sur Israël pour qu'il «stopp» ses opérations au Liban, indique le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow, qui explique: «Le président ne va pas prendre de décisions militaires pour Israël». Si M.Bush se garde de prendre des décisions militaires pour Israël, il n'a pas les mêmes scrupules dès lors qu'il s'agit de la résistance palestinienne ou du Hezbollah libanais, qu'il sommait hier de «déposer les armes» et de cesser ses «attaques» sur Israël. Dans le même temps, le chef de l'administration américaine appelle Damas à «exercer son influence» sur les miliciens libanais pour les «convaincre» de cesser de lancer des opérations contre Israël, refusant pour sa part d'exercer ‘'l'influence'' qu'ont les Etats-Unis sur Israël pour l'amener à raison garder et à éviter les destructions et raids qui ne contribuent nullement à préserver l'avenir. Cette perception unilatérale des droits des uns, ceux d'Israël -qui sont surdimensionnés- et d'autres, ceux des Palestiniens, notamment, -qui sont sous-estimés pour ne pas dire qu'ils n'en ont point- dans le conflit israélo-arabe est l'une des raisons qui font que le contentieux entre Israël et les Arabes n'a jamais pu trouver de solutions équitables du seul fait de la prétention d'Israël de régler le dossier proche-oriental à sa seule convenance, faisant fi des revendications palestiniennes, en particulier, en continuant à occuper les territoires palestiniens, faisant de la sorte, obstacle à la création de l'Etat palestinien que, nous dit-on, la communauté internationale appelait de ses voeux et notamment le Quartette (USA, UE, ONU et Russie) chargé de mettre en oeuvre un plan de paix devant aboutir à l'existence de deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte. Depuis trois ans, le Quartette tente de faire avancer ce processus de règlement du conflit israélo-palestinien, sans succès, du fait que le projet bute sur l'obstination d'Israël à imposer sa propre lecture au plan de paix international comme au gel de la rétrocession de territoires palestiniens occupés au profit de l'Autorité autonome palestinienne, conformément aux accords signés entre les deux parties. En gelant ses retraits, en construisant le «mur» en Cisjordanie -qui empiète en profondeur sur le territoire palestinien- considéré comme illégal par la Cour internationale de Justice, CIJ, en élargissant les colonies juives de peuplement en Cisjordanie, Israël à en réalité mis tout en oeuvre pour rendre impossible une solution acceptable pour les deux parties. Et si aucune solution n'est envisageable en l'état actuel des choses c'est bien du fait que la «communauté internationale», qui a placé Israël sur un piédestal, refuse de faire pression sur lui et de lui rappeler ses devoirs et engagements envers le droit international d'une part, le respect du principe universel de l'échange de «la terre contre la paix» appliqué ces dernières décennies dans tous les conflits de même nature et ayant trait à la décolonisation dans le monde, d'autre part. Or, Israël, qui occupe les territoires palestiniens, les fermes de Chebaâ au Liban et le plateau du Golan en Syrie, prétend avoir la paix et la sécurité sans pour autant céder ces terres. En ne le détrompant pas sur une politique à courte vue, qui ne sert aucunement les intérêts d'Israël, la «communauté internationale» et singulièrement les Etats-Unis -qui passent sous silence tous les diktats de l'Etat hébreu- ont quelque part contribué au maintien de l'instabilité et de la précarité dans cette région qu'un rien pouvait embraser, comme cela eut lieu il y a près de trois semaines dans la bande de Ghaza et depuis cinq jours au Liban. Les Nations unies, totalement discréditées dans le dossier du Proche-Orient et la «communauté internationale» portent en fait l'entière responsabilité de la nouvelle escalade dans la région qui met en péril la vie de milliers de citoyens Libanais et Palestiniens, outre celles des Israéliens. Aussi, en refusant de faire pression sur la seule puissance organisée du Proche-Orient, Israël, en le protégeant par l'usage excessif de son veto -en dépit des exactions connotées à des crimes de guerre que l'armée israélienne commet contre les Palestiniens et les Libanais-, les Etats-Unis, principal parrain du processus de paix, portent en fait une grande responsabilité autant dans l'impasse actuelle du plan de paix international dit de la ‘'Feuille de route'' que dans les violences cycliques qui mettent en danger la paix et la sécurité au Proche-Orient. Pour tout dire, en prenant fait et cause pour l'un des belligérants du contentieux israélo-palestinien, les Etats-Unis, unique grande puissance mondiale, ont délaissé leur rôle et les responsabilités qu'une telle position leur incombe dans le maintien de la paix et la stabilité dans le monde.