Il avait été l'une des plus grandes figures de l'histoire de la discipline. Aïssa Draoui n'est plus. L'information est dure mais elle est réelle. L'enfant de Skikda s'en est allé samedi soir à l'hôpital psychiatrique de Djebel Ouahch de Constantine où il avait été admis en urgence, le 13 juillet dernier, à la suite d'une nouvelle crise. Selon certaines informations, Aïssa avait été déjà victime d'une crise de ce genre, il y a 13 ans de cela, et il avait réussi à la surmonter pour mener une vie presque normale. Celle du 13 juillet dernier aurait été celle de trop. Avec son décès, c'est tout le football algérien qui est en deuil tant Aïssa a marqué de son empreinte cette discipline sportive. Il était le technicien que tout le monde voulait admirer, le joueur aux dribbles chaloupés qui avait émerveillé des générations de fans. Enfant de Skikda c'est à la JSMS locale qu'il avait d'abord fait parler de lui mais c'est au Mouloudia d'Alger, qu'il avait rejoint au début des années 70, qu'il avait éclaté. Au milieu d'un effectif riche en individualités tels Betrouni, Bachi, Bencheikh, Zenir et autres Bousri, il était parvenu à se hisser parmi les meilleurs. Sur son aile gauche, il était un adversaire redoutable pour tous les défenseurs qui le retrouvaient sur leur chemin. Son talent ne pouvait qu'attirer, alors, l'attention du sélectionneur national de l'époque, à savoir Rachid Mekhloufi, qui l'avait appelé en équipe nationale avec laquelle il allait être du groupe qui devait remporter la médaille d'or du tournoi des Jeux méditerranéens de 1975. Son palmarès international ne devait pas s'arrêter là puisque une année plus tard, il participait à la victoire du Mouloudia d'Alger en Coupe d'Afrique des clubs champions, le premier trophée africain de l'histoire du football algérien. Cela intervenait après que le MCA se soit imposé, une année auparavant, en Tunisie, à la Coupe maghrébine des vainqueurs de coupe. Ajoutons, toujours au registre international, deux Coupes arabes des clubs champions. Au plan national, Aïssa Draoui a remporté, toujours avec le Mouloudia, deux titres de champion d'Algérie et deux coupes d'Algérie. Par la suite, il s'était retiré du circuit et rejoint sa ville natale où peu à peu il a sombré dans la maladie. Mais ses amis ne l'avaient pas oublié en particulier ceux du MCA qui ont pu mettre sur pied un jubilé auquel ont pris part quelques-unes des plus grandes figures du football algérien. Employé du complexe pétrochimique (CP1K), il avait réussi à surmonter les problèmes qui se dressaient devant lui. Sa dernière visite dans la capitale remonte à février 2006 où il avait répondu à une invitation de ses anciens coéquipiers du Mouloudia à l'occasion de la création de la Fondation Braham Derriche. Le geste l'avait tellement ému qu'il avait fondu en larmes. Malheureusement, la maladie l'a poursuivi et l'a rattrapé une nouvelle fois. Pour une ultime fois. Il était âgé de 56 ans. Abdelkader Drif, un homme qui l'a bien connu pour avoir été son président lors du sacre africain du MCA en 1976 a dit de lui qu'il «était un des monstres sacrés de notre football, un de ces footballeurs comme on n'en retrouve plus tellement de nos jours. Le football algérien vient assurément de perdre l'une de ses plus grandes figures». En cette pénible circonstance, le collectif de L'Expression tient à présenter à la famille du défunt ses sincères condoléances et à l'assurer de sa profonde compassion.