Aïssa Draoui, le «Garrincha» du football algérien, l'un des meilleurs dribbleurs de tous les temps, a rendu, hier, son dernier soupir, sur un lit d'hôpital. Il était âgé de 56 ans. Dépressif depuis des années, l'ancien «gaucher» de rêve a été transféré le 13 juillet dernier de Skikda, sa ville natale, à l'hôpital psychiatrique Djebel Ouahch de Constantine où des soins intensifs lui ont été prodigués. Son enterrement est prévu cet après-midi à Skikda. La vie de Draoui était dédiée aux autres, sur des terrains où il mariait football et magie, prouesses et sorcellerie avec un ballon de football devenu un confident qu'il aimait dorloter. Au football, Draoui, ce natif de Skikda parti plus tard au Mouloudia d'Alger, a tout donné. Balle au pied, il a transpercé des murailles pourtant infranchissables. Comme celles de la France en finale des Jeux méditerranéens en 1975 ou alors celle de Hafia Conakry, une année plus tard en finale de Coupe d'Afrique des clubs champions. Balle au pied, Draoui faisait aussi comme les sorciers brésiliens dans leur jardin de Maracana. Son jardin à lui, fut le 5 juillet. Là, où avec les Betrouni, Bachi et autres Bachta, il cueillait les plus belles fleurs pour les offrir à ses supporters : des buts, des dribbles et des sensations fortes qui n'ont d'égal que l'étendue d'un talent hors pair, malheureusement vite mis aux oubliettes, une fois l'âge de la retraite arrivé. Devenu simple ouvrier au complexe pétrochimique de Skikda, Draoui a vécu, depuis, une longue et insoutenable descente aux enfers. Une vie suspendue à une prise quotidienne de calmants. Affaibli par la maladie et par l'oubli, Draoui a vu son état se détériorer de jour en jour. Son état dépressif s'est accentué ces dernières semaines et rares étaient les fidèles qui se rendaient à son chevet. Adieu l'artiste !