Y a-t-il encore des illusions à se faire sur une position arabe commune? Que s'est-il passé à la conférence des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe? Selon une source algérienne digne de foi, les jeux étaient faits d'avance. Il y avait eu collusion entre l'Egypte, la Jordanie et le royaume d'Arabie Saoudite en vue de faire capoter toute position arabe commune et de reporter sine die le sommet des chefs d'Etat arabes. La position des pays précités, par ailleurs proches du théâtre des opérations et ayant du poids sur l'échiquier de la région, était ostensiblement alignée sur celle de Washington et de Tel-Aviv, certainement sur un coup de téléphone de George W.Bush. Notre source ajoute que pour ce qui est de l'Algérie, la position était claire. La délégation algérienne avait reçu l'instruction d'aller aussi loin que possible dans une position arabe commune, entre autres à la tenue d'un sommet arabe qui prendrait des résolutions allant dans le sens d'un soutien total au peuple libanais, même si dès le départ, et au vu de ce qui est de l'inutilité des sommets précédents, il n'y avait pas beaucoup d'illusions à se faire. Le président Bouteflika avait lui-même fait part de son scepticisme avant même l'agression israélienne contre le Liban. N'avait-il pas déclaré à Londres, devant les diplomates arabes: «Je ne crois pas à l'efficacité des sommets arabes.» Seule une poignée de pays arabes avait soutenu l'idée de la tenue en urgence d'un sommet arabe, dont la Tunisie, le Yémen, et l'Algérie. Pour le diplomate algérien, le diagnostic de notre pays sur la crise libanaise était clair ; l'opération était programmée de longue date par Israël et les Etats-Unis. Il ne restait plus qu'à arrêter le timing et à trouver le motif. Pour l'Etat juif et son allié occidental, il était clair que le Hamas avait un allié stratégique dans la région. C'était le Hezbollah libanais. Il fallait donc lui régler son compte, quitte à le faire dans un bain de sang et la destruction des infrastructures et de l'économie de tout un pays. La même analyse pourrait être faite à propos du Conseil de sécurité des Nations unies. Notre source affirme que le Conseil s'était heurté dès le départ au veto américain: le but étant de faire traîner les choses afin de permettre à Tsahal d'achever son oeuvre d'éradication du Hezbollah. Sachant que le Conseil de sécurité de l'ONU est capable d'adopter une résolution et de la mettre en oeuvre en une heure de temps, on voit que ses atermoiements sont volontaires. On peut citer un autre exemple où le Conseil de sécurité a adopté une position de blocage: ce fut le conflit irako-iranien dans lequel les grandes puissances de l'époque (notamment les USA et l'Urss) voulaient voir se neutraliser, voire s'autodétruire les deux belligérants. «Au Caire, affirme notre source, j'ai senti qu'il y avait dans le camp arabe un sentiment d'impuissance et d'humiliation comparable à celui de 1965.» Cela dit, l'Algérie reste disponible, ajoute notre source, pour toute prise de position arabe ou internationale allant dans le sens d'un soutien effectif et actif à l'égard du peuple libanais.