Il est temps pour l'Algérie d'avoir deux capitales à l'instar des autres pays, l'une politique et l'autre économique. La dernière déclaration du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Yazid Zerhouni sur la dégradation de la wilaya d'Alger suscite des interrogations quant à la nécessité de créer une autre ville digne d'une capitale. M.Zerhouni, qui répondait aux propositions des responsables des directions de la wilaya d'Alger par des instructions et des orientations concernant des projets vitaux de la capitale, a indiqué que cette dernière a besoin de rénover toutes ses infrastructures en matière d'approvisionnement en eau, d'hygiène, d'assainissement et de maintenance des bâtisses et des structures culturelles pour les hisser au niveau des capitales du monde ou celles de pays de même rang. Le ministre délégué chargé de la Ville, Abderrachid Boukerzaza, a reconnu pour sa part, auparavant que «la ville algérienne ne reflète pas ce qu'elle devrait être car nous n'avons pas pu maîtriser l'extension de nos villes». Il prévoit, d'ici 2025, une concentration plus importante de la population dans les villes qui atteindra les 80%. Les causes d'une telle situation sont, de l'avis du ministre, l'absence d'une politique de la ville depuis l'indépendance et le manque d'instruments de planification. Mais il confirme qu'il n'y a aucun projet de l'Etat quant à changer de capitale. Alger, actuellement, méritera-t-elle que l'on débourse des sommes colossales pour sa réhabilitation vu son état vétuste ou bien faut-il la remplacer par une autre ville? La première hypothèse est déjà confortée par un projet grandiose de développement confié à la compagnie immobilière Emmar du groupe émirati. Le groupe est appelé à développer la baie d'Alger et transformer complètement la façade maritime de la capitale du pays qui jusque-là est caractérisée par un développement anarchique de l'urbanisme et abandonnée par les responsables. Le projet de grande envergure consiste, également, à doter Alger d'hôtels luxueux, de bureaux et appartements de haut standing, d'aires commerciales de produits de luxe, d'aires de loisir qui lui donneront un «charme singulier et plein de distinction et de convivialité». Toutefois, les observateurs ont une autre vision de la motivation qui soutient la création d'une nouvelle ville plus diplomatique qu'économique. Le choix porterait éventuellement sur le projet de ville nouvelle de Sidi Abdellah, située à 25 km à l'ouest d'Alger et qui s'étend sur 2000 ha formés d'un paysage «collinaire». Le projet de ville nouvelle s'inscrit en fait dans le cadre d'une politique urbaine et d'aménagement du territoire qui a pour objectif de limiter l'hyper concentration humaine dans la capitale, génératrice de difficultés de gestion urbaine (réseaux, équipements, circulation) et mettre un terme à l'extension permanente de la ville, souvent au détriment des meilleures terres agricoles de la région. Il s'agit d'un pôle urbain complet, capable de participer au fonctionnement économique du potentiel métropolitain et de prendre en charge toutes les dimensions (économiques, sociales et résidentielles) complémentaires à celles d'Alger. Abderrachid Boukerzaza a précisé que «toutes les nouvelles villes doivent se construire à l'intérieur du pays et non sur le littoral, exception faite pour Alger». Aussi, le projet de réalisation de la nouvelle ville des Hauts-Plateaux, Boughezoul, à cheval entre les wilayas de Médéa, Djelfa et M'sila, devant accueillir près de 100.000 habitants, doit être relancé. Dans ce sens, une première enveloppe budgétaire de 170 milliards de centimes a été allouée par les pouvoirs publics au projet de la nouvelle ville de Boughezoul. Ce financement s'inscrit dans le cadre du programme de relance économique et sociale décidé par le président de la République. Boughezoul doit recevoir, selon le projet, près de 100.000 habitants répartis sur deux grands quartiers. Les premiers ensembles urbains dont les travaux seront lancés dans les meilleurs délais, selon les responsables locaux, portent sur la construction de 6000 logements. Les crédits de paiement nécessaires sont déjà mobilisés alors que le ministère de l'Habitat est disposé à accompagner ce volet avec 10.000 logements dès le lancement du projet. L'impact économico-social de ce projet sur la région, devra se traduire, selon les premières estimations, par la création de 100.000 postes de travail à partir de l'activité économique créée par la zone industrielle de la nouvelle ville ainsi que par la création d'un pole d'investissements potentiels dans la région, créateurs de richesse et de valeur ajoutée.