Les élections sont en train d'animer la scène politique régionale en Kabylie. Les partis politiques tant ceux ayant pignon sur rue que les autres qui s'essaient à faire une percée dans la région sont en pleine effervescence. Les citoyens semblent observer les choses devant cette ruée vers les listes électorales, une ruée sans précédent qui laisse souvent pantois devant cette volonté de tout faire pour être député. Des députés qui, pour la plupart, semblent sans programme et sans autre objectif que de siéger à la chambre basse. En effet, si les partis tels le FLN, le RCD, le RND et même les petites formations, ont quelque viatique politique, rares sont les indépendants qui s'embarrassent de toute cette littérature. De fait, l'essentiel des préoccupations étant la collecte des signatures de citoyens. Les forces politiques en présence Le FFS, malgré tout ce que l'on peut observer et dire, reste le parti le plus important et le plus influent dans la région ne serait-ce que grâce à l'aura de son président. M.Hocine Aït Ahmed, s'est prononcé pour un boycott actif. Un boycott qu'il mettra à profit pour aller vers les citoyens expliquer ses positions et dire le pourquoi justement de cette décision. Avant-hier et à Draâ Ben Khedda, le premier secrétaire, M.Ali Laskri, devait, lors de la commémoration du 19 Mars par la section FFS locale, dire: «Le FFS ne veut pas participer à une assemblée qui ne représente rien.» et d'ajouter que «le FFS est dans la société pour construire l'alternative démocratique et ne cédera pas à la tentation et aux tentatives de normalisation du pouvoir répressif» comme il priera «ceux qui s'occupent du boycott du FFS de faire autre chose». Le niet du FFS est expliqué par les uns et les autres comme la résultante des difficultés que connaît le parti au plan interne, mais celui qui connaît bien le fonctionnement de ce parti ne peut que sourire à pareille aberration. En effet, le parti de M.Hocine Aït Ahmed, et quels que soient les problèmes vécus, a cette faculté de renaître de ses cendres tel le phénix, diront des militants rencontrés à Tizi Ouzou. Ouali, un ancien militant de 1963 explique que «le FFS a tellement connu de coups du sort et tellement de coups portés, qu'il en est sorti plus fort que jamais! Certes, on rencontre quelques problèmes internes mais ces problèmes disent autre chose à celui qui veut bien voir, c'est que le parti est toujours dans le coeur des militants. Et puis, sachez que le FFS est un front et qui, à ce titre, regroupe des sensibilités diverses unies dans un même élan, la construction démocratique». L'autre parti qui a fait un retour en force dans la région et qui semble voler encore une fois dans un ciel bleu, est sans doute, aucun le FLN. Ce parti qui, depuis l'ouverture pluraliste a cédé la place aux partis de l'opposition en quittant les assemblées élues et en se faisant plus petit, est revenu en force depuis les locales de 2002 notamment. Les anciens militants restés malgré tout fidèles au vieux parti, ont réapparu en masse et certains continuent la lutte avec en tête, l'ancien schéma hérité de la guerre de Libération nationale. Le FLN qui a aussi eu un certain parcours chaotique notamment, avec l'épisode redresseurs et autres a su revenir et revenir en force à la faveur des locales de 2002. Aujourd'hui et contrairement aux années post-Octobre, les kasmas sont fonctionnelles et les gens recommencent à regarder le FLN comme un parti qui n'a plus rien à voir avec le parti unique. Il a son parcours et prend des décisions qui, souvent surprennent et n'agréent pas le grand nombre, mais il reste un parti algérien et rien qu'à ce titre, il a droit à l'expression et plus personne ne songe à lui refuser quoique ce soit. Le RCD est, lui, revenu de loin. Et c'est peu de le dire car à un certain moment, il ne donnait guère de lui qu'une terne image. Il a fallu que le Dr Sadi prenne son bâton de pèlerin et fasse carrément du porte-à-porte en Kabylie, expliquant ceci, défendant cela et aussi écoutant les citoyens. Durant plus d'une année, le leader du RCD a sillonné par monts et les vaux la Kabylie et a réussi, petit à petit, à remonter la pente. Après avoir accompagné un certain temps la “révolte” des archs, une façon à lui de reconquérir une place dans la société en théâtralisant les choses, le RCD a finalement abandonné cette voie pour ne plus s'intéresser qu'à la seule issue qu'il a toujours affectionnée: le retour en force sur la scène régionale en essayant au passage de faire appel à une sorte d'union ou d'unité dans l'action au FFS. En même temps, il a su se discipliner et discipliner ses ouailles et remisé au vestiaire les couteaux qui, généralement, sont prompts à se dresser face à son frère ennemi. Le RCD, qui a aussi ses problèmes internes dont la presse a rapporté quelques cas, veut en somme faire table rase du passé et aborder la nouvelle étape avec de nouvelles «dispositions d'esprit». Ces prochaines législatives seront en somme la révélation pour le RCD qui compte faire un beau score. Le RND, pour sa part, n'est pas vraiment une formation qui compte en Kabylie, même s'il est vrai que depuis quelques mois, pour ne pas dire plus, des militants commencent à affluer, nous disent certaines sources proches de ce parti. Pour essayer de faire un beau coup, le RND a fait notamment, appel à un ancien transfuge du FFS, un ‘'monsieur qui a eu ses heures de gloire et qui est parti car malmené par certaines positions politiques du FFS, ce parti qu'il avait dirigé localement notamment, du temps de la clandestinité! La liste supputée de ce parti pourrait, disent les observateurs remporter quelques sièges même si l'on affirme que le pactole sera au profit du FLN et du RCD. Le parti de M.Amara Benyounès, l'UDR, qui est en butte au problème de l'agrément, semble avoir trouvé la parade en se rapprochant de l'ANR de M.Rédha Malek. Ces deux partis se sont rencontrés lundi, à Alger, et ont essayé de voir comment faire une liste commune pouvant leur assurer quelques sièges. II faut dire que l'UDR n'active pas vraiment dans la région et que l'ANR est restée trop longtemps absente. Pour ces deux formations, il y aura bien du pain sur la planche en ces législatives. Enfin et pour ce qui est des partis islamistes ni le MSP ni El Islah ne semblent avoir retiré des formulaires de participation dans la région. II est vrai que ni l'un ni l'autre, ne sont réellement présents sur la scène locale. Le RPR et le MEN s'essaient eux aussi mais le champ politique est à investir pour ces parfaits inconnus en politique alors que certains d'entre leurs éventuels candidats tel M.Arezki About, pour le RPR, c'est un vieux loup du MCB originel. Les indépendants Les listes dites indépendantes commencent à se matérialiser. Elles étaient en tout six la semaine écoulée. La liste qui attire le plus l'attention est celle formée par les ex-délégués des archs dont Iguetouléne Mohamed de Fréha et Mazouzi Mustapha de Tizi Ouzou. Aussitôt connue l'intention de Mazouzi de participer aux élections, la Cadc lui tombe dessus dans une déclaration des plus musclées. La Cadc affirme que «ce délégué a enfreint les textes et les principes du mouvement et donc il est de fait exclu des rangs...» Alors que lui prétend qu'il a démissionné du mouvement. A cette liste, il faut ajouter les autres, dont celle menée en principe par un ex-délégué des archs de Bouzeguène, résidant à Tizi Ouzou et qui semble vouloir rééditer le coup de mai 2002. Il avait alors, largement aidé une liste, la seule d'ailleurs aux côtés du FLN et du RND à l'époque, à se présenter. Les indépendants semblent assez mal lotis face aux partis, question organisation de la campagne et aussi en moyens financiers. Pour eux, ce sera certainement la croix et la bannière et rares seront ceux d'entre eux qui pourront battre campagne aussi facilement que les partis. On prétend que la Kabylie a tourné le dos aux partis. Cette demi-vérité est prise pour argent comptant par les petites formatons qui essaient de se glisser dans les interstices et aussi par les indépendants qui pensent que parce que la presse a parlé d'eux un certain moment, qu'ils peuvent très bien s'offrir un siège à l'APN, Mais il est une vérité bonne à dire: c'est qu'il est loin de la coupe aux lèvres. Les législatives qui, en Kabylie, semblent animer la scène, sont suivies avec un certain recul et aussi un malin amusement par les populations. On observe les appétits qui s'aiguisent et surtout on évalue les chances des uns et des autres. Au final, on donne les listes indépendantes au bas du tableau. La Kabylie est une région où il est des plus difficiles et arracher un siège, n'est pas une mince affaire. Plus que dans les autres régions, le profil politique des candidats est sérieusement épluché, comme est aussi épluchée la capacité du postulant. Pour l'heure, les candidats encore largement inconnus du vaste public piaffent d'impatience et attendent le moment d'aller se mesurer sur la scène. Si les uns appréhendent ce test car connaissant bien les choses, d'autres, car novices, font confiance à quelques promesses polies. Le cas des anciens députés qui ont profité d'une certaine atmosphère en mai 2002, est des plus difficiles. Ceux ayant émargé dans les partis seront en fait évalués dit-on notamment au FLN, par la direction nationale alors que les autres, ceux dits indépendants, n'ont, en fait, et pour une large partie, pas marqué leur mandat de manière significative. Pour tous, ils ont donné cette impression vraie ou fausse d'avoir été un simple décor. D'où cette difficulté pour les listes indépendantes de capter peu ou prou les votes citoyens. Les choses qui commencent à peine à bouger fourniront plus de détails une fois la campagne officiellement lancée.