Tout en tentant de minimiser ses pertes, le commandement militaire israélien reconnaît la force de frappe du Hezbollah. L'armée israélienne ne cesse d'enregistrer de lourdes pertes de l'avis même du ministre de la Défense israélienne, Amir Peretz. Ce dernier admet même la force de frappe du Hezbollah. Les médias israéliens et la politique suivie contre les peuples palestinien et libanais tentent de jouer un rôle dans l'incitation et dans le bouleversement des réalités et des conceptions, en criminalisant la résistance libanaise et justifiant les crimes israéliens couverts, sous prétexte de paix et de sécurité internationale. A entendre les responsables israéliens et leurs relais médiatiques, les pertes causées par le Hezbollah sont dérisoires. A titre d'exemple, au moment où la chaîne de TV qatarie Al-Jazeera fait état, mercredi, de treize soldats israéliens tués, la radio israélienne annonçait que 13 soldats israéliens ont été «touchés». Depuis le début de l'agression, le commandement militaire israélien tente de faire le black-out sur ses pertes. Par cette guerre de communiqués Israël tente de dissimuler sa déconvenue ainsi que les pertes subies et de sauver la face aux yeux de l'opinion israélienne. Dans ce sens, les responsables israéliens multiplient les déclarations rassurantes. Néanmoins, la réalité du terrain est tout autre. L'armée israélienne qui croyait venir à bout du Hezbollah en quelques jours a vite fait de déchanter et de revoir à la baisse ses objectifs initiaux. Un constat soutenu par le spécialiste militaire Reuven Pedatzur qui affirme: «Le haut commandement a fait croire au gouvernement que la bataille ne prendrait que quelques jours, soit qu´il ait été mal informé par les Renseignements militaires soit qu´il ait mal interprété les informations». Pour ce spécialiste israélien «cette erreur de conception est le reflet du mépris de l'adversaire». Chose ayant entraîné, selon le même spécialiste, «une impréparation flagrante des unités israéliennes envoyées au combat». Ce chercheur qui met en exergue les faux calculs d'Israël souligne: «Il est inconcevable qu´il ait fallu cinq jours à deux régiments entiers appuyés par l´artillerie et l´aviation pour surmonter, au prix de lourdes pertes, la résistance d´une centaine de combattants du Hezbollah à Bint Jbeil», place forte du Hezbollah au Liban-Sud. Tout en tentant de minimiser ses pertes, le commandement militaire israélien admet néanmoins la force de frappe du Hezbollah et les pertes subies par Israël tant au plan humain que matériel. Chose qui a amené la défense civile israélienne à hausser le niveau d'alerte au centre du pays, jusqu´à Tel-Aviv. La population doit désormais y rester à portée d´abri, pour s´y engouffrer dès que les sirènes annonceront l´approche de missiles. A Haïfa et dans le nord du pays, les habitants -près d´un million d´âmes- ont pour ordre de ne pas sortir. Un «état spécial» officialisé par le ministère de la Défense, même si cet état a été officieusement décrété la semaine dernière. L'armée israélienne qui croyait mater le Hezbollah en un clin d'oeil est en train d'enregistrer des pertes jamais subies auparavant dans ses différentes guerres contre les pays arabes. En outre, toutes les guerres israélo-arabes n'ont pas dépassé les six jours alors que la résistance libanaise entame son dix-huitième jour. Confronté aux pertes grandissantes de l´armée de terre au Liban, le cabinet de sécurité du ministère de la Défense israélienne tente d'intensifier ses frappes aériennes contre le Hezbollah au Liban-Sud. L´objectif est de minimiser les pertes des forces terrestres. Sur ce point, le chef d'état-major, Dan Haloutz reconnaît que «le Hezbollah est toujours en mesure de tirer des roquettes contre Israël». Pour la première fois depuis des décennies, soulignent les analystes, Israël est confronté à un ennemi qui désarçonne par sa capacité de riposte: en cinq jours, sont tombés quelque 1500 obus et roquettes, dont les frappes sur Haïfa et le missile guidé par radar qui a réussi à frapper un destroyer israélien au large de Beyrouth et à tuer quatre de ses hommes alors que ce destroyer était à la pointe de la technologie de guerre et faisait la fierté de la force navale israélienne. Aussi, la situation morale israélienne semble évoluer d'heure en heure au point de sentir l'inquiétude grandissante de la population de laquelle il est exigé de ne point quitter ses bunkers. Signe d'un lendemain incertain pour Israël qui a sous-estimé les capacités et la ténacité de son adversaire libanais.