Américains et Britanniques rejettent l'idée de Casques bleus. George Bush et Tony Blair ont, encore une fois, rejeté un appel au cessez-le-feu, pourtant réclamé par la majorité de la communauté internationale. Ils estiment que «les conditions ne sont pas encore réunies pour qu'un tel cessez-le-feu soit durable». Mieux, Bush indique qu'il s'est mis d'accord avec Blair pour l'envoi immédiat d'une force d'interposition dans la région. Loin de Washington, où les deux hommes trinquent et s'échangent des clins d'oeil complices, à New-York, Kofi Annan se prend au sérieux. «Nous allons réunir un groupe de pays qui pourraient être des contributeurs potentiels d'une future force internationale au Liban, dit-il. Ce seront des discussions préliminaires car nous n'avons pas encore de mandat du Conseil de sécurité». Les ministres des pays membres du CS de l'ONU pourraient se rencontrer lundi pour discuter d'une résolution, annonce-t-il. Les USA seront représentés -à la rencontre de lundi- par Nicholas Burns, numéro trois du département d'Etat, dont le porte-parole, Tom Casey, a déclaré que les soldats de cette force, «si elle était autorisée par le CS, ne porteraient pas nécessairement les casques bleus habituels des missions de paix onusiennes». «Il reste à décider si cette force portera un casque bleu, un drapeau de l'Otan ou l'emblème d'une autre force multinationale. L'important est que des troupes compétentes soient en place aussi rapidement que possible», ajoute-t-il. Mais pour quoi faire? La réponse sort de la bouche de Bush: «Une force multinationale aidera à accélérer la distribution d'aide humanitaire, faciliter le retour des personnes déplacées et aider le gouvernement libanais à exercer sa pleine souveraineté sur l'ensemble de son territoire et à protéger ses frontières». Contre qui? Israël a rejeté samedi l'idée d'une trêve des combats de 72 heures au Liban, proposée la veille par le coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU, Jan Egeland, pour évacuer les blessés et acheminer vivres et médicaments dans la zone de conflit, rapportent les agences. S'agissant du second point, Condoleezza Rice retourne dans la région pour «travailler avec les dirigeants d'Israël et du Liban pour saisir l'occasion de parvenir à une paix et une stabilité durables pour les deux pays», affirme Bush. Rice devait rencontrer samedi le Premier ministre israélien Ehud Olmert, le ministre des Affaires étrangères israélien Tzipi Livni et le ministre de la Défense Amir Peretz, a indiqué sous couvert de l'anonymat un responsable du département d'Etat. Comme la dernière fois, la visite d'hier était accompagnée de la folie meurtrière israélienne, marquée par des bombardements aveugles de civils sans défense au Sud-Liban. Selon The Guardian, Blair et Bush devaient examiner une résolution en deux phases. «Israël et le Liban accepteraient un cessez-le-feu, et une force multinationale de taille réduite se déploierait, permettant le retrait de l'armée israélienne du Liban. Dans un second temps, une force multinationale de 10.000 à 20.000 hommes serait chargée de mettre en oeuvre la résolution 1559 de l'ONU sur le désarmement des milices chiites du Hezbollah». La lecture syrienne est sans ambages. Une force de stabilisation internationale au Liban, notamment souhaitée par les Etats-Unis, «occupera le Liban-Sud» et «sera chargée d'éradiquer la résistance libanaise en lieu et place d'Israël», a affirmé le quotidien gouvernemental syrien Techrine dans son édition de samedi, qui estime que la force sera probablement constituée d'effectifs de l'Otan. Le ministre des Affaires étrangères finlandais, Errki Tuomioja, dont le pays exerce la présidence tournante de l'UE, a indiqué que les pays européens «fourniront la plus grande partie de cette force multinationale». Comme il suppose que la France pourrait prendre le commandement de cette mission. L'UE semble privilégier le plan Siniora. Le chef du gouvernement libanais avait présenté un plan de sortie de crise à Rome. Mais il s'est heurté au refus américain. L'administration de Bush veut désarmer le Hezbollah, par tous les moyens, quitte à exposer Israël à des attaques beaucoup plus meurtrières. Mais on ne sait combien de temps tiendra Israël face à la farouche contre-attaque de la résistance libanaise.