La Russie a revendiqué, hier, le «succès» de sa récente offensive dans l'est de l'Ukraine, à l'heure où Kiev s'attend à une attaque russe d'ampleur et réclame que l'Occident augmente et accélère son aide militaire. Les autorités ukrainiennes estiment en effet que Moscou prépare un nouvel assaut aux alentours du 24 février, date anniversaire de la campagne ordonnée par Vladimir Poutine mais qui a vu l'armée russe opérer un repli stratégique dans l'est et le sud à l'automne. Depuis janvier, l'armée russe, épaulée par les paramilitaires du groupe Wagner et renforcée par des centaines de milliers de réservistes mobilisés depuis septembre, est repassée à l'offensive, en particulier dans le Donbass, région de l'est dont Moscou a opéré par référendum l'intégration à son territoire. «Actuellement, les combats évoluent avec succès dans les zones» de Bakhmout et Vougledar, a affirmé le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, selon un communiqué publié à l'issue d'une réunion avec les cadres de l'armée et de son ministère. Il a cité les récentes conquêtes de sept localités dont Soledar, une ville voisine de Bakhmout où les forces ukrainiennes ont dû se replier en janvier après des combats meurtriers. Choïgou a en outre mis en garde l'Occident contre un accroissement de son aide militaire à l'Ukraine, qui pourrait selon lui «conduire à un niveau imprévisible d'escalade» du conflit. «De telles mesures entraînent les pays de l'Otan dans le conflit et peuvent conduire à un niveau imprévisible d'escalade», a-t-il dit. Les observateurs s'accordent à prédire que la Russie prépare une offensive majeure à la fin de l'hiver ou au début du printemps, avec au minimum comme objectif de conquérir tout le Donbass. Pavlo Kyrylenko, gouverneur ukrainien de la région de Donetsk où se trouve Bakhmout, a lui reconnu que la situation devenait très difficile à Bakhmout, dans un entretien publié, hier, par radio Svoboda. S'il assure que «le maximum est fait pour empêcher» la chute de la ville, il a cependant ajouté que les soldats ukrainiens «ne seront pas utilisés comme de la chair à canon» pour tenir coûte que coûte la cité. Samedi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait reconnu que la situation se «compliquait» sur le front, notamment à Bakhmout, que l'armée ukrainienne défend depuis l'été. La prise de cette ville ouvrirait la voie à une offensive russe vers Kramatorsk, principale ville du Donbass encore sous contrôle ukrainien. Quelque 150 kilomètres plus au sud, Moscou est également à l'offensive sur Vougledar, à proximité d'un noeud ferroviaire desservant l'est et le sud occupé du pays. Dans le nord du Donbass, les Russes sont également en train de presser leur adversaire, dans une zone reconquise par Kiev en septembre. Face aux demandes pressantes de Kiev depuis des mois et après avoir longtemps hésité de peur de provoquer une escalade, Américains et Européens ont récemment décidé d'envoyer des dizaines de chars lourds pour que l'Ukraine puisse «mieux s'opposer à une offensive russe» et organiser la sienne. Leur nombre reste cependant en deçà des attentes de Kiev. Et les Occidentaux continuent de refuser de livrer des avions de combats. Les Etats-Unis ont en revanche promis des armements dotés d'une portée allant jusqu'à 150 km, que Kiev réclamait pour «pouvoir frapper loin derrière le front les dépôts de munitions et les lignes d'approvisionnements russes». Le calendrier de livraison reste cependant flou. L'Ukraine manque d'hommes et de munitions pour prétendre faire face à l'armée russe qui a largement l'avantage sur le terrain malgré les livraisons continuelles d'armement lourd des alliés occidentaux.