«Si on doit passer outre le jeu démocratique lors du renouvellement des mouhafadhas nous le ferons.» Le FLN a fait sien l'adage populaire qui recommande de s'abstenir dans le doute. Partagé entre la voie démocratique et la méthode des nominations pour la seconde partie du renouvellement de ses structures, le parti majoritaire a décidé de renvoyer le renouvellement des mouhafadhas à la rentrée prochaine. «Etant en période de congés, nous préférons renvoyer l'opération à la rentrée prochaine», a indiqué Abdelkrim Abada, membre de la direction exécutive chargé de l'organique. Le report a été confirmé par le porte-parole du parti, Saïd Bouhedja. «L'opération de renouvellement des mouhafadhas n'est pas aussi compliquée que celle des kasmas, nous pouvons la ficeler en une semaine» a-t-il rassuré. Cependant, les directives qui devaient définir le mode de renouvellement des mouhafedhs sont à chaque fois retardées par le secrétaire général de l'instance exécutive, Abdelaziz Belkhadem. «A ce niveau de responsabilité, la problématique ne se pose pas en termes de temps mais en termes de qualité du personnel qui sera à la tête des mouhafadhas» a insisté Abdelhamid Si Affif, un des membres les plus actifs au sein de l'actuelle direction du parti. «Nous avons joué à fond la carte démocratique lors du renouvellement des kasmas. La démocratie a, elle aussi, ses bégaiements et je dois avouer que dans certains cas, les résultats ne correspondent pas à ce qu'attendait la direction du parti», a-t-il regretté avant d'annoncer: «Au vu de ces résultats, si on doit passer outre le jeu démocratique lors du renouvellement des mouhafadhas, nous le ferons au niveau du parti». Le ton sûr et tranchant de Si Affif résume la problématique qui se pose pour la direction du FLN au dernier virage du renouvellement de ses structures. En sourdine, la guerre est féroce entre les différentes tendances du parti. L'enjeu est: qui contrôlera les mouhafadhas? Le poste de mouhafedh permet en effet de peser très lourd dans les nominations à la candidature aux élections aussi bien au niveau local que pour la députation. «Le premier problème à régler est cette façon de voir par le prisme des élections les postes de responsabilité politiques aussi bien pour les kasmas que pour les mouhafdhas. Je crois qu'il faut absolument se détacher du côté strictement électoraliste, il faut rompre ce semblant de lien ombilical avec les échéances électorales», a soutenu Si Affif. A quelques mois des élections législatives, les appétits se réveillent au FLN. Les tentatives d'alliance se font et se défont chaque jour dans les coulisses du parti. Les clivages qu'aucune volonté de réconciliation n'a pu effacer ont été dévorés par la voracité électoraliste des différentes tendances du FLN. On n'entend plus parler des pro-Benflis ou des redresseurs. La place est aux conciliabules et aux alliances...même avec le diable d'hier pour gager le fauteuil de demain. Ainsi va le FLN, ainsi va la politique.