Les armes des Palestiniens sont destinées à assurer la sécurité interne. «Le Hezbollah est un fruit de toute une résistance qui existait depuis 1968, date de la première bataille gagnée sur Israël, et nous commençons à manger de ce fruit.» Cette expression est de l'ambassadeur de Palestine à Alger, intervenant hier lors d'une rencontre avec la presse, au forum du quotidien El Youm. Abderezak Selmène ne mâche pas ses mots, en déclarant que les Palestiniens des camps des réfugiés ont alimenté le Hezbollah en armes en 1982, mais sous un contrat officiel avec l'Etat libanais. Lequel accord stipule que les armes des Palestiniens sont destinées à assurer la sécurité interne. Les calculs de l'ambassadeur sont clairs. C'est une phrase qui explique, même indirectement, la contribution des Palestiniens dans l'actuelle résistance libanaise «représentée par le Hezbollah». Mais l'orateur utilise parfois des messages directs et sans détours tels: «Le Hezbollah est à la fois une résistance libano-palestinienne.» Un autre son de cloche sonne à l'oreille. Se référant à l'année de la remise des armes au Hezbollah, mettant en exergue que cela s'est produit sous un cachet officiel, l'ambassadeur voulait sans l'ombre d'un doute, éviter des mauvaises interprétations. Il revient, à nouveau, à la charge afin de préciser que le Hezbollah est une résistance qui représente tout un peuple et un Etat, «mais loin d'être une partie et/ou un Etat dans un Etat.» Interrogé, dans la foulée, sur une possible alimentation syrienne et iranienne en armes au Hezbollah, le conférencier dira que la position des deux pays ne peut être autre qu'un simple soutien à une résistance, loin d'être des bases arrières du Hezbollah. Ainsi, selon lui, ni la Syrie ni l'Iran ne sont concernés par le conflit libano-israélien, mais plus exactement une propagande américaine destinée à la consommation internationale. Son Excellence écarte même l'éventualité que la guerre soit élargie aux deux pays, l'Iran et la Syrie. Mais cette hypothèse n'est-elle pas permise après les déclarations du président Bush à l'encontre des deux pays, les qualifiant de bases arrières du Hezbollah? L'ambassadeur palestinien considère que l'acharnement israélien contre le Liban obéit à la logique US de faire appliquer la disposition 1559 «qui va dans le sens de désarmer le Liban et pousser la Syrie hors des frontières libanaises». Le plan américain, à en croire l'ambassadeur de Palestine, a débuté lorsque Rafik Hariri fut assassiné. Les grands perdants dans l'affaire de son assassinat sont le Liban et la Syrie, tandis qu'l'Israël sort «grand gagnant», pense l'ambassadeur. Le résultat de toute cette guerre, les régimes arabes sont mis à nu, mais l'orateur dira qu'il est incorrect de condamner tous les pays arabes. Il annonce immédiatement que les deux causes libanaise et palestinienne souffrent d'une solidarité arabe suffisante. Il ira encore plus loin en affirmant que le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a enterré lui-même le plan de paix. Appelé à être plus explicite sur le plan US au Proche-Orient, l'orateur n'est pas de ceux qui disent qu'il s'agit bel et bien de l'application du GMO (Grand-Moyen-Orient). Car, de son avis, le GMO a des objectifs beaucoup plus économiques qu'autre chose. Selon lui, il n'est question que de faire appliquer la disposition 1559, tout en tournant le dos à la 1515 qui stipule la construction de l'Etat palestinien. Interrogé sur le différend Abbas-Hamas, l'ambassadeur a laissé entendre que cela est dû, tout en minimisant l'affaire, à une simple différence dans certaines position, à l'instar de la reconnaissance de l'Etat israélien. «Nous considérons néanmoins que le Hamas est une partie indivisible et tout problème se règle dans le cadre d'une discussion responsable». Il ajoute sur sa lancée que «la Palestine a besoin d'une diplomatie intelligente afin de concrétiser les attentes des Palestiniens». La couleur est annoncée, l'ambassadeur ne veut pas jouer sur la corde de la lutte armée choisie par le Hamas. C'est là, justement, les raisons du différend Abbas-Hamas et l'acharnement US contre le Hamas.