Il est difficile de définir le Hezbollah. Ses alliés, internes ou externes, le présentent comme un « mouvement de résistance face à l'ennemi sioniste ». Ses adversaires, en Israël et en Amérique notamment, le qualifient d'« organisation terroriste aussi dangereuse que la nébuleuse Al Qaîda ». D'autres le présentent comme une organisation paramilitaire solidement équipée. Qu'en est-il exactement ? Le Hezbollah, qui signifie en arabe « parti de Dieu », est une milice islamiste chiite soutenue, depuis longtemps, par l'Iran et la Syrie. Officiellement, il est né le 16 février 1985. Mais les historiens s'accordent à dire que sa première apparition publique remonte au 22 novembre 1982, c'est-à-dire quelques mois après l'invasion israélienne du Liban qui, faut-il le rappeler, a débuté le 6 juin de la même année. Pour essayer de comprendre la nature profonde et l'identité idéologique du Hezbollah, il faut remonter aux circonstances de sa création. Il faut souligner, d'emblée, que la ferveur suscitée par la révolution iranienne (1978-1979) et l'occupation israélienne du Liban (1982) furent les deux événements clés qui ont concouru à la naissance du Hezbollah. En 1979, les pasdarans, ou les gardiens de la révolution iranienne, débarquent au Liban pour exporter la « révolution iranienne ». Ils y étaient accueillis par Mohamed Hussein Fadhlallah qui, avec l'aide des Iraniens, a réussi à structurer la mouvance islamiste libanaise autour d'une nouvelle organisation politico-militaire dénommée le Hezbollah. Mohamed Hussein Fadhlallah sera l'inspirateur idéologique et le guide spirituel du mouvement naissant et Hassan Nasrallah deviendra, quant à lui, dirigeant effectif et le chef opérationnel des milices. Militairement, le mouvement islamiste Hezbollah possède des armes en quantité et en qualité pour donner du fil à retordre aux Israéliens. Il détient des roquettes et des missiles de portée moyenne. Mais sa principale force de frappe réside dans son recours aux techniques de la guérilla. Les spécialistes estiment que les milices de Hezbollah sont les seules, dans le monde arabe, qui ont compris la nature du conflit et utilisé la guérilla à bon escient. En effet, si l'on s'en tient à la réalité du terrain, l'organisation de Hassan Nasrallah dirige ses attaques exclusivement contre des objectifs militaires. Elle n'entreprend jamais des actions visant des populations civiles, comme le faisait l'armée d'occupation. Le Hezbollah, qui a souvent agi comme une armée professionnelle et dans une logique de guerre conventionnelle, a été salué avec admiration et respect y compris par ses adversaires politiques au Liban. « Lorsque deux armées s'affrontent et que le rapport de forces est très déséquilibré, l'alternative qui reste au plus faible est le recours à la guérilla », a déclaré, à l'époque, le président Emile Lahoud en réponse à une plainte des Américains à propos du Hezbollah. La technique du mouvement a, en effet, donné ses fruits en mai 2000, lorsque, traqués, les Israéliens décident de se retirer du Sud-Liban qui sera totalement contrôlé par le mouvement chiite. Ce dernier en est sorti victorieux, grandi, redouté et sa popularité renforcée. Cela est d'autant plus vrai que c'est la première fois que l'Etat hébreu quitte un territoire arabe sans préalable ni négociation. Bien que le Hezbollah ait gagné sa toute première guerre, il a, toutefois, refusé de déposer les armes, malgré les pressions exercées notamment par les Israéliens et les Américains. Cheikh Hassan Nasrallah se justifie en rappelant que l'arsenal de guerre que détient le Hezbollah ne sera jamais utilisé contre les Libanais. La résolution 1559 est ainsi rejetée par les combattants qui ont estimé que « le Hezbollah ne désarmera pas, même si Israël se retire des fermes de Chebaâ car il n'existe aucune garantie contre d'éventuelles agressions ». Tout en restant sur ses gardes, le Hezbollah, qui cherche à s'assurer une existence légale, s'est fondu, depuis, dans le paysage politique libanais. Le mouvement présente des candidats aux élections et il s'est parfaitement intégré dans le jeu politique. Certains analystes sont allés jusqu'à dire que « le Hezbollah est plus qu'un parti et moins qu'un Etat ». En effet, en raison de ses succès dans la résistance contre Israël, de ses actions sociales et humanitaires et de son organisation, le parti de Hassan Nasrallah est devenu, depuis les élections municipales de mai 2004, la principale force politique au Liban. Cette position a été d'ailleurs confortée par les élections législatives du mois de mai 2005. Cependant, depuis l'assassinat de Rafik Hariri, le débat sur le désarmement du Hezbollah a, encore une fois, refait surface. Mais il a toujours refusé d'obtempérer.