Trois pics de consommation en milieu de journée ont été enregistrés en Algérie durant le mois de juillet. Les coupures de courant enregistrées durant le mois de juillet sont le fait de l'accumulation de «l'énergie réactive» que génèrent les appareils de climatisation installés par les administration et les ménages. Selon les estimations de la Sonelgaz, plus de 200.000 climatiseurs ont été branchés dans le courant de l'année 2006. Du coup, alors que l'entreprise publique avait prévu une progression de 10% de l'énergie réactive, celle-ci a fait un bon de 25%. «Cet état de fait a amené le rapport énergie active énergie réactive de 60 et 40% en faveur de la première», a indiqué hier le P-DG de Sonelgaz lors d'un déjeuner-débat avec la presse. «Ce n'est pas un problème de déficit en production», a tenu à expliquer M.Bouterfa qui relève que le problème de «l'énergie réactive» se pose à toutes les compagnies d'électricité de par le monde. EDF Enregy, qui gère le réseau électrique britannique s'est vue obligée de couper le courant dans de nombreux quartiers de Londres pour cause d'utilisation importante de climatiseurs. Le même phénomène s'est également produit à Nice en France pour les mêmes causes. En Algérie, Sonelgaz a dû faire face à trois pics de consommation en milieu de journée, le 3 juillet, le 22 juillet et le 31 juillet dernier. Phénomène nouveau dans un pays qui, d'habitude, enregistre un fort appel en consommation en soirée. L'explication tient du fait qu'en période de grande chaleur, ce sont les climatiseurs qui font l'essentiel de la consommation et comme ce sont des machines qui produisent de «l'énergie réactive», cela se ressent sur la capacité du réseau, ce qui oblige Sonelgaz à couper le courant pendant les moments de forte demande. En d'autres termes, après avoir solutionné le problème de déficit en électricité survenu en 2003, la compagnie publique d'électricité et de gaz aura à gérer un nouveau phénomène, propre aux sociétés développées. Pour régler le problème de cette «énergie réactive», Sonelgaz devra mettre la main à la poche et investir quelque 20 milliards de DA dans de nouveaux équipements à Alger, Oran et Constantine, pour gérer la situation à l'été 2007. Cela équivaut à dire que Sonelgaz investira plus de 2000 DA pour chaque climatiseur installé. Un état de fait qui pousse le P-DG à estimer nécessaire de faire payer d'une manière ou d'une autre les propriétaires de climatiseurs. «Nous réfléchissons aux moyens de faire participer ces consommateurs à financer cet excès d'énergie réactive, en intervenant sur la facturation de l'électricité». Et pour cause, les installations qui seront mises en place n'auront d'autre fonction que de stabiliser le réseau électrique en cas de pics, ce qui n'interviendra que quelques jours dans l'année. De plus, ce genre d'installation fait prendre le risque d'une surtension sur le réseau, ce qui obligera les agents de Sonelgaz à faire preuve de beaucoup de vigilance. Toujours sur la question de la facturation, M.Bouterfa révèlera que son entreprise n'a toujours pas reçu de réponse à sa demande de révision des tarifs d'électricité à la hausse. L'on apprendra que le tarif pratiqué actuellement est inférieur de 35% au coût réel de l'électricité. En tout état de cause, une hausse du prix de cette énergie est indispensable, selon le P-DG de Sonelgaz, si l'on veut améliorer la qualité de service. Et pour cause, M.Bouterfa signale qu'en 2006, un agent de Sonelgaz gère en moyenne 500 abonnés alors que le rapport était de 1 agent pour 100 abonnés en 1970. Quant au phénomène de piquage d'électricité, il a progressé de 250 kilowatts annuellement durant les années 70 à 1000 kilowatts actuellement. Cela donne une idée de l'ampleur du phénomène pour une entreprise qui produit 6000 mégawatts. L'on apprendra enfin que Sonelgaz a raccordé au réseau électrique plus de150.000 foyers pour cette seule année 2006 et à peu près autant pour le gaz de ville. A ce propos, il y a lieu de signaler l'action de Sonelgaz qui prend sur elle de financer le raccordement au gaz pour les abonnés en milieu rural sous forme de prêt sans intérêt remboursable sur 5 à 7 ans.