Sonelgaz a été surprise par le nombre impressionnant de climatiseurs mis en exploitation cette année, selon son PDG, Nourredine Boutarfa, qui s'exprimait au cours d'un déjeuner-débat avec des journalistes. « Ce n'est pas la demande qui nous inquiète, c'est les MVAR (mégavolt-ampère-réactif) », nous a indiqué le responsable de Sonelgaz. « On estime à 200 000 le nombre de climatiseurs injectés dans le réseau en plus », a-t-il ajouté pour souligner les effets importants que vit le réseau depuis le début de cet été notamment au centre du pays. En plus de l'énergie qu'ils consomment les climatiseurs entraînent un appel de puissance réactive qui opère un changement dans la tension, changement qui peut provoquer des dégâts en déstabilisant le réseau avec des coupures instantanées. Dans une note d'information, la société estime que « les conditions météorologiques, notamment l'augmentation particulière des températures observées durant le mois de juillet 2006, ont eu un impact important sur le fonctionnement du système production-transport de l'électricité, notamment en termes d'appel et de consommation de puissance réactive et de tenue du plan de tension général. En effet, la canicule constatée depuis fin juin-début juillet 2006 a été à l'origine de pics de consommation très élevés en puissance active et surtout en puissance réactive. Cette dernière est liée directement à l'utilisation accrue d'équipements à moteurs et compresseurs, comme les équipements de climatisation ». Selon le premier responsable de Sonelgaz qui répondait à une question sur le manque de prévisions en la matière puisque le phénomène de la canicule n'est pas nouveau et que le développement de l'utilisation des climatiseurs a été déjà constaté l'année passée, Sonelgaz avait misé sur une augmentation de 10% de MVAR par rapport à 2005. Une norme importante pour un pays émergent. Or il s'avère que l'augmentation a été plus importante que prévue. Les causes seraient l'utilisation qui devient massive des climatiseurs avec la baisse des prix et surtout le fait que les produits de mauvaise qualité favorisent l'achat et ont un effet négatif sur la consommation d'électricité et sur celle de la puissance réactive. Le responsable de Sonelgaz est formel, il n'y a pas de délestage, mais des actions de sauvegarde du réseau. Pour Sonelgaz, « ces actions de sauvegarde peuvent être à certains moments des actions de réduction de la demande de certains clients en vue de maintenir le fonctionnement du système électrique dans les conditions acceptables ». Le mois de juillet 2006 a connu des pics de consommation active et réactive très importants, notamment durant la journée et en soirée, selon une note d'information de Sonelgaz. Par rapport au mois de juin 2006, l'écart est de 200 à 250 MW, soit l'équivalent de 50% de la puissance de la centrale du Hamma. Durant la journée du 31 juillet, le pic de consommation enregistré en pointe le matin a été de 5242 MW et le soir de 5485 MW. Les augmentations dans les pics de consommation de puissance active sont d'environ 10% à 11% en 2006 par rapport à 2005. Pour la consommation de puissance réactive, l'augmentation dans l'appel de puissance réactive entre 2005 et 2006 a été de 14% (3 juillet), 25% (12 juillet) et 18% (30 juillet). Durant la journée du 31 juillet vers 14h, l'augmentation de l'appel de puissance réactive a été de 400 MVAR, soit près de 15% (de 2700 à 3100 MVAR). Des chiffres qui sont nettement supérieurs aux prévisions de Sonelgaz qui avait tablé sur 10% d'augmentation. Quelles sont les solutions pour surmonter ce problème et éviter des coupures qui occasionnent beaucoup de gêne ? Le responsable de Sonelgaz évoquent l'investissement qui va être fait pour l'achat et l'installation de condensateurs. Le montant de l'investissement serait d'environ 30 millions d'euros avec un délai de réalisation situé entre 10 et 12 mois. Un investissement pour mettre en place une nouvelle capacité de 400 MW serait nécessaire pour pallier le déficit de production en cas de rupture. Ainsi un simple calcul nous indique que pour chaque climatiseur injecté dans le réseau, Sonelgaz doit investir environ 30 millions de centimes. Un aspect qui a amené le PDG de la société à estimer que pour arriver à la vérité des prix et permettre à Sonelgaz d'investir et de répondre à la demande future, il fallait une augmentation des tarifs de l'ordre de 35%. Toutefois, la demande d'augmentation déposée auprès de la CREG situe cette augmentation à environ 15%. La CREG n'a pas encore répondu à cette demande. Par ailleurs, et pour raccorder 150 000 à 200 000 foyers au gaz de ville, Sonelgaz va initier une opération avec la Banque nationale d'Algérie qui consiste à octroyer des prêts remboursables sur 7 ans. Le prêt qui sera accordé serait de l'ordre de 50 000 DA. Ces clients ne sont pas branchés car ils ne disposent pas de ressources alors que le réseau est prêt à être mis en service. Le prêt aidera à brancher le foyer et à acquérir des appareils au gaz de ville.