Situé en Afrique de l'Ouest sur l'océan Atlantique, le Nigeria est le pays le plus peuplé du continent avec quelque 216 millions d'habitants selon l'ONU (2022). Près d'un Nigérian sur deux vit sous le seuil de pauvreté, selon le gouvernement. Le pays devrait devenir en 2100 le deuxième le plus peuplé au monde derrière l'Inde, prévoit le Lancet, tandis que Lagos, la capitale économique, serait à la même date la ville la plus peuplée au monde, selon d'autres estimations. Le Nigeria totalise 250 groupes ethniques et linguistiques, dont trois grandes ethnies: les Haoussa (nord) majoritairement musulmans, les Igbo (sud-est) majoritairement chrétiens et les Yorouba (sud-ouest). La charia, la loi islamique, a été instaurée en 2000 dans douze Etats du Nord (sur 36 dans le pays), provoquant des violences entre chrétiens et musulmans. Indépendant du Royaume-Uni en 1960, le Nigeria connaît son premier coup d'Etat en janvier 1966. Le 30 mai 1967, le pays igbo (sud-est) fait sécession, déclenchant la guerre du Biafra qui fera en trois ans plus d'un million de morts, principalement de famine. Après des décennies de dictatures militaires, le Nigeria renoue avec la démocratie en 1999. Le président sortant Muhammadu Buhari, ancien général putschiste, est élu en 2015, lors de la première alternance démocratique du pays. Réélu en 2019, il ne brigue pas de troisième mandat, conformément à la Constitution. Parmi les trois principaux candidats, la compétition est serrée pour succéder au président sortant Muhammadu Buhari, 80 ans, au bilan jugé catastrophique. À «seulement» 61 ans, Peter Obi promet un «nouveau Nigeria», se posant en contre-modèle face aux vieux routiers de la politique Bola Ahmed Tinubu, 70 ans, candidat du parti au pouvoir (APC) et l'ancien vice-président Atiku Abubakar, 76 ans, du principal parti d'opposition (PDP). De quoi attirer les électeurs désabusés et les jeunes après huit années marquées par des crises successives et une insécurité aujourd'hui quasi généralisée. Des trois favoris, il est d'ailleurs le seul chrétien face à deux musulmans, ce qui pourrait lui rapporter des voix. Présents en politique depuis plus de trois décennies, ses deux principaux adversaires sont richissimes et controversés, accusés maintes fois de corruption sans jamais avoir été condamnés. Peter Obi est quant à lui cité dans les «Panama Papers», vaste scandale d'évasion fiscale, un fait largement méconnu au Nigeria. La rébellion du groupe jihadiste Boko Haram depuis 2009 dans le nord-est a fait 40000 morts et plus de deux millions de déplacés selon l'ONU. En 2014, le monde entier s'était ému de l'enlèvement de 276 lycéennes à Chibok. Plus de cent restent portées disparues. Né d'une scission avec Boko Haram en 2016, l'Iswap, affilié à l'organisation Etat islamique (EI), est devenu le groupe jihadiste dominant dans le nord-est. Ces dernières années, un nouveau front s'est ouvert: dans le nord-ouest et le centre, des gangs criminels, qui prospèrent sur les antagonismes entre éleveurs et agriculteurs, opèrent en toute impunité dans les zones rurales, attaquant des villages et pratiquant des enlèvements contre rançon. L'insécurité et les rapts de masse ont forcé les autorités à fermer depuis fin 2020 plus de 11000 écoles, contribuant à une forte hausse du nombre d'enfants déscolarisés (18,5 millions en 2022 dont 60% de filles), selon l'Unicef. Confronté au vol généralisé de pétrole brut, le Nigeria a momentanément perdu, au troisième trimestre 2022, sa place de premier producteur de pétrole d'Afrique au profit de l'Angola, avant de repasser en tête selon les derniers chiffres de l'Opep. Son budget 2023 prévoit une reprise de sa production à 1,69 million de barils de brut par jour, niveau inférieur au quota de 1,8 million de barils imparti par l'Organisation. La pandémie de Covid-19 a fait plonger l'économie du pays le plus peuplé d'Afrique en récession mi-2020, une première depuis quatre ans. Le Nigeria subit désormais les retombées de la guerre en Ukraine, avec notamment une inflation supérieure à 20%. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de 3,2% du PIB en 2023, après 3% en 2022. Le Nigeria est gangrené par la corruption, classé 154e sur 180 en la matière par Transparency International (2021). Entre pénuries et risques de violences, les Nigérians s'apprêtent donc à élire samedi le prochain président du pays lors d'un scrutin qui s'annonce tendu et dont l'issue reste incertaine. Pour la première fois depuis le retour à la démocratie en 1999, le Nigeria pourrait connaître une présidentielle à deux tours, alors que la popularité croissante d'un candidat outsider et une pénurie de billets de banque sont venues chambouler la campagne. À 80 ans, le président Muhammadu Buhari se retire après deux mandats marqués par une explosion de l'insécurité et de la pauvreté dans ce pays où 60% de la population a moins de 25 ans. Quelque 94 millions d'électeurs sont appelés dans 176000 bureaux de vote pour élire son successeur parmi 18 candidats, ainsi que des députés et sénateurs.