Les fédérations Ugta ont ouvert le feu sur les SGP, les qualifiant d'obstacles et hésitant par rapport à la hausse des salaires. Même si l'augmentation des salaires pour les travailleurs de la Fonction publique est jugée acquise, ceux du secteur économique risquent de ne pas voir, les quelques dinars de plus arriver. Lors d'une réunion des fédérations de l'Ugta, tenue hier à la Maison du peuple, celles-ci, du moins la plupart d'entre elles, ont ouvert le feu sur les Sociétés de gestion des participations (SGP), mettant en doute leur volonté de procéder à une hausse des salaires. Certaines conventions de branche, qui devront être signées pour donner naissance à une nouvelle fourchette salariale, sont bloquées, d'autres marchent à pas de tortue, tandis qu'une bonne partie est carrément renvoyée aux calendes grecques, faute d'une volonté concrète de la part des SGP, à en croire les représentants des fédérations de l'Ugta. Le représentant des travailleurs du secteur des travaux publics et de celui de l'hydraulique a fait savoir qu'il n'existe que deux commissions qui travaillent, tandis que deux autres, censées débattre des conventions de branche ne sont même pas installées. A l'origine du blocage, existe un «conflit avec le ministère de l'Habitat et celui des Ressources en eau». Pire encore pour ce qui est du secteur des cuir et textiles. Le représentant de la fédération a tiré la sonnette d'alarme, désapprouvant les responsables des SGP qui qualifient les conventions de branche d'une question secondaire. Travailleurs impayés depuis des mois: les banques refusent de financer les entreprises ayant un plan de charge, sociétés en difficulté avec, sur les épaules, 30.000 travailleurs et d'autres complètement mises sous scellés et une cagnotte de redressement évaluée à 4 milliards de dinars. Pour le syndicaliste représentant de cette fédération, il n'est même pas évident de discuter une convention de branche pour un secteur ruiné. Face à une telle situation, le patron de la Centrale syndicale n'a pas trouvé de mieux à dire que d'insister sur le volet relations de travail. Tandis que, d'après lui, les négociations salariales viendront en fonction des capacités de chaque secteur d'activité. Pour les travailleurs du tourisme, la SGP «ne montre aucune disposition à débattre d'une augmentation salariale», laisse entendre le représentant des travailleurs, négociant sous la casquette de l'Ugta. Pourtant, tous les documents comptables attestent que les sociétés sont bénéficiaires. Pis encore «les négociations entre les représentants de l'Ugta et la SGP du tourisme se font par intermédiaires». Les travailleurs exigent, entre autres réclamations, la définition des 10% du capital social pour les entreprises cédées ou privatisées, avançant, sans ambages, des détournements à coups de milliards. Pour ce qui est du secteur de la mécanique et de l'électronique, la situation est jugée catastrophique. Selon le délégué des employés, les discussions sur une revalorisation salariale s'avèrent être une véritable guerre psychologique. «Nous avons été intimidés et insultés par les SGP et Snvi pour avoir demandé une revalorisation salariale», fera-t-il savoir en s'adressant à Sidi Saïd. Lui emboîtant le pas, un syndicaliste du même secteur affirme aussi que la SGP était destinataire d'un document comportant les suggestions des travailleurs, mais aucune réponse n'est faite. «Au cours des négociations qui ont été abandonnées à maintes reprises, ils ne cessaient de qualifier nos propositions d'exagérées, mettant en avant des paramètres de calcul étrangers», explique à nouveau le syndicaliste. Le comble, d'après lui, le projet de la SGP/Snvi ne propose aucune augmentation. Pourtant, 80% des bilans du secteur de la mécanique sont positifs. Néanmoins, «les négociateurs représentant des SGP ne font pas avancer les choses, se constituant en lobby contre les compétences». Le représentant des salariés des secteurs du pétrole, gaz et chimie a carrément pris le taureau par les cornes en disant que le contrat sur les conventions de branche avec Sonatrach est renvoyé aux calendes grecques, car il existe une confusion entre la société et le ministère de tutelle. «Nous avons soumis des propositions, mais ils ont demandé une période de réflexion», a-t-on appris. Cela survient au moment où une augmentation des salaires est arrachée dans le cadre d'une convention de branche avec l'entreprise espagnole qui a repris Asmidal, affichée privatisable. S'agissant du domaine des matériaux de construction, les SGP, à en croire le syndicaliste, ont présenté des retraités pour débattre des conventions de branche. Les travailleurs ont exigé une enquête sur la gestion des entreprises et les responsables. Quant à l'enseignement supérieur et l'éducation, ceux-ci, en dépit de certains acquis, réclament des statuts particuliers pour les salariés des deux secteurs et le règlement d'autres problèmes liés à la contractualisation. Par ailleurs, dans d'autres secteurs, à l'instar de la communication, une augmentation de 30% est acquise pour l'Entv, 20% pour les travailleurs de la Radio et 20% aussi pour ceux de l'Anep (Agence nationale de publicité). Sidi Saïd est appelé à exercer un arbitrage et une intervention urgente auprès des SGP. Intervenant à la suite des réquisitoires prononcés, le patron de la Centrale syndicale affiche clairement sa position. La révision de la grille des salaires ne pourrait se faire sans avoir en main les conventions de branche. Celles-ci permettront d'avoir un aperçu sur les fourchettes salariales possibles pour décider ainsi une nouvelle grille des salaires. Une fois la nouvelle fourchette salariale décidée, l'Ugta, d'après lui, va s'attaquer aux statuts particuliers pour chaque catégorie. Les fédérations vont se réunir à nouveau le 26 du mois en cours afin de présenter leurs rapports et d'aller, selon Sidi Saïd, la tête reposée, en septembre à la tripartite.