Le plaidoyer, qui ne se réalisera, selon toute vraisemblance, qu'avec l'amorce effective de la dynamique de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), dont l'entrée en service en janvier 2021 a été contrariée et freinée par la conjoncture de la pandémie de Covid-19, conforte l'engagement de l'Algérie en faveur de ce nouvel acteur sur lequel va reposer visiblement l'intégration continentale dans un monde qui ne laisse pas de place aux économies fragiles. L'écosystème économique favorable pour cette intégration continentale passe nécessairement, selon des intervenants à la rencontre «Sada 2023», par la suppression des droits de douanes, une question qui sera sans doute débattue dans le cadre de la Zlecaf dont la création a été considérée par l'Algérie comme «une étape cruciale pour l'intégration continentale». Signé en mars 2018 à Kigali (Rwanda) et entré en vigueur en janvier 2021, l'accord de la Zone de libre-échange continentale africaine a été signé par 54 pays et ratifié par 44 pays. L'Algérie l'a ratifié officiellement en 2021 et s'est, depuis, déclarée prête à investir les marchés de cette zone de libre-échange, par l'ouverture de postes frontaliers terrestres, le lancement d'une ligne maritime avec la Mauritanie et de nouvelles lignes aériennes vers d'autres capitales africaines. Il y a eu aussi le renforcement de la présence des marchandises algériennes en Afrique de l'Ouest et la création de succursales de banques algériennes dans plusieurs pays de la région. La Zlecaf «favorisera la libre-circulation des personnes et des marchandises», a considéré, à l'occasion de «Sada2023», Salim Merah, président de la commission des affaires étrangères, de la coopération et de la communauté à l'Assemblée populaire nationale (APN). Pour ce dernier, il y a nécessité de «créer les conditions idoines à travers la suppression des droits de douane et la mise en place d'un tarif douanier unifié», estimant que l'activation de la Zlecaf permettra aux pays africains de réaliser l'intégration économique continentale. La Zlecaf, faut-il le noter, est un marché de plus de 1,3 milliard de personnes et un PIB combiné d'environ 2.500 milliards de dollars, alors que le taux de commerce inter-africain est estimé actuellement à près de 15%, ce qui est en dessous des attentes et des potentialités existantes. Une récente étude menée par la Banque mondiale (BM) a abouti à des conclusions très significatives qui mettent en avant ce que peut apporter la Zlecaf une fois activée. La Zlecaf entraînera, selon l'étude, une augmentation de 9% du taux de croissance en Afrique à l'horizon 2035, la création de 18 millions de postes d'emploi et la hausse des revenus à hauteur de 571 milliards Usd dans le continent. Pour l'Algérie, la réalisation de meilleures performances dans ce registre passe par la création d'un marché africain qui assure une libre circulation des marchandises entre les pays et l'instauration, par la suite, d'une union douanière et un groupe économique africain à l'horizon 2028 à même de concurrencer les autres blocs économiques internationaux. À la 9e réunion du Conseil des ministres chargés du Commerce dans la Zone de libre-échange continentale africaine, qui a eu lieu au mois de juillet 2022, à Accra, au Ghana, c'est la formule suggérée par l'Algérie qui a été retenue. Cette formule a proposé que le démantèlement se fera progressivement sur une durée de cinq ans pour 90% des tarifs douaniers dans le cadre des échanges interafricains, alors que la suppression de 7% des autres tarifs se fera sur une période de 10 ans. Les 3% restants, relatifs aux produits sensibles, ne seront pas soumis aux objectifs de démantèlement des barrières douanières. Ce qui est de nature à pousser l'Algérie à rendre ses produits compétitifs non seulement par rapport aux produits africains, mais aussi par rapport à tous les autres produits étrangers qui y sont commercialisés. À rappeler que le chef de l'Etat a annoncé, au mois de février, à l'occasion du dernier Sommet de l'UA sa décision de mobiliser le montant d'un milliard de dollars pour le financement de projets dans des pays africains.